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photographie - Page 6

  • La chambre de l'oubli

    Une pièce encombrée de choses disparates
    qu'harmonise de bruns le déclin d'un long soir
    Des cadres s'y renvoient des reflets d'acétate
    dans un plan rigoureux au jeu aléatoire
    où des sujets connus aiment traîner savate
    par les lignes de fuite aiguillant les contours
    et d'autres, plus récents, préfèrent jouer petit
    (aurais-je enfin trouvé dans ta photo jaunie
     la chambre de l'oubli où figer mon parcours ?)

    Angles et arrondis se font des politesses
    pour s'offrir un abyme à mettre en perspective
    avec la porte ouverte à ces délicatesses
    que figurent l'arrêt d'une danse lascive
    l'ivoirin velouté à l'intime souplesse
    le brumeux dégradé d'une fatale errance
    la courbe résignée dans sa pose immuable
    la poussière imitant le grammage du sable
    et le pli d'un cheveu accordant ses brillances

    Le regard éperdu s'amourache d'un rien
    balle folle aux rebonds qu'orchestre le hasard
    pour la chromaturgie de l'empan rétinien
    passe d'une vision à l'autre, puis s'empare
    d'un rayon lumineux, d'une ombre et s'en revient
    prendre plus largement mesure de l'ensemble
    que la vie occupée à ses débordements
    quelque part à l'entour reste un oubli béant
    tant que l'œil à l'affût est à ce qui lui semble

    gaëna da sylva

    (aperçu d'un clic)

    tiniak ©2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré par une photographie de Gaëna Da Sylva
    "L'exposée..." extraite de sa >CHAMBRE NOIRE<

     

  • Juliette sans abri

     

    412680842.jpg

    Pauvrette
    la chanson que tu as en tête s'articule
    sur l'axe fatigué des tes nœuds et rotules
    où s'arriment
    tes membres décharnés par le manque d'estime
    chacun d'eux si inversement proportionné
    aux plis sous le manteau de ta chair boudinée
    qu'il te pèse
    - quand à leur approche des autres les yeux biaisent
      ton regard,
    de charrier sur le boulevard

    Pas à pas, sombre silhouette
    la chanson que tu as en tête
    défigure
      les rideaux d'aciers tirés sur les devantures
      les néons morts, les chats trop sales
      les taches sur la neige pâle
      les guéridons les pieds en l'air
      et le chien-chien à sa mémère
      qui pisse un coup
      pendant que l'autre pigne et peste à l'autre bout
      "Comme en '40 !"
    Déjà tu plonges ta dérive vers l'Atlante...

    "Oh, marin ! Marin...
      tu soupires
    "Marin ! Marin ! reviens me dire
    "les parfums que l'or dans l'azur
    "agite par les ouvertures
    "Oui, celles qui donnent en plein
    "sur l'océan qui te retient
    "et te respire
    "quand j'ai, le ventre dans les mains
    "rempli de rêves à venir,
    "besoin de rire"
     

    Adieu, vent mauvais, dents qui claquent
    et toute la carne patraque
    La chanson que tu as en tête
    fredonne ton nom : Juliette.

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    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

    Illustration et médaillon :
    "Hiver..."
    © 2008 Gaëna da Sylva, photographies

  • passade

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    La chair compacte et contractée
    parcourue de gris et d'oranges
    où la nuit trempe ses phalanges
    la ville faux-bourdonne
    une ardoise après l'autre entonne
    l'hymne grave et surnaturel
    d'un soupir échappé du ciel

    Flottille au fil de ses nervures
    une marée automatique
    véhicule sa mécanique
    et sourde, aveugle presque
    - jugerez : superbe ou grotesque,

    enchaîne à bon train anguillules
    et lumineuses mandibules

    « - Pardon, que faites-vous dehors,
    ce chien bavant sur vos chaussures ?
    Il me semble qu'à cette allure,
    vous n'êtes pas couché, encore ! »

    « - Je pratique une discipline
    antique - si ce n'est plus vieille,
    tandis que la ville sommeille,
    je m'apaise la mélanine. »

    C'est ça, passons... par la fenêtre ?
    Un œil, alors... pas tout l'entier !
    Quoique après tout, vous me tentiez
    Oui, vous... à l'instant même
    Noble Cœur aux prompts anathèmes ;
    comme au tableau une ombre passe
    pâlit, déjà sotte, menace

    Il en reste bien quelque chose
    Est-ce du gris ou de l'orange ?

    Mais mon chien n'a pas eu sa dose
    Je vois que la queue lui démange

    Et les oiseaux en embuscade
    relanceront tôt la parade

    Allons, marcher !
    Et reprendre le vers où on l'avait laissé.

     

    G_PAN02.JPG

    tiniak - Ruades © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Illustration : fragments d'une photographie de Gaëna,
    que vous trouverez dans son entier, par là, jusqu'à
    "La Duchesse D'Aiguillon"
    © 2007 Gaëna da Sylva, photographies

  • La robe de Louise

    pour un meilleur aperçu ?Elle aurait voulu se marier, peut-être avec le vent
    peut-être avec le temps
    dans une belle robe

    dans laquelle elle aurait été comme une friandise
    qui froufroute, qui frise
    au bord d'un lac aimant

    sur lequel elle aurait marché vers son rêve, toujours
    que fraîcheur et velours
    lui caressent l'entrain

    qu'elle aurait voulu destiner au désordre absolu
    qui l'eût épousée nue
    sous les plis de sa robe

    de marquise
    offrant sa main à qui l’aura conquise
    en ayant deviné qu’elle se nommait Louise

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Inspiré d'une photographie de Louise Markise

    Naa du! Spassvogel...

    découvrez les photographies de Louise sur FB

     

    Découvrez la playlist #grow avec PJ Harvey

     

  • Sainte Nitouche

    Louise Markise, photographe

    Elle aura pris son bain à même l'herbe chaude
    pour sentir aussi bon qu'un rêve campagnard
    Moi, je serai sorti de la douche en retard
    apprivoisant en vain l'épi qui me taraude
    et m'agace la main

    Elle demandera "quel est ton saint patron ?"
    Et voilà, catastrophe ! aura grillé la mèche...
    Je dirai "désolé (oui, faisant de la lèche)
    mais je n'aurais souhaité attacher à mon nom
    que le vôtre, Beauté !"

    Alors tout sera dit... ou bien, nous nous tairons
    car nous aurons souri au-delà des nuisances
    et nous serons trouvés en commune appétance
    moi, lui prenant la taille, elle, un regard profond
    Et allez, vaill' que vaille !

    Quand nous aurons repeint tous nos calendriers
    ayant trempé nos doigts à l'encre rouge fruit
    d'un jour laissé pour mort à l'horizon détruit
    nous allierons nos corps et leurs noms oubliés
    le cœur et l'esprit ceints


    tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : d'après une photo de Louise Marquise

    pour un Impromptu Littéraire - tiki #88