Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

>imPrOmpTus - Page 54

  • logorrhée

    (Délit de verbiage)

    Pec30marasme.JPG

    Des logorrhées libératoires
    j'en ai des baquets plein la cour
    où trempent des bris de miroirs
    surnagent de vaines amours

    Ça fume un peu au crépuscule

    - vous choisirez : matin ou soir,
    tout :  le délit des tubercules
    le jus des yeux usés d'y voir

    le ciment boueux des paroles
    dont l'effritement s'agglomère
    avec les serments à la colle
    et les pitoyables prières

    J'en ai aussi pour mes humeurs
    et mes envies de gris sourire
    aux appétits enjoliveurs
    dispendieux et pince-sans-rire

    Ça ploppe, ça nauséabonde
    ça flatule des afflictions
    peinées que la Terre soit ronde
    et l'univers en expansion

    De regrets point, mais que de rages
    au goût de revanche avortée
    litanie des faibles courages
    l'enthousiasme procrastiné

    Dramaturgiques abreuvoirs
    sièges d'auréoles aveugles
    bouches bées crânes, cernes noirs
    qui ne pleurent plus ni ne beuglent

    Votre silence abasourdi
    soit le Cri de Munsch en suspens
    affligeant de catatonie
    l'aliénation du sentiment

    À vos stupeurs de gélatine
    viennent s'empêtrer les marasmes
    de vos capitales lettrines
    aux totalitaires fantasmes

    Ce trop plein d'aigreurs qui m'encombre
    la vue, la poitrine et le sang
    j'en régurgite la part d'ombre
    au comble de l'écœurement

    D’un baquet l’autre, mes crachats
    curent mon esprit saturé
    de gras et pompeux postulats
    m’exonèrent d’une saignée

    À mon tour de verser des fleuves
    jusqu'aux chimers océantiques
    pour faire à l'Aujourd'hui peau neuve
    et manifeste poLétique

    Je sais comme la Terre est plate
    - sinon, quels sauts dans l'inconnu ?
    Adieu, Corbeau ! Siffle, mainate
    le ciel à la jupe fendue

    J’écoute le chant du vivant
    bruire son ample symphonie
    de la fourmi à l’ouragan
    sur le bourdon des tectonies

    Je bois des pluies de météores
    les brandons perdus pour l’enfer
    leur cuivre est plus propre que l'or
    à nous apporter la lumière.

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#76.

    Illustration : Jacques PECLERS, dit Pec (1930-2000)
    Toile "avortée", initialement intitulée Marasme.

  • la plinthe

    WALL42.JPG

    La mère est une bouche avec les jambes sous les seins
    Elle vit seule en couche et mange ses enfants
    Le père meurt encore avec les autres pour les siens
    Les œufs de feu du ciel m'assènent ses louanges

    - mama loves her baby and daddy loves you too

    Les tigres sont lâchés ; ailleurs tombent les murs

    Ici, chaque mot apporte sa brique
    Je couvre mon carnet de mes pauvres coliques
    Je crains l'école et ses paroles dures
    - and the sea may look warm to you, babe, and the sky made of blue


    La mère est une cour avec un juge à chaque main

    Elle caresse un mort, aux bras le dernier né
    Les reliques d'un rire emboîtent son petit train-train
    La voix définitive, elle a tranché
    - the silent reproach of a million tear-stained eyes


    Dans son ordre inversé, le Maître lui ressemble

    Il arrache au carnet mes pages noires
    Des tigres de papier feulent dans les couloirs
    A mon bras décharné, l'aiguille tremble
    - don't be surprised when a crack in the ice appears under your feet

    Ma caverne est un mur où dansent, bacchanale

    à l'assaut de fêlures ornementales

    les sombres réjouissances
    les jeunesses flouées
    la fin des résistances
    la bave des ainés
    dans la lumière crue
    d'un Chaos résolu
    à marcher sur le Rêve
    à pas forcé
    sans trêve, sans pitié
    - how should I complete the wall?

    Me voilà dos au mur

    attendant ma piqûre de rappel
    - à l'ordre ? au rituel ?
    et je sens qu'on me hisse
    Sous moi, le monde glisse une porte
    la tentation est forte d'y passer un adieu
    - a distant ship smokes on the horizon

    Je gagne le sommet

    J'entends une scansion, ritournelle
    - Ooh ma! Ooh pa! the show must go on

    Serait-ce ma famille

    ce vil rang de chenilles
    grouillant alignement longeant la plinthe ?
    Ruée processionnaire
    ton pas bien accordé
    aux accents unifiés
    d’un chant immunitaire
    lézarde sur le mur
    la brique la plus dure
    où naguère ma mère
    au fur et à mesure
    de son besoin d’avoir la main mise sur tout
    aimait limer en pointe
    ses ongles de saindoux
    comme on boit de l’absinthe
    Femme, d’entre les fous, complainte !
    - Worm, Your Honour, let me take him home

    Surgit un arc-en-ciel avec ses jambes sur la ville

    De sa bouche infantile, il gobe les fumées
    Je me redresse alors debout sur les tessons de tuile
    La foule s’éparpille sous mes pieds
    - I sentence you to be exposed before your peers

    À bas, le mur !

