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  • ports de plaisance

     

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    I

    Il a plu, ou c’est moi ?

    C’est tout mouillé dehors et sec à l’intérieur
    (je vous parle de cette humeur
    qui me navrait hier encore)

    Allons,
    vidons les pleurs et les suppliques
    avec le jus du dernier bain
    une fois bien lavées les mains
    curée l’humeur maligne
    fondue la graisse indigne
    siphonnés les points à la ligne
    et flatté le bon chien
    qui se joint à ce chant du cygne

    II

    Il a plu tôt et déçu tard
    sous son air falot, le gaillard
    n’est pas de tout repos
    - tu sais que loin s’en faut !
    Que ne soutiens-tu son regard
    de ton côté de l’eau ?

    III

    Il a plus d’un tour dans son sac
    le donneur de coups de matraque
    Il sort de son chapeau
    un air d’ordre nouveau
    sur des talons qui claquent
    et rythment du troupeau
    le pas cadencé dans les flaques
    sur le Trocadéro

    Je suis pris d’un sursaut
    et chante avec ZAO
    « … Tout à coup, patatrac ! »
    levant haut le drapeau
    noir comme cape de Zorro

    IV

    Il aura fait Beau Voir
    - passés la croûte et son miroir,
    dans l’ombre du tableau
    la courbe de son dos
    la main fine à son écritoire
    la cuisse écartant le peignoir
    et le grain de la peau
    joyau dans son écrin de soir
    qu’une aile de corbeau
    couvât une nichée de trop

    V

    Alors, plaire ou pleuvoir…
    Qui préside au choix du manteau ?

     

    boss_trench.jpgtiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Impromptu Littéraire - tiki#72

  • rêve 232

    Rêve, manière d'être au monde
    sans l'être, mais sang
    sans quoi le monde ne peut être
    ou n'est que cauchemar

    232.jpgRêve est
    de l'art-né

    Il va,
 nourrissant de beautés le regard
    tromper son monde

    fumer du lard

    épandre son lisier barbare

    sur les lauriers fanés de l'Histoire
    pour un florissant gai savoir

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • luminorée

    Lumière !

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    Celui sorti de cette chambre n'est déjà plus celui-là
     - tu sais, quand il entra
       que tu avais la fièvre
       comme il l'avait bue de tes lèvres
       en te lavant les bras
    Autrement autre que cet Autre, c'est un autre qui s'en va
    ne le regarde pas
        tu gâcherais ton rêve
    la chanson qui s'achève, là
    ouvre ici un autre opéra
    - ti la, ti lala

    Et bonjour à nouveau, lumière...
    Comment peux-tu transfigurer
    du quotidien la nouvelle ère
    en étant aussi éphémère et fragile et sucrée
    que l'air
    et toutes les choses passées ?

    D'où vient que vînt la paix, si tôt après la guerre
    nous réconcilier
       l'œil avec sa paupière
       le sang avec la chair
       la terre meuble avec le pied ?
    quand tout nous semblait mort et dévasté, naguère ?

    Ne te fais pas prier, bonheur
    appers !
       l'aube toute fripée
       la communion est moins amère
       que vraie

    Et bonjour à nouveau, lumière...

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Avide tempête

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    Et puis, de l'intérieur, tempête !
    Le regard sous la paume assure mon allure
    - s'il est des aventures à terre,
      même sous les ramures,
      j'aimerai toujours mieux celles vécues en mer
        la baume au cœur s'agite
        vite aller prendre de la gite
        et barrer ce barré plus au près
        Profitant qu'il s'emballe
        bombe le torse, voile !
        Le marin dans les reins par le travers
        Flottaison, l'horizon pris entre les paupières
     
    Le regard sous la paume où la rive rembarde
    un sable qui musarde et l'embrun qui embaume;
    son haleine fantôme étourdit  le crachin
    déliant le matin, moutarde son arôme
    et détrempe mon pain tandis que je m'attarde
     
    Je songe à tes doigts frais sur mon ventre
      attends que je te rentre
      ai le bout au taquet
      et de la bave au rêve
      vent debout sur la grève
    je sais comme tu es, ma sève
     
    Ah, c'est folie que céder à ce songe !
    (mais c'est bon de folir
    d'écoper à l'éponge son petit navire)
     
    Sous la paume m'arrive en plein dans le regard
    de l'ordre et du chaos la lutte intempestive;
    j'en raffute le grain chahutant ma dérive
    - déjà  que je salive à l'idée du festin !
     
    Raffut... rafiot... Rahane !
    À trois coups allongés, tout le mond' sur le pont !
    Mon navire est paré, je reprends la campagne
    et tire des bordées en raillant l'horizon
    et rha et rhan, et hon !

     

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : William Turner, Tempête en mer.

  • L'Homme qui va, sans ombre

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    Il marche pesamment, sans ombre sous le ciel
    pour guides son regard, un rêve, une chanson;
    nulle trace après lui - l'oubli sur ses talons
    absorbe son passage ainsi que l'eau le sel

    Sans histoire connue, serait-il une feinte ?
    Ni homme ni fantôme, il existe à peu près
    moins que le romanesque et plus que le reflet;
    d'où vient qu'il puisse alors entonner une plainte ?

    C'est qu'il est tout en un, présent, passé, futur;
    l'hier est l'aujourd'hui qu'il porte vers demain
    et cette mélodie dont vibre son chant plein
    s'invente à chaque pas une ample tessiture

    L'oubli qui le talonne est le risque encouru
    par qui pourrait nourrir quelque espoir de retour
    quand le sens de la vie et celui de l'amour
    inspirent à l'instant sa quête d'absolu

    Le plus petit atome est lourd de ce destin
    - tout le poids du vivant en est la charge utile,
    la même gravité s'en évade, gracile
    au rythme balancé qui anime sa main

    Le promeneur, alors, est le dépositaire
    au nom de ce qui fut et ce qui se fera
    du bagage mouvant que chacun de ses pas
    transporte, en célébrant la beauté éphémère

    Il avance toujours; un rêve devant lui
    l'exonère d'une ombre au profit de son chant,
    le regard où le ciel agrège l'océan,
    la musique du nombre élevant l'aujourd'hui.

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi du samedi

    illustration : Joëlle Gellert