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poésié - Page 111

  • logorrhée

    (Délit de verbiage)

    Pec30marasme.JPG

    Des logorrhées libératoires
    j'en ai des baquets plein la cour
    où trempent des bris de miroirs
    surnagent de vaines amours

    Ça fume un peu au crépuscule

    - vous choisirez : matin ou soir,
    tout :  le délit des tubercules
    le jus des yeux usés d'y voir

    le ciment boueux des paroles
    dont l'effritement s'agglomère
    avec les serments à la colle
    et les pitoyables prières

    J'en ai aussi pour mes humeurs
    et mes envies de gris sourire
    aux appétits enjoliveurs
    dispendieux et pince-sans-rire

    Ça ploppe, ça nauséabonde
    ça flatule des afflictions
    peinées que la Terre soit ronde
    et l'univers en expansion

    De regrets point, mais que de rages
    au goût de revanche avortée
    litanie des faibles courages
    l'enthousiasme procrastiné

    Dramaturgiques abreuvoirs
    sièges d'auréoles aveugles
    bouches bées crânes, cernes noirs
    qui ne pleurent plus ni ne beuglent

    Votre silence abasourdi
    soit le Cri de Munsch en suspens
    affligeant de catatonie
    l'aliénation du sentiment

    À vos stupeurs de gélatine
    viennent s'empêtrer les marasmes
    de vos capitales lettrines
    aux totalitaires fantasmes

    Ce trop plein d'aigreurs qui m'encombre
    la vue, la poitrine et le sang
    j'en régurgite la part d'ombre
    au comble de l'écœurement

    D’un baquet l’autre, mes crachats
    curent mon esprit saturé
    de gras et pompeux postulats
    m’exonèrent d’une saignée

    À mon tour de verser des fleuves
    jusqu'aux chimers océantiques
    pour faire à l'Aujourd'hui peau neuve
    et manifeste poLétique

    Je sais comme la Terre est plate
    - sinon, quels sauts dans l'inconnu ?
    Adieu, Corbeau ! Siffle, mainate
    le ciel à la jupe fendue

    J’écoute le chant du vivant
    bruire son ample symphonie
    de la fourmi à l’ouragan
    sur le bourdon des tectonies

    Je bois des pluies de météores
    les brandons perdus pour l’enfer
    leur cuivre est plus propre que l'or
    à nous apporter la lumière.

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#76.

    Illustration : Jacques PECLERS, dit Pec (1930-2000)
    Toile "avortée", initialement intitulée Marasme.

  • printaniais

    printemps.jpgÀ vos extases printanières !
    gentils essieux, molles palmes
    qui dandinez, la mine altière
    et la servitude portable

    Ce teint carotte-Grand Marnier
    qui fait injure à vos cravates
    c'est peu de dire comme il sied
    mieux à vos raideurs acrobates

    Voyez le juteux paradoxe :
    à la cloche de l'équinoxe
    vous quittez vite vos écharpes
    tirez les housses de vos harpes
    cuivres, pianolas et fauteuils
    quand tout le ciel porte le deuil
    des fumées droites
    et des diamantaires gelées
    sur nos pénates

    Hiver est mort,
    voyez-vous ça !
    Hiver est mort,
    alléluias...

    C'est ça ! raillez, la goutte au nez, l'ample mouchoir
    et circulez en paréo dans les couloirs ;
    l'armoire lâche encore un peu
    de ses linges libidineux
    et vous paraderez comme larrons en foire

    Et ça bourgeonne, les cancans à la cantine
    Ça bourdonne, les coups de sang aux étamines
    La main gauloise et baladeuse
    trouve la bourgeoise rieuse
    - ah, l'échange de l'agrafeuse et du cod'pin !

    Et toujours pas plus de saisons chez l'épicier
    que chez le traiteur ni le voisin de palier
    - ce, malgré la chemise à fleurs
    la sandale et le débardeur

    Bon, je fais quoi, moi, avec mon paquet de gris ?
    Je le laisse ou le mène voir le Tout Paris ?
    J'y colle une poste restante ?
    Le laisse couver sous la tente ?
    (il en est, canal Saint Martin
    qu'on a dressées... pas pour les chiens !)

    J'en fais quoi de tout ce brouillard anachronique ?
    Au marais, un nuage de poudre artistique ?
    le solo pleureux, l'œil de chat
    le long point d'orgue qu'opéra
    le lent défilé des soupirs...
    qui voudra m'entendre les dire ?

