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alizou

  • Avide, grand vent

    Je me suis pris un vent...! Il me restait en tête
    En tête et entêtant, soufflant mes amulettes

    Nul endroit où tenir une pensée légère...
    Ça volait dans les coins, à ruiner le décor
    ça, dès potron-minet, brumeux, en fin d'hiver
    à jurer ses vains dieux sans rien lâcher dehors

    Ah si, tiens : une, alors, me fait cette amitié
    d'amarrer son printemps à mon regard perdu
    Je savoure, à présent, de passer à son guet
    flanqué des deux amours qui ne m'ont pas déçu

    Les deux seules ! Mes filles...
    pour qui j'aime à lisser la paix qui me rhabille

     

    poésie,amours filiales,alizou,Den Signol

    tiniak ©2016 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • L'enchantier

    Quoi d'autre ? Je ne sais rien faire sans parti
    À la prochaine pluie, peut-être... Va savoir...
    Le ciel peut basculer sans prendre mon avis
    je m'emploie chaque jour à repriser le soir
    les veines fatiguées de son vieux rocher gris

    Car le séjour est loin, et chaque heure qui tombe
    avale nos destins, voués à la becquée
    Je m'invite au festin, orgueilleux et plumé
    ainsi qu'il sied, au vrai, aux sincères colombes
    et vais gagner mon pain, sous l'orage et ses trombes

    Je fouille, à mon chantier, plus bas, l'Île aux Grenouilles
    Dans son rire ombragé, profonde et généreuse
    monte une mélodie aux notes argileuses
    Le regard entendu, y trempent nos dépouilles

    Tous nos papiers pliés narguant les cathédrales
    nos songes invités par un chant quotidien
    les lunes adoucies par nos Petites Mains
    et nos jeux négociés au cirque théâtral

    C'est là qu'est le métier, cette récréation
    d'ouvrages séculiers, mais riches, mais propices
    que tu m'as compliqués, Délocalisation !
    qui frappes ta monnaie du sceau des Catharsis
    réclamant à la source un taux d'imposition
    qu'il faut payer, content d'être dans la Maison !
    au guichet de Jocrisse...Et puis quoi ? Allons, donc...

    Je recompte mes bras, il en manque un millier...
    Deux n'y suffiront pas pour me les rattacher
    mais, sûr qu'à embrasser, je suis dur à la peine
    Je saurai m'en coller un pour chaque semaine
    et garder celui-là, bien dressé, pour ta chienne
    Pugnace !
    et prompt à oublier tes sordides menaces

    Je vais, nu sous ma blouse, exilé volontaire
    Malgré la terre en tiers qui veut que j'en découse
    la Seule, que j'épouse, est ma cause de pair
    et n'en fais pas mystère aujourd'hui, j'ai le blues

    Outils à la ceinture et les ongles gantés
    je creuse mon chantier pour y trouver des billes
    J'aurai la main heureuse, vous verrez, Les Filles !
    Chocolat ! Religieuse ! Eh, comme vos yeux brillent...

    Qu'on m'apporte à siffler des cuisses de grenouilles
    il n'est rien de si loin qui vaille un bon goûter
    Le reste, c'est tambouille !

    Voici qu'au ciel paraît - me semble; un nouvel œuf
    Je quitte le chantier, c'est l'usage, après tout
    Je suis couvert, debout, par un sentiment neuf

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    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

  • voyage retour

    Vous partez chaque fois moins loin qu'il ne m'en coûte
    mes "vois", mes "dois" - de fait, mes semblables sommeils;
    et ne me revenez qu'au prix de longues routes
    sans pluie rafraîchissant le bain d'aucun soleil

    Où lisez-vous nos joies, tandis qu'un vent soulève
    une mèche bouclée, une feuille après l'autre ?
    Y verrai-je moi-même où se logent vos rêves ?
    Quand l'air évangélise un parfum, c'est le vôtre...

    Y sera-tu jamais résignée, ma Chanson ?
    Le théâtre du temps ignore la distance
    La clepsydre égouttant le plus humble micron
    a l'élasticité des degrés de l'absence

    Au moment de partir et de nous séparer
    sommes-nous les jouets d'invisibles enfants
    dont le jeu favori, pour mieux nous éprouver
    étale entre nos pions des gouffres océans ?

    Grappillons quelques points en nous faisant des signes
    Adaptons la partie à nos propres enjeux
    De règles sans élan faisons bouger les lignes
    et gagnons du terrain sur nos intimes lieux

    Entourons nos paquets du papier rose et gris
    dont nos rires lissaient tous nos projets de fête
    À l'aile d'un vent doux sur la vague et son pli
    calmons de nos poitrines les chants à tue-tête

    Revigorons-nous l'âme au brûlant élixir
    que c'est de se suffire et de s'en assurer
    quelle que soit l'époque en notre pré carré
    puisons notre content aux rus du souvenir

    Et le flux gratifiant de nos vitalités
    mettra sur l'écheveau, mieux qu'un cent d'albumine
    le tissu musculeux de nos chairs en famine
    qui se paiera de mine et de rien à branler

