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  • Avide tempête

    Turner.jpg

    Et puis, de l'intérieur, tempête !
    Le regard sous la paume assure mon allure
    - s'il est des aventures à terre,
      même sous les ramures,
      j'aimerai toujours mieux celles vécues en mer
        la baume au cœur s'agite
        vite aller prendre de la gite
        et barrer ce barré plus au près
        Profitant qu'il s'emballe
        bombe le torse, voile !
        Le marin dans les reins par le travers
        Flottaison, l'horizon pris entre les paupières
     
    Le regard sous la paume où la rive rembarde
    un sable qui musarde et l'embrun qui embaume;
    son haleine fantôme étourdit  le crachin
    déliant le matin, moutarde son arôme
    et détrempe mon pain tandis que je m'attarde
     
    Je songe à tes doigts frais sur mon ventre
      attends que je te rentre
      ai le bout au taquet
      et de la bave au rêve
      vent debout sur la grève
    je sais comme tu es, ma sève
     
    Ah, c'est folie que céder à ce songe !
    (mais c'est bon de folir
    d'écoper à l'éponge son petit navire)
     
    Sous la paume m'arrive en plein dans le regard
    de l'ordre et du chaos la lutte intempestive;
    j'en raffute le grain chahutant ma dérive
    - déjà  que je salive à l'idée du festin !
     
    Raffut... rafiot... Rahane !
    À trois coups allongés, tout le mond' sur le pont !
    Mon navire est paré, je reprends la campagne
    et tire des bordées en raillant l'horizon
    et rha et rhan, et hon !

     

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : William Turner, Tempête en mer.

  • L'Homme qui va, sans ombre

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    Il marche pesamment, sans ombre sous le ciel
    pour guides son regard, un rêve, une chanson;
    nulle trace après lui - l'oubli sur ses talons
    absorbe son passage ainsi que l'eau le sel

    Sans histoire connue, serait-il une feinte ?
    Ni homme ni fantôme, il existe à peu près
    moins que le romanesque et plus que le reflet;
    d'où vient qu'il puisse alors entonner une plainte ?

    C'est qu'il est tout en un, présent, passé, futur;
    l'hier est l'aujourd'hui qu'il porte vers demain
    et cette mélodie dont vibre son chant plein
    s'invente à chaque pas une ample tessiture

    L'oubli qui le talonne est le risque encouru
    par qui pourrait nourrir quelque espoir de retour
    quand le sens de la vie et celui de l'amour
    inspirent à l'instant sa quête d'absolu

    Le plus petit atome est lourd de ce destin
    - tout le poids du vivant en est la charge utile,
    la même gravité s'en évade, gracile
    au rythme balancé qui anime sa main

    Le promeneur, alors, est le dépositaire
    au nom de ce qui fut et ce qui se fera
    du bagage mouvant que chacun de ses pas
    transporte, en célébrant la beauté éphémère

    Il avance toujours; un rêve devant lui
    l'exonère d'une ombre au profit de son chant,
    le regard où le ciel agrège l'océan,
    la musique du nombre élevant l'aujourd'hui.

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi du samedi

    illustration : Joëlle Gellert

  • absenthéisme

    Même dans les matins les plus clairs
    avec leurs chants connus des branchages
    célébrant de la nuit le naufrage
    et que s'éteignent tous les lampadaires

    Même dans le pain frais sorti du four
    ronde chaleur nichée auprès du ventre
    sur le chemin qui sait par où l'on rentre
    à la maison nue contre le jour

    Même dans le vif éclat de l'œil
    qui plaide encore un peu d'indulgence
    au moment de suivre la cadence
    et que les pieds s'attardent sur le seuil

    Même dans le vent plein de renouveau
    allant ranimer les parfums du monde
    où les éléments sèment et abondent
    à la faveur de l'humble et du beau

    Je ne vois même alors qu'une absence
    à douter même de l'existence

    matin.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Thomas Berthelon

    #689

  • pigeon-toed whirl

    yow... don't you pidgin me!

    Gaena_pigeons.jpg

    photographie extraite de
    LA CHAMBRE NOIRE
    de Gaëna da Sylva

  • Faux pas, Poucet

    Tout comme à cette vitre un châssis de bois blanc
    en filtre intelligent fragmente le regard
    le rêve est mon arbitre et jauge mes élans
    à l'aune de mes bonds dans le brouillard
    - cet inconscient se levant sur le tard...

    Je saute d'un mot l'autre
    et pense m'y connaître
    Petit Poucet, le nez à la fenêtre

    Ce château, c'est le vôtre
    au bout de la marelle
    des flaques dans la forêt qui ruisselle

    Une étoile électrise
    l'aile d'un vieux corbeau
    prise sous le manteau d'un voyageur

    Et l'idiot anglicise
    les croas de l'oiseau
    par quoi il croit leur donner de l'ampleur

    « Je te tiens, tu me tiens »
    ne lui suffit donc pas ?
    Il crie sur le chemin
    « A captcha! A captcha! »

    Dans sa course brutale
    s'égaillent les cailloux
    Frères, nous ne rentrerons pas chez nous

    PETITP~1.JPGMais c'est un moindre mal
    un festin nous attend
    derrière les fenêtres de bois blanc

    A la table de l'Ogre géant
    fort opportunément absent

     

     

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#71