Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

>imPrOmpTus - Page 52

  • Les Équilibristes

    Je suis ce petit homme
    assis au pied de la falaise
    tout un capharnaüm
    tassé dans la toile de chaise
    installée sur la roche où la marée s'apaise
    et clapote à mes pieds

    « Te lerras-tu, te lerras-tu, te lerras-tu...? »

    Quelle était douce ma partie
    quand tu te sortais de mon lit
    dans la poitrine une accalmie de chaleurs

    Ces rendez-vous que nous prenions
    à nous effeuiller comme oignons
    et raccorder nos inversions de vapeur

    « Voyez comme on danse...! »

    Tu me disais « Nos libertés
    s'arrangent sur cet oreiller
    des conventions de parité amovible »

    Je versifiais des vérités
    tout le désordre carnassier
    raillant les passions résignées au possible

    « Ma sœur, ma sœur, qu'as-tu donc à pleurer...? »

    Sachant que n'y suffirait pas
    notre entente de postulat
    une équation s'insinua dans nos chairs

    Il y fallait un résultat
    dont les falaises d'Etretat
    dresseraient bientôt le constat pour salaire

    « Et -ri, et -ran, ranpataplan...! »

    Je suis ce petit homme
    au pied de l'immense paroi
    tout un capharnaüm
    dans la tête, au regret de toi
    avisant sur la roche, à mon unique endroit
    tes chaussures laissées

    Que la fracture des années
    ne se réduise à m'épargner
    pour n'avoir pas accompagné
    ton saut dans la blessure
    tant le temps ronge la falaise à coups sûrs


    © crédit photo Danalyia

    Illustration d'après Danalyia


    tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Impromptu Littéraire - tiki#87.



    Lien permanent Catégories : >imPrOmpTus, carnÂges 0 commentaire
  • Autrement juste, Jazz !

     FREDO, artiste à suivre

    Au premier battement donné sur la peau claire
    précédant l'ouragan des rythmiques torrides
    la seconde en suspens entre Eden et Enfers
    tient la salle en arrêt au-dessus d'un grand vide
    et soudain, c'est le jazz !

    Une cacophonie saisit les molécules
    et touche à l'harmonie en fin de préambule
    quand tonne le second battement isolé
    rassemblant après lui, en ordres mesurés,
    les guitares, les vents, la basse et le clavier
    libérant les esprits, les corps et les suées
    cependant que le monde est tombé en syncope
    et se découvre un don de monstre nyctalope

    Tant la nuit n'est jamais si limpide et vivace
    qu'à l'aune d'une vie trop terne (ou dégueulasse !)
    révélée par le chant qui vibrait en sourdine
    dans son ventre gavé de pauvres vitamines
    et qui lâche les gaz !

    Révolte et anarchie semblent à la portée
    d'un regard abruti dont l'œil s'est embrasé
    d'un claquement de doigt, d'un cri sans retenue
    de la hanche qui ploie sous la paume inconnue
    soudain si familière
    que la rage et la peine avaient crue étrangère
    et tenaient en respect, à distance du corps
    mais que l'instant présent rapproche dans l'accord
    de l'ivresse et du sens

    Energie ! Energie ! Tu nous avais manqué !
    Mais te voici entière et tu nous fait danser !
    Et c'est fête à nouveau !
    N'importe quel fardeau est léger comme un souffle !
    Tout est comme l'extase...

    J-a-z-z ! Jazz ! Jazz !
    Un évident carnage anime ton tempo
    Savant apprentissage apprivoisant les maux
    Touche-moi davantage au fond de mon caveau
    Et laisse-moi en nage au bout d'un vibrato

    Autrement juste, Jazz !

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Impromptu Littéraire - tiki#86.

    Illustration d'après une composition graphique de Frédô.

  • Nô, ouais...

    Iwong Hô

    Si je ne rentrais pas ?
    Je connais cet endroit : n'est-ce pas mon antre ?
    J'y faisais les cent pas, la peur au ventre
      la vue cerclée de noir
      la langue inopérante
      et le corps évanoui
    J'y croisais ce que je pensais ne plus jamais savoir
    de mon ombre de chien jappant dans les couloirs
    après d'étranges rires
    aux visages aimés quand je savais en dire
    le nom, l'odeur
    le geste inégalable et l'intime chanson,
    le regard... le nom ?