    L'heure est au triomphe solaire
    aux évidences maximales
    au relâchement maxillaire
    des béatitudes vénales

    C'est le printemps - qu'on se le dise
    aurait pu m'égayer un peu
    n'était le souffle de bêtise
    allègre à ce front vaniteux

    C'est le printemps ; c'est entendu...
    Chargez, pollens et graminées !
    L'air est une affaire conclue
    pour toutes les pharmacopées

    C'est le printemps ! Je l'aurai dit
    trois fois de trop dans ce poème
    - pauvre magnitudo parvi !
    où je n'écris pas ce que j'aime.

    FLOCH-JP_EXTASE.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Illustration : sculpture de J.P. FLOCH, artisite québecquois ; bronze, Extase.

  • ballon rouge

    Val_ballon.jpg

    Le ballon rouge
    vole parmi les songes ;
    d'un pas l'autre s'allonge
    - où rien d'autre ne bouge
    (pas plus que les éponges
    au fond de la Mer Noire)
    que l'enfantin espoir
    de repeindre le monde,
    de sous la paille blonde
    un sourire sans fard.

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour "Parti..." une photographie de
    Val Tilu.

  • berceuses

    BERCEUSE.JPG

    Il y a des berceuses
    qui vous font les yeux doux
    des baisers sur la joue
    et vous laissent, rêveuse
    la nuit qui s'amadoue

    Il y a des histoires

    qui vous disent le temps
    où naquirent les vents
    déchirant au ciel noir
    la cape des géants

    Il y a des caresses

    qui s'emparent du froid
    et du bout de leurs doigts
    n'auront jamais de cesse
    d'en faire un feu de joie

    Et puis, il y a l'absence

    sourde et muette distance
    et le besoin d'aimer
    qui se fait désirer

    Il y a des berceuses

    Il y a des histoires
    Il y a des caresses
    et moi qui veux te voir

    3berceuses.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • la plinthe

    WALL42.JPG

    La mère est une bouche avec les jambes sous les seins
    Elle vit seule en couche et mange ses enfants
    Le père meurt encore avec les autres pour les siens
    Les œufs de feu du ciel m'assènent ses louanges

    - mama loves her baby and daddy loves you too

    Les tigres sont lâchés ; ailleurs tombent les murs

    Ici, chaque mot apporte sa brique
    Je couvre mon carnet de mes pauvres coliques
    Je crains l'école et ses paroles dures
    - and the sea may look warm to you, babe, and the sky made of blue


    La mère est une cour avec un juge à chaque main

    Elle caresse un mort, aux bras le dernier né
    Les reliques d'un rire emboîtent son petit train-train
    La voix définitive, elle a tranché
    - the silent reproach of a million tear-stained eyes


    Dans son ordre inversé, le Maître lui ressemble

    Il arrache au carnet mes pages noires
    Des tigres de papier feulent dans les couloirs
    A mon bras décharné, l'aiguille tremble
    - don't be surprised when a crack in the ice appears under your feet

    Ma caverne est un mur où dansent, bacchanale

    à l'assaut de fêlures ornementales

    les sombres réjouissances
    les jeunesses flouées
    la fin des résistances
    la bave des ainés
    dans la lumière crue
    d'un Chaos résolu
    à marcher sur le Rêve
    à pas forcé
    sans trêve, sans pitié
    - how should I complete the wall?

    Me voilà dos au mur

    attendant ma piqûre de rappel
    - à l'ordre ? au rituel ?
    et je sens qu'on me hisse
    Sous moi, le monde glisse une porte
    la tentation est forte d'y passer un adieu
    - a distant ship smokes on the horizon

    Je gagne le sommet

    J'entends une scansion, ritournelle
    - Ooh ma! Ooh pa! the show must go on

    Serait-ce ma famille

    ce vil rang de chenilles
    grouillant alignement longeant la plinthe ?
    Ruée processionnaire
    ton pas bien accordé
    aux accents unifiés
    d’un chant immunitaire
    lézarde sur le mur
    la brique la plus dure
    où naguère ma mère
    au fur et à mesure
    de son besoin d’avoir la main mise sur tout
    aimait limer en pointe
    ses ongles de saindoux
    comme on boit de l’absinthe
    Femme, d’entre les fous, complainte !
    - Worm, Your Honour, let me take him home

    Surgit un arc-en-ciel avec ses jambes sur la ville

    De sa bouche infantile, il gobe les fumées
    Je me redresse alors debout sur les tessons de tuile
    La foule s’éparpille sous mes pieds
    - I sentence you to be exposed before your peers

    À bas, le mur !

     

    Wall-side.JPG

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    d'après Pink Floyd THE WALL
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#75.

     

    WallCrossedHammers.jpg