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>imPrOmpTus - Page 23

  • Væ soli !

    (haume, sweet haume)
     
    Dans le silence gourd, le réveil est brutal
    Peut-être fait-il jour, mais la pénombre est dense
    Je recompte mes doigts, mes dents, mes évidences
    Ils répondent, présents dans la lumière sale :
     
    « - Pigeon, vole !
      - Croquignole !
      - Tu le savais, pourtant, qu'elle était folle.. »
     
    L'endroit s'est étréci pendant que je dormais
    Ma cage !...
    Venu de mon plein gré, ça ! je ne m'en plaindrai
    pas davantage
    (il y faudrait pourtant faire un peu le ménage...)
     
    Des toiles d'araignées couvrent le soupirail
    - tout rouillé le ventail ! et ça fait quelque temps
    qu'il ne s'est plus ouvert, à l'air... aux quatre vents...
    à la main familière approchant le poitrail...
     
    Non, si je me tiens là, c'est pour toute autre chose
    En oublier la cause est le but poursuivi
    Eh ben, c'est du boulot que de gagner l'oubli !
    quand, aux parois, subsiste encore un peu de rose...
     
    Qui frappe à l'occiput ? Zut, et zut ! C'est Matin !
    Oh, non ! j'étais si bien... Encore cinq minutes ?
    « - Prisonnier volontaire, au seuil de ta cahute,
    l'heure a déjà levé le long pain quotidien. »
    dit-il...
    Et, moi qui voudrais bien tirer plus loin le fil !
     
    ... à l'anglaise ?...
    Mais où ? Mais où filer, contourner la fournaise ?! 
     
    Et merde, je suis fait ! Je dois donc retourner
    au monde
    et m'y perdre l'entier, luttant chaque seconde
    pour le même défi
    que, visière baissée, me préserve la nuit

    Cacoune,Impromptus LIttéraires,poésie,tiniak

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#222
    (texte illustrant la photo de Cacoune) 
  • Bah, tisse...

    La rue m’est familière au point d’y faire corps
    Alors… Alors… ! Quelle est cette maison ?!
    Sa pierre, c’est du grès; ses volets sont marrons
    Ici, tout est en craie que le soir pare d’ors
     
    Sa porte est peinte en rouge et son numéro vert !
    Eh ben, bravo ! Dis, ça envoie du lourd !
    Vu qu’à travers sa vitre, on aperçoit la cour
    Je ne résiste pas, je frappe à son mystère
     
    La porte mécanique ouvre sans vis-à-vis
    Allez… J’y vais ! Après tout, c’est le jeu
    Pas déçu du voyage, oh ! j’en prends plein les yeux !
    Le corridor, déjà, tapissé d'organdi...
     
    Dessus, tant de portraits que je croyais perdus !
    de moi, d'amis, d'amours désenchantées...
    et, tracé sur le sol, un parcours orienté
    pointant un escalier aux marches dévêtues
     
    Je gravis prudemment ses degrés inégaux
    Le pas plus lent, tandis que je m'approche
    avec le sentiment d'être le jouet fantoche
    d'un projet qui m'écharpe et m'enlise les mots
     
    Je suis sur le palier, sans réponse à l'appel
    Allons... Allons... Tout ceci n'est qu'un rêve
    Mais voici que, du mur, un bras me tend un glaive
    et qu'une voix me dit "tu n'es plus éternel"
     
    Je fuis ! Je fuis ! Je cours! Je n'ai plus d'appétit !
    Eh, au secours ! C'est quoi, tout ce barnum ?!
    Je regarde après moi, je vois tous ces fantômes
    et je sais désormais qu'ils ont pignon, ici !
     
     

    Laurence Le Masle

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#221
  • Au nom d'une pipe

    Mon très cher insomniaque alter ego
    m'a fait le don d'une pipe à opium
    D'un rosier nain, j'ai tiré le sebum
    liant parfumé dont j'enduis le fourreau
     
    Prends-moi la main, fantôme fraternel
    et glisse-la jusqu'à ton lent soufflet
    Mon bras - la branche où s'est tenu Poucet
    lascivement va mélanger le ciel
     
    Un songe fleuve emporte sur son dos
    le réveil solitaire et sans amour
    la promenade infertile du jour
    grinçant, le chant d'un amoureux duo
     
    Le brouillard blanc d'un mythique opéra
    finit sa course en roulant à mes pieds
    Je lui caresse, d'un doigt familier
    le vieux dragon tombé raide mort - "Là..."
     
    L'instant suivant, je cherche quoi m'offrir
    "Une pédicure ? Une oreille ? Un four ?..."
    Le rêve dissipé, revient le jour
    où - mince alors ! il faut se répartir
     
    Adieu, Gerda ! ma pipe, mon foyer !
    Bonjour chiffons et recherches d'emploi
    Ah, saisonnier ! quelle est dure ta loi !
    mais c'est ainsi qu'on paye son loyer
     
     
     

    Laurence Le Masle,pipe

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour une impromptu littéraire - tiki#220 
  • Change-m'en ! songe...

    Je ne changerai rien au rythme des marées
    rien aux amours données le cœur nu sous la main
    rien à l'espoir laissé dans un regard voisin
    mais j'effacerais tout pour savoir oublier
     
    Non, que l'absurdité de l'instant ne diffère !
    Que les ors bondissant sur le fleuve perdurent…
    Que m'importe à présent la couleur des voitures…
    Puisque je n'y peux mais, comment dire j'espère ?
     
    Admettons, je le peux ! modeler l'alentour...
    J'ouvre alors sa fenêtre, en rassérène l'air
    Je recouds des matins les trop lâches revers
    J'y embrasse les yeux qui m'ont parlé d'amour
     
    Mais, si je vais plus loin - dans l'humeur assassine !
    je n'hésiterai pas à massacrer l'or rance
    ses vains salamalecs, ses hypocrites transes
    et ce qui va avec : les ardeurs intestines !
     
    Je repeins le soleil avec les mots du soir
    - tu sais, ce que l'on dit seul au monde et pleureux...
    Je dessine à la lune un visage amoureux
    que ta main dans la mienne ait un nouvel espoir
     
    Que ma main dans la tienne ait confiance - toujours ?
     
     

    2308408727.jpg

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un impromptu littéraire - tiki#219
  • Tant que le sable y est...

    Immuablement si changeante
    que l'est la frange littorale
    aux chromatiques vespérales
    se maquille d'humeurs l'attente
     
    Au bout, tintera le signal
    d'un nouvel égal sentiment
    mais c'est ici, dans le suspens
    que chaque instant m'est un régal
     
    Parvenu à l'intersection
    de la mer et sa métaphore
    au sablier, je boude encore
    l'inévitable solution
     
    En acrobate, j'improvise
    une mâchoire à crémaillère
    pour empêcher que l'hémisphère
    ne s'écoule trop à sa guise
     
    Sur ce rivage, il n'y pas foule
    que des songes panoramiques
    et des lueurs antinomiques...
    De l'autre côté, c'est le moule !
     
     

    crémaillère

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#218