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poésié - Page 126

  • ÇA CANARDE À BOULOGNE

    billancourt.gif

    Si casser des œufs pour une omelette
    n'est pas casser trois pattes à un canard
    ça demeure être vilain merle
    que tuer dans l’œuf une perle
    qui sait ? qui eût été douée pour l'art

    Pi que l'oiseau sur une branche
    mon pauvre, que tu es serin !
    de te croire à l'abri, serein
    dans ton bel habit du dimanche;
    ici, on plume le pigeon
    quand il porte chapeau-melon
    et ne sait pas trousser ses manches

    C'est pas en trouvant pie au nid
    qu'on évitera l'anarchie


    Oh là !
    Ton papier, ça déchire !
    C'est pour la gazette à venir ?

    Et pan !
    Dans son cul, la bourgeoise !
    Ah ça, j'aime quand ça dégoise !

    Ah, nom de nom !
    C'est quelque chose
    t'avoir avec nous pour la cause

    Tu penses !
    On n'est pas des aigles, hein...
    L'école on l'aura vue de loin

    Et tah ! et toc !
    Comment qu't'as dit...
    ... quand t'ça finit par "anarchie" ?

    Et rlaan !
    Dans son cul, la bourgeoise !
    Je t'en foutrai moi, des framboises

    Aux fraises
    qu'ell' peut toujours aller courir;
    on dira ce qu'on a à dire

    et la gazette
    elle irait se torcher avec
    ce serait qu'un bonheur de plus
    de la savoir dans son joufflu

    kollwitz_misere.jpgAh, mon colon...
    Adieu patron ! Adieu patronne !
    Y a pas que des cons à Boulogne.

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un défi du samedi

    Illustration ci-contre : Käthe KOLLWITZ
    (cliquer pour élargir)

    En-tête, grévistes à Billancourt, 1955.

    ci-dessous, poursuivre l'idée... ?

    ana_ban4.jpg

    UNE LUEUR DANS UN REGARD NOIR

  • Du bois dont on fait les hommes - bonade

    Une ample clarinette basse
    en boucle, dans ma tête passe
    enrubannée d'une voix lasse
    pauvrette, maigrelette
    et surgie de certaine classe

    Sa mélodie
    trompe l'ennui
    mais souligne mon vague à l'âme
    vibrant rallentado son drame
    s'y rapporte en écho

    C'est bientôt un long flot d'aigreurs
    qui vient écouler ses humeurs
    et la nuit en prend son content
    d'heures
    abruties de noirceurs

    Je l'ai voulu
    Je suis servi
    Pleure mon cœur monocorde
    au puits
    la rumeur qui déborde
    et fuit

    Mais le mélo
    sous son chapeau
    me réservait une surprise
    et de mon gris sourire aiguise
    le pli repris aux commissures
    me ravalant la devanture
    y affiche un air de bravade
    "je t'en fiche" c'est la parade
    et son hymne d'âpre saumure s'évade

    Saumure, poisse... peccadilles !
    tant qu'on n'a pas joué sa bille
    dans le concert des bacs à sable
    rien n'est écrit d'inexorable;
    Petit-Œil, Grand-Œil, tout est bon
    tant que l'homme est vert et garçon
    une partition reste à faire
    entre porcelaine, acier, verre...

    COUVRE-BEC.jpgSouffle sonore
    dis-moi encore
    puisque l'on fait des clarinettes
    du bois coupé à la machette
    du fer réchappé des prisons
    parle à l'homme et montre au garçon
    les chemins mêlés d'Harmonie;
    que de mon siège (en PoLésie)
    j'entende reculer la mort
    pour une nuit

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    -I've got that tune-

  • une baguette, siouplé

    Du bon pain blanc et des crachoirs


    Sermons, maximes et sentences
    savez-vous bien ce que j'en pense
    au moment d'entrer dans le four
    où la nuit durant cuit le jour
    pour en sortir, - le bon pain blanc !
    et faire honneur aux honnêt's gens ?


    Le bon pain blanc comme j'en goûte
    le craquant doré de la croûte
    éprouvée au point de faillir
    sous la pression de mon désir


    Le bon pain blanc comme j'en mange
    la chair d'inavouables mélanges
    passés au filtre paritaire
    de matrimoniales affaires


    Le bon pain blanc des honnêt's gens
    et tout son zèle
    sans excès de sel dedans
    sa ritournelle
    fête le grain tout bien moulu
    de nos misères révolues


    Et ça y va les ostensoirs
    de quoi en gaver mon crachoir
    de leçons plein jusqu'à ras bord;
    mais quoi ! vous en voulez encore ?