    Je connais cet endroit
    Je me tiens sur le seuil et sens confusément
    que n'y suffiront pas tous les bras qui m'entourent
    J'en remets, alignés dans son arrière-cour
      les baquets pleins d'humeurs
      les linges étendus
      chaque pavé glissant
      la fatigue des pierres qui suinte
      par les aspérités moussues de cette enceinte
    Je voudrais être photographe à l'instant
    ou peintre et brosser ce moment fébrile
    d'un regard que prolonge un mouvement habile
    J'y vois quelque beauté, singulière, incongrue
    qui me parle d'ailleurs et ne m'appartient plus
    sans l'artiste projet

    Les vibrations de l'air
    composent des chansons qui me percent la chair
      le souffle des grands arbres, de loin en loin
      vers les palais de marbre, les ballots de foin
      l'oreille nostalgique ou des amants distraits
      le vague sentiment que tout peut survenir
      de tragique ou de gai
      en porte le mirage
    - à vrai dire, d'ici, ça gargouille plutôt
    comme mijote au four le dimanche un gigot
    avant de délivrer à travers la maison
    l'ample fumet aillé de sa fin de cuisson
    Quand j'y songe...
    l'endroit m'est familier comme un premier mensonge
    Alors quoi, le quitter ?
    Pour quelle vérité ?

    Si je rentrais quand même ?

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Impromptu Littéraire - tiki#85.

  • homme naisse

    cuir1.jpg

    L'avons-nous tout bien travaillé, le joli cuir ?
    D'un bout à l'autre de la chaîne élémentaire
    chacune à son métier avec son savoir-faire
    n'aura pas épargné sa peine pour finir

    La louve nourricière aura donné son lait
    chargé aux goûts divers des terres plantureuses
    et propre à satisfaire une faim curieuse
    que rien d'âpre ou d'amer ne gâcherait jamais

    Le souffle du marin aura tendu sa peau
    résistante aux embruns qui rongent mieux la corde
    que le rire assassin des vilaines discordes
    tombe sur le chemin, poussière dans son dos

    Le sang d'anciens volcans alimente sa chair
    et la danse de Pan anime cette allure
    que lui reconnaîtront les ombres sur le mur
    quand il aura quitté de l'antre le couvert

    La fraîcheur de sa voix aura l'accent aigu
    qui siffle par les bois la proche résurgence
    d'une source oubliée sur les routes d'errance
    quand il aura chanté son cantique impromptu

    Voyez, mes sœurs chéries, le beau cuir ouvragé
    venu jouer sa partie dans le concert des êtres
    et comme prennent vie par la magie des lettres
    nos dons d'immémoriale invisibilité

    tiniak - totalités mineures
    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Impromptu Littéraire - tiki#84.

  • MÉCHANT SONGE...

    conte_family.jpg

    Méchant songe, tu me ressembles
    exsangue dans les bras du père
    au chant des aulnes et des trembles
    par la lande crépusculaire

    Cette lueur au loin qui brûle
    je la vois, juché sur mon arbre
    mais c'est un autre crépuscule
    qui m'ouvre sa porte de marbre

    Comme toi, j'attendais que vienne
    Anne, Ma Sœur Anne au regard
    porté aux confins de la plaine
    notre fraternel étendard

    Car c'est par le choix de la terre
    au terme écrit sans indulgence
    que la mort et non la misère
    forge le songe à l'évidence

    Je n'aurai pas d'humilité
    de pudeur, ni de peur aucune
    au moment de laisser passer
    ma vie dans un rayon de lune

    Je les aurai données déjà
    en pâture à d'autres ressources;
    que l'enfant marchant dans mes pas
    relance et poursuive la course

    Erlkoenig.jpg

    tiniak - mes chanSonges
    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Impromptu Littéraire - tiki#83.

    précédente participation, par ici - tiki#82.
    (thème : A la place du loup)