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>imPrOmpTus - Page 21

  • Mai disant

    Tout a pris faim il y a dix ans et quelques jours
    Donc, j'ai dix ans
    dès à présent
    et je viens de vivre une sacrée journée-four !
     
    J'ai découvert à l'aurore un soleil violé
    par l'haleine d'un vieux marin chargée de mousse
    déjà la journée courait, la mort à ses trousses
    son élan pris depuis mon petit-déjeuner
     
    Les huis libéraient leurs effluves quotidiens
    charriant les bruits de la comédie laborieuse
    le sang perdu coulant de ses mains oublieuses
    quand, sur son paillasson, j'enjambais mon vieux chien
     
    J'ai recueilli un vol de mouettes, quai Vendeuvre
    passé la main au ventre gris de son Vieux Port
    payé d'une plume nouvelle pour mon sort
    un franc sourire au long empire à la manœuvre
     
    L'heure avait les cheveux plus courts
    Je t'ai reconnue sans maudire
    Quel heur célébrait l'alentour ?
    Un mystère de mai n'y voulait pas suffire !
     
    J'ai parcouru la ville à genoux, haut le front
    dans la poche une main prête à sortir mon soûl
    dans l'autre ce mouchoir qui ne me dit pas où
    et la semelle offerte à de soyeux marrons
     
    Le vent marin jouait des gammes peu bourgeoises
    sur d'antiques matins perclus de vérité
    L'après-midi faisait des bonds désordonnés
    craignant l'inimitié verte que l'On dégoise
     
    J'ai abouché le flanc d'une triste panthère
    avec le sentiment de lui mordre bien plus
    Comment s'en consoler puisqu'elle m'a dit "Tu.." ?
    Moi, triste Gagne-Pain de ses maigres affaires !
     
    L'heure avait les cheveux plus longs
    J'y mêlais mes doigts fatigués
    J'avais du mal à respirer
    Dans le mai blet, me faisais l'effet d'un goujon !
     
    J'ai embrassé le pli de la nuit approchant
    sa robe sur les toits du monde grabataire
    criant les noms perdus de mes Trop Être chers
    et ne pouvant rien faire autre que les aimant
     
    Le tableau s'est conclu sur un carnage veule
    avec les mains fouillant cette peau infertile
    où je peine à trouver la ferveur érectile
    d'une journée passée sans que mon âme feule
     

    walk don't walk

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki# 231
     
     
  • nuit, t'ai (veste et pull)

    Où t’es-tu cachée, dis
    Pépite feue Jaune-Or ?
    As-tu grimpé la rue
    son dos cambré à l’ouest ?
    Je t’ai perdue de vue
    mais j’ai gardé ta veste
    à mon coude, sans pli
    elle respire encore
     
    Le Soir qui m’accompagne
    a le vent douceureux
    Il n’entend rien aux chants
    des pavements frivoles
    où je vais – garnement
    loin de sa vieille école
    mener fière campagne
    chez les noctambuleux
     
    J’emploie les intervalles
    à te chercher, Pépite
    à la carre du jour
    gisant au pied du mur
    dans le moindre alentour
    des porches, des toitures
    et tout l’Ornemental
    des balcons émérites
     
    Mais le Soir – ce fêtard !
    m’est plus accaparant
    Il me saisit l’oreille
    ou par le bout du nez
    m’entraîne dans sa veille
    d’échos en ricochets
    à crisser du regard
    sur la craie mollissant
     
    Ça s’ouvre – sans magie
    tant de lieux sont faits pour !
    ’faut glisser l’étincelle
    en gage à leur entrée
    pour de vertes chandelles
    je t’ai donc oubliée
    l’épaule travestie
    de futiles atours
     
    Je songe avec le Soir
    à de nocturnes chaires
    dans cette orangeraie
    aux juteux abattis
    nous caressons la craie
    déjà bien assouplie
    aux flancs de ses couloirs
    les soupirs éphémères
     
    Car la nuit a surgi
    en son grand apparat
    pour sceller notre sort
    jusque à notre heure dite
    Il n’est plus, là, dehors
    nul port où ne s’invite
    le souffle court, le cri
    d’anonymes combats
     
    Pépite que j’honore
    taisant combien je t’aime
    au plus fort du carnage
    et sans urbanité
    je ne sais plus ton âge
    - ma nuit l’aura figé
    comme le nom des morts
    habite les poèmes
     
    Quelle veste, dis-tu ?
     