    Tatata, l'Avant-Toute ! Allons machine arrière;
    le regard pas moins fier sous le front économe...
    Malbrough s'en va ? Tant guerre, et la folie des hommes !
    C'est assez que mes bras couvent deux éphémères

    Outre qu'il faille encore oublier la distance
    il reste tout ce temps à presser comme un fruit
    Mêlant à nos hiers le vibrant aujourd'hui
    gorgeons nos appétits d'attentive présence

    Univoque avanie des noblesses de sang :
    un tien vaut mieux que dieu, quand c'est tout l'or du monde
    D'un regard amoureux s'abroge la faconde
    (où l'ordre dynastique émarge à son néant)

    Raison ni prophétie à l'instant n'ont plus cours
    alizouJ'aime trop de la vie l'accord exponentiel
    qui me démultiplie en feux unis vers celles
    dont j'écoute, la nuit, les filiales amours

     

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK


  • auguste barnum

    Une barque feule à deux voix sur le canal
    un chant d'amours désespérées, d'un autre siècle
    Le ciel, déçu, frotte les toits de son couvercle
    pour se gratter des pelures sentimentales

    Le cirque bien connu replie son chapiteau
    pour le porter ailleurs où manque le spectacle
    des petits bonheurs attendus et leur débâcle
    qu'applaudiront les rires niais des angelots

    Le tout payé du triste solde hebdomadaire
    les mains rentreront chatouiller les poches vides
    longeant le fleuve mou et sa lente clepsydre
    songeant peut-être à d'exotiques dromadaires

    Plus tard, les yeux compris entre ses deux seins lourds
    le regard amorti de strass et de paillettes
    Monsieur, dans l'abri sûr de Madame S'en-tête
    - ce verrat chevauchant ! lui dira son débours

    Moi, l'aube reparue sur le terrain désert
    je tirerai des clous du sol, en fredonnant
    ma dernière grisaille et me remémorant
    le froid que j'ai connu d'avoir aimé, naguère

    Une Parque sans voix, un domaine abyssal
    qui chantait sa partie - à qui j'ai dit « je t'aime »
    et qui n'entendait rien, sur le fleuve bohème
    qu'à peine le vent nu, sur ses ridules sales

    Alors, le rouge né à mes joues ravacholes
    je promène le nom que me donne mes filles
    et nous irons, ce soir, vibrer aux peccadilles
    du grand chapiteau cru aux fantasques écoles

    Et ce sera bonheur d'avoir, à mes côtés
    l'une et l'autre riant, chantant l'hymne sauvage
    d'avoir dompté le temps pour le seul avantage
    d'être, en l'état, l'amour et l'instant partagé

    Et le fleuve rigole, et le matin sourit
    Deux astres dans les bras, j'ai tiré le rideau
    que leurs projets de joie ne soient pas sans écho
    mais se créent, à leur tour, une pure magie

    youpiBon, je n'ai pas su faire - et n'en suis pas moins homme
    amoureux, pas peu fier, d'avoir entre les bras
    deux galaxies dormant sur mes vieux reliquats
    tandis que, par les rues, s'anime le barnum

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Poucet mort

    Gaëna da Sylva, photographe

    N'est-ce pas ? N'est-ce pas... Tu l'as mangé, mon cœur
    poêlé, aller-retour, et aux petits oignons
    Tu l'auras cuisiné sur une noix de beurre
    sobrement épicé, entouré de lardons
    avec, pour agrément, persil, pommes-vapeur
    et, au dernier moment, une pincée de selles

    N'est-ce pas ? N'est-ce pas... Tu me l'as arraché
    tandis que je dormais dans un pli de ton bras
    le songe appesanti sur ton corps parfumé
    assommé de content - peut-être mort, déjà !
    ayant livré aux draps nos fastes crudités
    dans un inénarrable et vorace festin

    N'est-ce pas ? N'est-ce pas que tu m'as accueilli
    au plus fort de la nuit, guidé par ta lueur
    Tu m'ouvris la demeure où n'étais plus celui
    parti chasser, d'instinct, pour ses viles ardeurs
    la chair incompatible, avec tant d'appétit !
    J'étais venu, marri, perdu et affamé...

    N'est-ce pas ? N'est-ce pas que que tu montrais mon but
    puisque j'étais enfant, courant son devenir
    bardé d'une fratrie trop jeune pour la lutte
    et qui me reprochait de ne savoir grandir
    plus haut que les parois qui nous semblaient abruptes
    et ne préfiguraient qu'un terrible abandon

    N'est-ce pas ? N'est-ce pas que je suis dans ton sein
    puisque tu m'as mangé, mon ogresse anonyme
    lumiere_018psyche1.gifJe n'en ai pas souffert; au contraire, il me vient
    à l'idée que c'était, d'impérieux paradigme
    une nécessité d'arriver à ce point
    où l'enfance prend fin, par une autre naît sens

    Les bottes sur le seuil de mon nouvel endroit
    comme un acte de foi, témoigner de ce deuil
    qu'il m'aura fallu faire; et, pour alarme à l’œil
    la science de ces nuits hantées par mes abois
    quand se vidait mon sang vainement sur la terre
    de Lumière et de Vie, aujourd'hui être père

     

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration d'en-tête : Gaëna da Sylva.