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paVupApRi - Page 70

  • Marais cher

    Les yeux mieux fermés bouche ouverte
    un nom seul au sang me résonne
    Du magma furieux s’époumone
    en creux, un long silence inerte
     
    L'étoile glacée vibre au loin
    Son amertume rude au cœur
    ne reflète aucune chaleur
    dans ce marais fouillé au groin
     
    Là, respire péniblement
    ma fièvre béante, au nom cru
    parmi les algues sans vertu
    et perdues pour le sentiment
     
    La caresse tendre d'un pleur
    mieux que l'or du fleuve me grise
    et m'assène son expertise
    au moindre semblant de bonheur
     
    Puis, l'alentour et ses fanfares
    m'arrachent le groin du marais
    Quoi pleurer si l'on n'y peut mais ?
    La douleur est un avatar...
     
    Bouche fermée, les yeux ouverts
    le magma qui ronronne au fond
    je me découvre des raisons
    d'aller piailler dans l'atmosphère
     
    Je fraternise avec l'oiseau
    qu'hier, je maudissais encore
    Virtuose de l'anaphore,
    laisse-moi te plumer le dos !
     
    Sur tes lèvres, un nom m'appartient
    dont je révoque les brillances
    pour mieux en habiller l'absence
    et poursuivre seul mon chemin.
     
     
    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
     
     

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  • Célibat, taire

    Il serait un peu tôt, encore
    de parler de franche évasion
    à mesurer l'opposition
    où s'encontrent l'âme et le corps
     
    Le facteur temps - désemparé...
    pianote sur la tendre chair
    sans qu'incidemment l'atmosphère
    en soit profondément marquée
     
    De touche blanche en touche noire
    ainsi varie le sentiment
    aussi le bel alignement
    des certitudes, des espoirs...
     
    À chercher tant de solutions
    l'On se perd dans des conjectures
    oubliant qu'on naît d'aventure
    et qu'il n'est pas d'accord des "On"
     
    Tant de cordes dans ce conflit...
    L'harmonie est hors de portée
    quel que soit des virtuosités
    le déploiement dans la partie
     
    Violon d'Ingre, un violon tzigane 
    aggravé au dos, les maints jointes
    ajuste ce que de là pointe :
    un silence de mélomane
     
    L'orchestre, alors ? N'en parlons plus !
    Ce n'est pas pour manquer d'oreille
    mais donner le la - Ô merveille !
    exige par trop de vertu
     
    Alors, pianoter, ça et là
    sur le théâtre des nombrils
    grève chaque fois son décile
    au facteur d'orgue, Célibat !
     
     
    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
     

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  • Square transe

    Sang nocturne d'orange amère
    de chaque pas noie les échos
    dans la craie teintée d'abricot
    qui m'a forcé le caractère
     
    Quoique né sur la brique rouge
    et le pied cambré au silex
    je n'aime tant lécher le blues
    qu'à-même un fleuve sans complexe
     
    Un pied devant l'autre et l'aurore
    à m'attendre sur la Prairie
    sans entendre ce que j'en dis
    à l'ombre avachie sur le port
     
    Au vrai, c'est encore un mirage...
    Vers qui, quoi, comment avancer ?
    Vers l'Antinomique Corps Sage ?
    Vers l'oubli d'avoir existé ?
     
    Rouler ? Pour quel triste tabac ?
    S'arrêter, mais sur quelle histoire ?
    A quelle distance du soir
    et dans quel obscur agrégat ?
     
    Eh, c'est déjà matin, l'Oiseau !
    Au gris se mêle un nouveau sort...
    Au fond des poches de Godot
    me faut en nicher le trésor
     
    Tout fout le camp, sinon, sans thème...:
    et la gloire des quotidiens
    poussant des hurlements de chien
    et celle à qui dire "je t'aime"
     
    Rêves... désirs... aspirations...
    C'est trop de nœuds pour un mouchoir
    Monotone ! révolution
    qui rechigne sur le pourboire
     
    Ah, le thème... il est méconnu
    comme de Mozart l'assassin
    comme un pli sous le maroquin
    comme sur le nez la verrue
     
    Notification sans appel
    vite glissée dessous le seuil
    raclé le cul de la gamelle
    c'en est fini du Mille-Feuilles
     
    Sinusoïdale tangente
    la trajectoire est sans retour :
    à la nuit succède le jour
    au reflux, la marée montante
     
    Et voici des oranges rais
    les fruits juteux aux songes sûrs
    noyant les échos passagers
    de ma dernière quadrature
     
     
    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • plante à jeûner


    Me suis laissé guider par un œil effronté
    jusqu'au bout de son champ de vision cathartique
    flairer les rudiments d'une autre vérité
    et verser à leurs pieds mes fièvres ataviques
     
    Je suis seul - à présent, loin le dernier regard...
    Je l'aurai bien cherchée, cette frontière intime !
    Je recouds des soleils aux vieux pans du hasard
    et referme après moi quelque porte sublime
     
    Ça grince bien un peu, mais c'est de la musique
    et ça pleut de mes yeux à m'en dorer le cuir
    Cette faim à nouveau, j'en connais la métrique
    et me plante parmi tant d'autres à cueillir
     
     

    fleur

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#210
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  • Cornes à l'agenda

    à Christiane et Eugène
     
    Une goutte de cire a roulé, s'est figée
    sur la bougie aux flancs toujours plus avachis
    Un hiver a passé sur tes cheveux plus gris
    dans un geste attendri, sa main froide et fanée
     
    Tu as rouvert au monde un œil jauni à l'ambre
    quand nos voix ont clamé haut ta révolution
    Ton regard a viré à l'or, sous l'émotion
    et nous a embrassé, chacun dans cette chambre
     
    Une année a roulé, s'est figé dans nos cœurs
    le temps, de la bougie, avait soufflé la mèche
    Et nous voilà, sonnés, comme l'insigne glas
     
    Nous réglons nos soupirs à nos sourdes fureurs
    et joignons nos bougies dans la bise trop sèche
    un triste anniversaire au creux de l'agenda
     
     

    amours filiales

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire  - tiki#209