    WP_20141014_002.jpg

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#230
    Lien permanent Catégories : >imPrOmpTus, carnÂges 0 commentaire
  • ladite

    L'Or ! Elle prenait comme moi,
    le 18h45
    Si elle n'y paraissait pas,
    je m'en consolais sur le zinc
     
    A son passage près de moi
    pour prendre sa place habituelle
    je m'enivrais du gardénia
    pris dans ses tissus coccinelle
     
    Du regard, je comptais les pois
    de sa poitrine à son bas-ventre
    alors, j'inventais quelque loi
    dont nous étions toujours le centre
     
    Ici les champs, là-bas les bois
    qui m'évoquaient des océans
    priant que le charme opérât
    au-delà, je figeais le temps
     
    Taire le sens de mon émoi
    m'inffligeait une sourde peine
    et me rongeait d'anonymat
    depuis le cœur jusqu'à la couenne
     
    Et le voyage finira
    une heure après quelques poussières
    L'Au-Quotidien l'emportera
    quoi que m'en songe, Passagère !
     
     

    tiniak, poésie

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki# 229
  • pausa ante CCXXX

    Pause(s),david filoqueur, tiniak, poésie malgré tout

    (tiki#228)

    (tiki#229)

    (tikit#230)

  • bleu pâle

    La chaleur mollissait. Quant à moi – pour l’avoir bien battue ! je finissais de polir cette peau chagrinée que m’avait revendue un vieil amour de foire. Tu connais cette histoire, elle ne t’a jamais plu.

    Mordent les mots, tanne l’heure… 

    La fadeur éluda le nombre des Jamais

    tant qu’à son front déjà crissent des plis de suaire

    où ne craignent le vent ni sables ni poussières

    et se lisent, mauvais,

    de vilains songes

    leurs salves trait pour trait

    refusant au tableau d’aller passer l’éponge

    « Oh, pardon, j’ai fini, oui. Le temps de remballer mes outils et je te laisse la place… Amuse-toi bien. Il fait moins chaud, déjà. »

    Connue, la rue me prenait en patience. Un peu de pain, ici. Là, un air de piano. Un morceau de fromage, quelques pas plus avant. De « coucou ! », de « hello ! », du « comment ça va-t-y ? » Point. Zéro. Je ne suis pas du genre qu’il faut et je m’en accommode assez, depuis que j’ai quitté mon quartier pour m’installer dans les parages. Oui, bien sûr, à mon avantage, après ce qui m’est arrivé. Depuis, je soigne mon incognito, disons… paradoxal, qui appelle ou fait fuir des regards étonnés ou sales.

    D’absence de mots naît l’horreur…

    Des yeux dans tous les sens ! Des bouches !

    Les cinq, envahis par le monde !

    J’ai l’impression d’être un cartouche

    dans les yeux d’une sotte blonde

     

    Ma joie se perd dans le chien qui fait un écart

    Je ne rentrerai pas chez moi, quoiqu’il fût tard

     « Non, ça je peux pas te dire. Simplement, au mois de mai, l’an passé, après avoir bu mon café du matin, je vais où tu penses, je me lave les mains, lève le nez et découvre dans le miroir un type étrange qui me regarde avec un air effaré. Blanc comme un linge maladif. Les yeux presque aussi pâles, furtifs. Oui, fuyants, brusquement – comment dire… par saccades, avec une frénésie de mécanique emballée, déréglée ! Bêtement, je me retourne… La douche, comme d’hab… Personne dedans. Je reviens au miroir, et là, je comprends… Le macabre, c’est moi - moi le caribéen d’origine ! affublé de cette peau livide, de cette morbidité sordide, incurable, avec ce regard fou, partant de partout. Stupeur, peur,  incrédulité, déni, docteur, d’autres docteurs, leurs examens, cauchemardesques abymes – et au fond ? rien ! Suées, incompréhensions, questions pressantes, quotidiennes, bouche bée sans réponse : déménagement ! Et dans la tête, obstinément, ce lent tourment de Jean Sablon (un vieux, mais alors très vieux truc) : Vous Qui Passez Sans Me Voir… Consternations. Constipation. Relâche ».

    Mes outils à la taille, je rentre pour manger mon pain. Ce soir, j’ai Groupe de parole. Et je n’aurais rien à y dire que : Toujours, Le Même, Pavé Dans Le Four ? … Inexplicablement….

    Non, pas ce soir ! Ce soir, je sors de ma réserve. Je ne suis plus cet être figé qui s’est réveillé un jour albinos, inexplicablement. Désormais résolu à m’accommoder de ce handicap, je veux m’exprimer devant mes pairs.

    Marre de passer pour un bleu !

     

    albino model,albinos

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#227
    Illustration dénichée sur Hibiscus jaune