La maison les yeux clos, la bouche entrebaillée
figée dans la stupeur, m'a fait lever le nez
sous la flamme accôtée à mon bras de fauteuil.
D'abord, je n'ai rien su, que la nuit qui s'effeuille
que j'étais dans l'idée - ayant fini mon deuil,
de me jeter au fond, d'aller lui déflorer
tous les bruissants recoins qu'elle m'aurait offert
comme on se connaissait - pas tout-à-fait d'hier,
et qu'il ne pleuvait plus.
J'avançais mollement dans la gorge nouée
de la maison glacée qui ne respirait pas
ni l'air dans les cheveux défaits de la voisine
(la forêt de Perseigne avec son vin mauvais
depuis qu'on lui a tué son loup, son grand corbeau
et le petit mulot qui lui fisait les pieds)
ni la chair de poussière aux rampes d'escalier.
Je n'étais pas inquiet, j'enfilai un manteau
une écharpe et des gants.
Quand j'entendis, soudain, qu'on marchait, là dehors
- et d'un pas sans effort dans cette obscurité ?!
Ça filait droit devant, sur la maison livide
et je distinguais bien comme ça soufflait fort.
C'est entré, sans mot dire et m'évitant de peu
J'ai entrevu ces yeux; ils étaient comme vides !
C'est allé en cuisine en grognant, tel un fauve,
un vilain sanglier fuyant devant la courre
et puis, ça disparut.
Le mur l'aurait mangé ? Avais-je eu la berlue ?
Mais non ! Dans les fourrés, ça massacrait des branches
après avoir foulé le potager couvert,
au dos de la maison qui pleurait en silence.
En emportant plus loin son étonnant vacarme,
ça ravageait l'hiver avec obstination.
Je restai interdit, un moment, sans raison
caressant la maison, apaisant sa souffrance
et son cœur en alarme.
tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK