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poésié - Page 120

  • alors

    Ah, l'or alors !
    mon doux sommeil
    au tien dissemblable, est pareil
    à la petite mort vermeil
    qui m'appesantit le corps
    plus sûrement que le soleil
    dehors, vivace
    écrasant l'ombre sur la place

    Alors, à l'or
    j'invente un signe
    à vue, la connivence digne
    de ce nom dont on fait grand cas
    pour mieux brandir à bout de bras
    l'histoire entière
    faite éphémère
    et brûlante comme ce tas
    de bois de chauffe
    qui me charpente pas à pas
    quand je vais au-devant de toi
    mon somme,
    avec en bouche un goût de pomme

    Pomme d'or et pommade orange
    mais alors à l'orée du songe
    qui me démange ?
    qui me ronge ?

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    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • vit de chien

    Mon chien promène
      de vide en vide
      sa queue humide
      sous son ventru

    Il a lancé un mot en l'air
    en a fait tomber une femme
    (je n'en fais pas un drame
    tout juste quelques vers)
    Voilà tout le mystère
    que lui envie mon âme

    Laisse en main, oui,
    mais - Tu m'entendes !
    si c'est lui qui commande
    autant boire le vin
    que répandent les seins
    de Gorgones en sarabande

    Règne canin
    va, suis le train
      de tes folles histoires
      aux plaisirs exutoires
    et souffre que j'aille le mien

    Car s'il est dit que j'ai du chien
    c'est pour la signature
    par quoi je clos mes aventures

    nik-ta-reum.gif
    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
  • des craies, pis

    Grise, maussade
    une ordonnance fade
    rappelle à leur humilité
    les rangées d'ardoise pointées
    sous les longs bâtiments de craie
    éminemment livide
    aux façades humides
    dont les porches sont, bouche bée
    surpris dans leur inanité
    craignant à mon passage
    que je n'en dise davantage

    (Il est bourgeoisement notoire
    - c'est-à-dire : secret,
    que les cours intérieures
    couvent d'un gros bonnet
    les ronflements du déshonneur
    par mesure conservatoire)

    Brèves passades
    aux brusques cavalcades
    pleuvent des amours inavouées
    à l'entour d'un fleuve hébété
    de tant de fièvres empressées
    de tant de bousculades
    au long des promenades
    où ne sont jamais à l'abri
    ni des "ceux-là", ni des "ceci,
    cela", tous les murmures
    que cimentent les devantures

    Hypocrisie,
    des bourgeoisies
    le bon pain blanc de sueur
    cautionnement
    des châtiments
    friands de sourdes douleurs

    Tristes parades
    ornée de dérobades
    moiteur à vos fronts couronnée
    par tout le malheur sanctifié
    coulant à vos lippes pincées
    voici votre prestance
    et de votre existence
    l'incommensurable vertu
    par quoi L'On ne vous pendra plus
    aux terribles enseignes,
    mais tire le tribut que L'On saigne

    Ru du Non-Dit
    baigné de pluies,
    tu grossis jusqu'au fleuve
    les ventres qui s'émeuvent
    de leur maigre usufruit
    au cou la craie blafarde
    épaule une Camarde
    moins franche que la nuit.

    le bon pain blanc de sueur

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • couleurs passagères

    Aux courbes de la Seine
    pareillement vert veine
    partageant les nervures d'un gris Paris
    me roucoule une peine
    villégiature ancienne
    où s'écoule et déroule ses plis
    le déclin d'un jour plein d'ennui

    Quoique fume la peau
    brune des marrons chauds
    je crains de me risquer dehors
    - il y sévit un froid de mort
    à la pâleur diamantifère;
    rien de ce décor n'est fait pour me plaire

    L'obscurité peste, aphone
    tandis que la moquent des taxis jaunes
    en toute impunité
    (ils ne font que passer)

    Pomme rouge et mitaines
    une sorcière a mis
    l'habit noir d'une haine
    incestueuse et meurtrie
    elle a quitté la plaine
    pour les bois interdits
    où logent de vilaines envies
    - c'est, du moins, ce que le vent dit

    À ton signal orange
    mon rêve, je me range
    et change mon regard intérieur
    pour le plus enfantin des plus simples bonheurs
    J'offrirai ce bouquet de plaisance
    à la première fleur qui m'inspire une danse

    Un bleu de méthylène épouse le velours
    à la frange d'un jour qui retrousse ses manches
    auprès du fleuve Amour, il baigne jusqu'aux hanches;
    il y fera sa cour aux ombres qui promènent

    Violette virulence, un pays saltésien
    tire sa révérence aux pieds du vieux mont chauve
    mais c'est de l'insolence, au fond, que tout ce mauve
    éclatant de jouvence et de rires badins

    Ah, si je m'attendais, tiens !
    à ce que me présente le matin.

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    pour un Défi du samedi [#94]
    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • À l’arrachée

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    J'ouvre tout grand le ciel
    pour y faire ta place
    couler un bain de miel
    dans tout cet infini
    avant que tout soit dit
    avant que tu ne passes

    J'en tire le surplus
    de rires superflus
    de larmes inutiles
    de paroles futiles
    avec les ongles nus
    de mes yeux affamés

    Je veux tout arracher

    de ses voiles dorés
    - tous ces pans de nuées
    sur sa béance vide
    où les derniers subsides
    affectés à l'averse
    affolés se dispersent
    perdus pour l'océan

    de cette aube sereine
    où migre un lot de fous
    au vol teinté de roux
    emprunté à nos plaines
    longeant le littoral
    aux franges abyssales
    qui se moquent du vent

    de son vieux mobilier
    que des dieux détrônés
    ont laissés à la hâte
    regagnant leurs pénates
    chez l'idiot domestique
    et sa vierge atavique
    et tout leur mauvais sang

    des brillances des astres
    que la nuit soit la nuit
    où plus rien ne s'encastre
    et qu'on n'y voie plus rien
    que cette nuit de chien
    au regard interdit
    cherchant son hurlement

    hurlerai à ta place
    s'il te manque des dents.

    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    à mon grand-père Eugène

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