     

    Wall-side.JPG

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    d'après Pink Floyd THE WALL
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#75.

     

    WallCrossedHammers.jpg

     

  • Où dense le menu est

    gullinapo.jpg

    Quand je vis le menu, je compris ma douleur
    car mon allure ici n'était à la hauteur
    ni ne rivalisait de loin avec ce gnome
    qui m'aurait recouvert, bras ballants, de sa paume.

    D'entre tous ces géants, même le plus petit
    me prenant pour son animal de compagnie
    n'eût besoin de quelconque entrave ni de lien
    pour m'aller promener au soir avec ses chiens.

    Et moi, venu la veille encor de Lilliput,
    doutant que mon périple eût jamais d'autre but
    que d'éprouver mon nom par force humilité,

    à défaut de raison, c'est en moralité
    que je devais juger de tout le nécessaire ;
    comme il n'est de saison que ne régule hiver.

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#74

    Illustration : James Gillray, Le roi de Brobdingnag et Gulliver (1803) ; caricature de Georges III et Napoléon Bonaparte.

  • Chemins de faire

    valise1.jpg

    Une valise pleine, une valise vide et moi, seul au milieu

    de l'étape passée
    à l'étape prochaine
    le monde dans mes yeux attend que je traverse

    Le vent couche la plaine

    présage radieux pour la fin de semaine
    après le temps qu'il fit
    le temps qui se fera
    des jeux d'ombre nouvelle à chacun de mes pas
    qu'une ancienne rengaine a menés jusqu'ici

    où mon petit chemin de traverse aboutit
    à la croisée du choix
    que propose une voie et son chemin de fer

    Ici, je prends le risque et regarde en arrière...

    la main qui s'est levée défiant le tableau noir
    ne pourra pas donner sa joyeuse réponse
    un élan de savoir prend un coup de semonce
    et renfonce au vieux tas d'insatiables espoirs
    sa seule raison d'être
    (n'était cette fenêtre à l'autre bout du soir)
    cependant qu'assombri à l'œil un sursis fronce

    assis à mon pupitre
    j'observe l'autre aller de sa voix au chapitre
    il faut grandir un peu
    bon... en attendant mieux, je peux faire le pitre

    Maintenant, je regarde à gauche et puis à droite...

    dans chaque main, je tiens la fille de mes rêves
    j'y renifle mon sang - il éclate de rire !
    quel que soit l'avenir, il n'est pas moins riant
    que les fruits dont la chair est gorgée de ma sève
    et parfument la nuit le vent qui souffle encore

    je connais mon trésor
    il a deux noms de plus aux flancs de sa voiture

    Il est temps - ce me semble, qu'aussi bien je traverse...

    moi, les chemins de fer, je n'aime vraiment pas
    j'y fais un peu l'andouille et tombe à la renverse
    j'y plante mes valises
    là, sur le bas-côté de rouges friandises
    m'appellent sans détour et comme je me nomme
    libre, gourmand... un homme

    RAILS.JPG

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un défi du samedi
    [#103]

  • cacastrophes

    etron.jpg
    CACA BOUDIN

    le popo de papa
    vient après mon pipi
    c'est mieux comm' ça
    sinon, c'est cuit

    sinon, ça ne va pas !

    sinon rien ne va, pue
    gâche mon chocolat
    avant que je l'aie bu
    et me coupe l'envie

    ***

    CROTTE DE BEAT(nik)

    "tout le monde il est beau
    tout le monde il est gentil
    le monde est beau
    tout le monde il est gentil"


    si le monde ment, merde !
    j'en ai pris mon parti
    je recueille dans l'herbe
    mon bouquet d'aujourd'huis

    ***

    MERDE ALORS

    crottins crétins
    crottinent dans le square
    étrons, boudins,
    merdes ostentatoires

    talon, pointe, semelle, hélas
    un pas soudain mal assuré
    rappelle au moment de glisser
    comme la vie est dégueulasse

    ***

    FANGE VESPERALE

    A l'horizon,
    un ciel
    chassieux
    tire la chasse
    et c'est
    tant mieux

    ***

    ÊTRE ON

    Être On, c'est bien
    c'est bien commode
    ç'aurait mêm' du chien
    n'était la mode

    tous ces cancans qu'On se redit
    diarrhéiques hypocrisies
    c'est le fond des conversations
    qui commencent toujours par "on"

    et l'On n'étant pas très liseux
    répand son lisier fangeux
    oubliant dans ses pantalons
    la raie qui mène au trou du fion

    Voici que l’On chante en prison
    Être On ! Être On, petit,
    Pas maton !
    É-hon ! é-hon !

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi du samedi "merdique"