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>imPrOmpTus - Page 53

  • nocturne

    HeliosR.jpg

    La nuit n'est jamais complètement seule et nue;
    il y traîne toujours, une étoile après l'autre
    élégamment vêtus, sobres comme l'apôtre
    et réclamant obstinément mon regard ou le vôtre :

    quelque divinité parcourant son domaine
    au regret d'avoir oublié les jours de la semaine

    une ardente jeunesse en peine avec son char

    (il voudrait s'arrêter, allez ! voir la chute d'Icare)

    ultime fulgurance entrant dans l'atmosphère

    des météores le galop fertile et suicidaire

    l'écho mystérieux d'océanes sirènes

    dont personne ici ne sait plus lire la cantilène

    l'écharpe effilochée, l'enfantine espérance

    qu'une âme bien intentionnée lui porte chance

    le drapé rigoureux d'aurores boréales

    orne à septentrion le front de marbres pâles

    l'épais tapis moussu des vastes canopées
    offre à la nuit venue de s'essuyer les pieds

    et la nuit librement laisse sa chevelure
    flotter au gré du vent pailletée de dorures.

    tiniak - mes chanSonges
    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Impromptu Littéraire - tiki#81.

  • estivale

    L’ÉTE, SES TANNÉES


    Saison cataclysmique où les peaux de gala

    - qui feront chocolat, futures cancéreuses !
    vont mettre sur le gril leurs darnes plantureuses
    au comble du malheur dans leurs pâles appâts

    Choisissez ! c'est la foire aux étals sablonneux;

    voulez-vous d'un gigot ? d'une grasse poitrine ?
    ou bien de ce cuissot enduit de gélatine ?
    Vous règlerez au greffe à un moment de creux

    Allaitée, votre épaule à la crème, coco

    rappelle d'un sirop l'arôme industriel;
    ne seriez-vous pas employé de bureau ?

    La cloque à votre dos démontre votre zèle

    obstinée demoiselle au pimpant paréo
    Ah, l'été... braséro des nostalgies pucelles

    (ces tannées !!)

     

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    tiniak - CARNAGES © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Impromptu Littéraire - tiki#80.

    Lien permanent Catégories : >imPrOmpTus, carnÂges 0 commentaire
  • tapir comme destin

    (du succès et comment on s'y peut casser l'pif)

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    Ligure et parnassien sur son tapis formel
    - nommons-le Félicien, ce sera plus commode,
    il caressait son chien en se demandant quel
    animal méritoire inspirerait une ode
    à son cœur librettiste.

    "Il m'en faudrait un laid que l'on prenne en souffrance
    mais que de prime abord on jugeât sans douter
    qu'il fût aussi ingrat que passablement niais
    avant l'apothéose de sa délivrance,
    réfléchit l'helléniste."

    De sa bibliothèque, il tira d'un ouvrage
    (au vrai, bien moins ancien qu'on l'eût dit à son dos)
    la gravure espérée de l'odieux personnage
    qui tenait du cochon et de l'éléphanteau,
    - et cela, c'est tout dire !

    Le monstre séduit l'homme, un livret s'ensuivit
    dont naquit un péplum quelques siècles plus tard
    certain compositeur en fit la comédie
    musicale affichée sur les grands boulevards
    - au Lido, à l'Empire...

    Voici comment un monstre disgracieux du pif
    acquit de par le monde un succès populaire
    attachant à son nom de nombreux créatifs
    devenus eux aussi pérennes, planétaires
    plus que jamais son père

    Infirme et miséreux sans pouvoir mesurer
    de son œuvre l'écho, ni toute la portée
    Félicien disparut, tué par un éléphant
    enterré comme un chien dans un grand dénuement
    au pied du château d'If

    L'œuvre subliminale eut un succès tardif
    que ne démentit pas le nombre des années
    forçant comme on le sait vivats, copyrights et
    son tapir galopa joyeusement sur les
    vastes étendues de l'inconscient collectif

     

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    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Impromptu Littéraire - tiki#79.

  • La vie m'en songe

    Qu'importe l'aube ou la vesprée
    quand me presse comme une éponge
    à rire, à dire et à rêver
    le cours de la vie, je m'en songe

    La terre grasse où le bolet
    envie la douceur de l'oronge
    avant d'y poser mes collets
    j'en savoure les pieux mensonges

    Il me pousse des haricots
    qui m'expédient dans les nuages
    à la poursuite de chevaux
    tirant leur précieux attelage

    Quand je descendrai à nouveau
    j'en rapporterai témoignage
    au dernier des sombres bigots
    voués à d'impérieux servages

    Au bistrot du coin, c'est couru
    je répéterai mon histoire
    à l'ancien, au nouveau venu
    qui ne s'en feront pas accroire

    Loin de s'en trouver rabattu
    mon caquet tiendra le crachoir
    j'en viderai le contenu
    de sang frais et d'appétits noirs

    Je dirai comme on peut manger
    la chair humaine morte en couche
    et comme on peut ratatiner
    à son gré, sept géants, sept mouches !

    Et peut m'importera, au vrai
    qu'on me regarde d'un œil louche
    n'est pas né celui qui pourrait
    au savon me laver la bouche !

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    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#78.

  • cosmogone

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    J'étais
    sans nom, sans humeur et sans âge
    à la fois tous les personnages de mon rêve
    et seul au monde

    une formidable énergie

    contenant l'un et l'infini
    n'attendant que de se répandre en vagues d'ondes

    un tout ou rien de festivals exponentiels

    inconséquent, indéfini, immatériel
    plastique ? à peine !
    - je n'avais encor pas de ces prétentions vaines

    Je ne sais plus comme cela survint

    mais j'éclatai, enfin !

    Avais-je avalé quelque chose improbable

    indigeste ou insoutenable ?
    Toujours est-il que j'explosai
    et dans l'instant me réveillai

    Je m'éveillais à l'instant même

    et son fulgurant anathème
    obligeant à l'apocalypse :
    je ne connaitrais pas d'éclipse...
    et personne pour me distraire !!
    (j'entrais dans ma prime colère)

    Je projetai autour de moi ce que j'avais à ma portée

    rase lumière
    gaz et matière
    tout y passait, entrait en fusion, se choquait
    et ce vacarme
    parvint à m'arracher des larmes

    Le son fut ma première leçon

    de quoi je conçus le silence
    et, presque par inadvertance,
    me vint une idée farfelue :
    il me fallait une conscience
    pour que soit enfin reconnue
    mon existence

    Vint l'Homme

    - sa main, son œil et son épaule !
    à qui je confiais le rôle
    de penser, de dire et d'agir;
    il devança tous mes désirs
    en créant l'art !

    Je pus lui pardonner l'histoire de ses guerres

    J'avais le plus beau des miroirs dans l'univers

     

    foscarini-big-bang.jpgtiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#77.

    Illustrations : suspensions luminaires de FOSCARINI.