    Ah non ! Ah non ! merci pour moi
    j'en aurai des crises de foi
    le sang amer et pollué
    des hypocrisies magnifiées


    J'ai beau cracher au bassinet
    des vérités pas bonn's à dire
    (j'entends déjà Cassandre rire)
    un vent contraire s'y oppose
    et préfère qu'en toute chose
    le fond reste au fond inchangé


    Mais la révolte ? Mais le courage ?
    pas de quoi en faire un fromage ?
    mais quoi manger sur le pain blanc
    le bon pain blanc des honnêt's gens ?


    Des confitures bien amères !
    Des ravalements de bravades !
    Des contritions de galéjades !
    Et tout le respect de nos pairs
    qui nous rappellent de nous taire.


    Alors quoi ! bêtises ? aveuglette ?
    et pas trop cuite la baguette ?
    Et si je l'aime ce carbone,
    c'est la fessée que l'on me donne ?


    Je n'ai rien contre, à quatre pattes
    pour stimuler tes amours plates
    mais ne souffre de réprimande
    boulangerie.jpgqui n'offre rien qu'on n'y entende

    Et la nuit qui vient ne m'inspire
    que de rejoindre le délire
    de tous les chiens courant les rues
    pour y croquer la viande crue

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • élans multiples

    TABLÉES DE CINQ
    La preuve par neuf


    1x5

    J'aurai cinq ans demain pour la première fois
    amoureux fou d'un monde où tout naît de ta voix
    où le soleil et l'ombre espèrent ta venue
    pour en suivre la danse aux rythmes inconnus

    tu sens bon mes printemps, tu ris l'été sauvage
    les larmes de l'automne envieront ton courage
    à trouver à l'hiver des raisons d'embellir
    la porte fermée tôt et le marron à cuire

    le monde est une pomme à croquer sous la pluie
    avec le pain d'épice et le jus de groseille
    un carré de gazon qui jaunit au soleil

    je retourne au balcon un peu avant la nuit
    embrasser du regard le chaos des toitures
    je ne sais où tu vas dans cette autre voiture

    2x5

    Deux fois cinq disques
    par lot, chacun mon tour
    trente-trois, quarant'-cinq
    Piccolo... Aznavour
    et les anglo-saxons

    Soixante et dix-huit tours
    le fou-rire assuré
    la gigue, le délire
    Mozart assassiné
    à seize, les ogres molliront d'aise

    3x5

    Abandon des abandons
    Quoi ! tout ne serait donc
    qu'obscur exequatur
    discrète trahison
    dénégation de l'aventure
    et mensonge par omission ?

    Enfer et paillasson !
    au seuil du cabanon
    je n'ai pas quitté mes chaussures
    et... bon, marron, je suis marron
    le nez contre le mur
    perdu pour le Pardon

    Je fais d'introspections
    une littérature
    raccorde "Rigodon"
    - mauvaise foi des oraisons,
    le règne des compromissions
    me saigne, me ronge le fion

    4x5

    Vingt rouges
    Vins blancs
    Vains cœurs...
    Poudrières !

    On n'a pas tous les jours vingt dents
    pour mordre dans la chair
    et goûter le sang clair
    que le dragon géant
    a versé sur nos taire

    De grâce le fumeur s'efface
    où le poivrot falote
    mais l'ombre qui menace
    a présenté la note
    Un portier mal aimable
    se tient droit dans ses bottes
    impeccable et froid polyglotte
    " Vous mir be redevable
    nitchevo never insolvable
    someday tu paies le prix fort "

    On n'est jamais vraiment distrait de l'idée de sa mort

    5x5

    Je n'ai pas le cœur
    à maudire encore
    une démission

    J'ai d'autres trésors
    à tirer du fond

    6x5

    Faites "Aaah"
    Dites "33"
    C'est bon... vous êtes papa!

    7x5

    C'est tant de bonheurs
    multiples de cette
    ivresse du cœur
    qui monte à la tête

    Un bouquet de fleurs
    une chansonnette
    ses joies de fillette

    8x5

    Je lui ai suggéré
    "Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué"

    - Lis-le, si ça te tente
    (Ell' s'en fout comm' de l'an '40)

    9x5

    J'aurai bientôt cinq ans (pour la neuvième fois)
    ça ne me fait ni chaud ni froid
    sur ma galette de vinyle
    à mon tour, je tire le fil
    et révoque des voix
    le chambard qui parle de moi

     

    teppaz.jpg

     

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un impromptu littéraire - tiki#66

  • fémininale

    Une lumière au bout des yeux
    à pleines mains
    la mère
      avec la mer au sein
    la femme
      avec le rire large
    iris7ha6.JPGla fille
      avec son nom inscrit
      en rouge
      dans la marge

    continuité d'un genre
      ouvert comme l'iris
    où l'homme va d'où vient le fils

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK