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grin

  • printaniais

    printemps.jpgÀ vos extases printanières !
    gentils essieux, molles palmes
    qui dandinez, la mine altière
    et la servitude portable

    Ce teint carotte-Grand Marnier
    qui fait injure à vos cravates
    c'est peu de dire comme il sied
    mieux à vos raideurs acrobates

    Voyez le juteux paradoxe :
    à la cloche de l'équinoxe
    vous quittez vite vos écharpes
    tirez les housses de vos harpes
    cuivres, pianolas et fauteuils
    quand tout le ciel porte le deuil
    des fumées droites
    et des diamantaires gelées
    sur nos pénates

    Hiver est mort,
    voyez-vous ça !
    Hiver est mort,
    alléluias...

    C'est ça ! raillez, la goutte au nez, l'ample mouchoir
    et circulez en paréo dans les couloirs ;
    l'armoire lâche encore un peu
    de ses linges libidineux
    et vous paraderez comme larrons en foire

    Et ça bourgeonne, les cancans à la cantine
    Ça bourdonne, les coups de sang aux étamines
    La main gauloise et baladeuse
    trouve la bourgeoise rieuse
    - ah, l'échange de l'agrafeuse et du cod'pin !

    Et toujours pas plus de saisons chez l'épicier
    que chez le traiteur ni le voisin de palier
    - ce, malgré la chemise à fleurs
    la sandale et le débardeur

    Bon, je fais quoi, moi, avec mon paquet de gris ?
    Je le laisse ou le mène voir le Tout Paris ?
    J'y colle une poste restante ?
    Le laisse couver sous la tente ?
    (il en est, canal Saint Martin
    qu'on a dressées... pas pour les chiens !)

    J'en fais quoi de tout ce brouillard anachronique ?
    Au marais, un nuage de poudre artistique ?
    le solo pleureux, l'œil de chat
    le long point d'orgue qu'opéra
    le lent défilé des soupirs...
    qui voudra m'entendre les dire ?

    L'heure est au triomphe solaire
    aux évidences maximales
    au relâchement maxillaire
    des béatitudes vénales

    C'est le printemps - qu'on se le dise
    aurait pu m'égayer un peu
    n'était le souffle de bêtise
    allègre à ce front vaniteux

    C'est le printemps ; c'est entendu...
    Chargez, pollens et graminées !
    L'air est une affaire conclue
    pour toutes les pharmacopées

    C'est le printemps ! Je l'aurai dit
    trois fois de trop dans ce poème
    - pauvre magnitudo parvi !
    où je n'écris pas ce que j'aime.

    FLOCH-JP_EXTASE.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Illustration : sculpture de J.P. FLOCH, artisite québecquois ; bronze, Extase.

  • passes

    Où passe
      tout et tout ce que j'en oublie

    s'entassent
      les mots que je n'aurai pas dits
      et ceux que je n'aurais pas dû
      l'autre que je n'avais pas vue
      et dont je me croyais épris
      ainsi
      des chairs dont je m'étais saisi
      le nom que je n'ai jamais su

    hélas !
      faut-il que l'on soit dégueulasse,
      ma vie ?

    Cagasse !
      quand au bout de la nuit du bout de mes godasses
      luit, s'enfile ou passe
      au puits chéri des "pile ou face"
      mon prochain hallali

    Mélasse
      en cuillerée de fruits confits
      tous mes réveils inassouvis
      tartinent, pugnaces
      leurs chapelets de guerres lasses
      pétries
      d' « il eût fallu que tu capitulasses »

    Et puis j'en passe et j'en oublie
    et ça grossit d'autant la masse
    au fond du puits ;
    j'en ai la carcasse alourdie
    et l'aujourd'hui pris dans la nasse
    où marinent les apathies
    d'hiers que je n'ai pas finis

    Bien le bonjour, miss Upperclass...
      Irons-nous mêler nos ennuis ?
      Voulez-vous palace ou paillasse ?
    - cette nuit !

    ...paire de valets ...brelan d'as ?
    Alors, c'est dit

     

    brelan.jpg

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • présentations à la vierge

    Voici, putain ! l'heure qu'on dit sereine
    où l'on a tout paré pour jouer sa semaine
    les arbres sont rangés le long du boulevard
    les volets refermés disent qu'il est trop tard
    aux amis impromptus qui sonneront en vain
    et le lit pue du cul où dorment les gamins
    qui ont fait leur devoir en ne nous disant rien

    Voici, salope ! le moment de te prendre
    puisqu'il n'est de plaisir, au vrai, que de t'entendre
    dire "ah oui", "ah non", "ah, ça encore" et chanter
    de ta petite mort les termes mesurés
    bourgeoise qui s'enivre de se croire folle
    en étant si lascive qu'une praire molle
    ne s'offusquant pas même que je ne décolle

    Voici, carnage ! l'instant des appétits
    où n'est plus que la rage, ivre, pure, étourdie
    d'être sans compromis inclination des sens
    chorégie, peinture même, essence,
    à cru montant la chair, hurlant comme un orage
    déverse sa furie sur les âmes sans âges
    et ne craint pas qu'on vienne en demander dommage

    ◊◊◊

    Voici, lumière, ta seconde rendue
    à son éternité d'éternités repues
    il y vogue des âges l'or, la pierre à feu
    la course du Centaure après son lot de dieux
    la main qui fait la chose et la chose qui passe
    de la tienne à la mienne à une autre et se casse
    et se brisant me dit d'une autre vague lasse
    l'éclat fugace

    ◊◊◊

    - Voici, le torchon ?
    - Merci, non.

    ◊◊◊

    Voici le calme bleu et gris
    de l'océan et son roulis
    quelque histoire y peut naître encore
    un dieu attend qu'on l'y adore
    un monstre y préside au banquet
    un astre y ploie sa destinée
    encrier.jpg

    une tempête s'y fait belle
    des vents y soufflent ritournelle
    tandis que de mon pas je longe
    la rive grise de ces songes

    ◊◊◊

    Et voici ta virginité, comme je l'aime
    gribouillées de poLèmes
    page d'aube.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK