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paVupApRi - Page 150

  • Chanson à boire

    MISSDONG.JPG(des lendemains cadastrophiques)


    Souillère ! Souillère !...


    Ah, lendemains d'hiers en vrille,

    l'assassin cui-cui de vos trilles !

    Le marteau de vos clochetons

    a l'insistance du bourdon
    et ça me gave, ça m'encombre
    et me désole comme l'ombre anéantie
    cède la place à l'impétueux aujourd'hui
    où déjà bruissent
    des simagrées le lent ballet qui me met au supplice
    aussi mon noir désir
    et ses frivoles farandoles à folir

    Ah, gambettes industrieuses !

    Etiez-vous pas plus généreuses
    hier encore
    quand nous rendions heureux à la petite mort ?

    Ah, mais ces cloches !

    Trouvez-vous pas leurs timbres moches
    et longs et pleureux et fort niais
    quand se sont tus, digueducu, les cabarets ?

    Et puis les marches à gravir

    (je crèche au Mont des Oliviers)
    la clé dans la porte à ouvrir
    (aux oubliettes, mes viviers !)
    sur le désastre
    qui n'échappe pas aux missives du cadastre

    Oh, Socratès !

    Mange tes gnocchis, c'est l'automne et missa est

    Même pas je la déboutonne

    Tombe la veste
    avant d'aller piquer du nez pour une sieste
    oui, matinale
    Ai tout brûlé de mon dernier met vespéral
    Eh ! ...qui dort dîne !
    pour n'être pas passé par la case cantine

    Quoi, le travail ?

    Il sera temps d'y songer au terme du bail

    Sonne Septembre, hier Août

    m'en aura donné pour mon soûl

    Hé ! Hé !

    Hin ! Hin !

    ...et si l'commerc' va bien

    on s'ra encor' souls d'main !


    tiniak - Ruades
    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • buanderie

    BUÉE.JPG
    Sur le pont va le dernier homme
    la journée qui l'a distancé
    a passé de l'autre côté
    ou se pèlent d'étranges pommes
    cueillies dans de lointains vergers

    Une dense fraîcheur installe

    une avarie de suspensions
    tombant, écailles sur le pont
    et tout ce qui respire mal
    par les rues qui baissent le front

    La lumière peine à se faire

    aussi continue que le lac
    et sautille de flaque en flaque
    en n'osant pas déranger l'air
    dont la nuit ferme le grand sac

    Elle fut là dans la minute

    l'absence qui n'a pas tout dit
    en laissant derrière elle un lit
    navré que sa dernière lutte
    n'y fasse pas  l'ombre d'un pli

    La buée fait à la fenêtre

    une auréole de brouillard
    où s'efface le boulevard
    où du doigt tracer une lettre
    où s'amenuise le regard

    Un bruissement de la chaussée

    évoque un lointain océan
    dont l'ourlet frise en écrasant
    son souffle à l'haleine chargée
    sur le naufrage d'un géant

    Le pont cabre avec insistance

    son arche sur le fleuve sourd
    aux joies comme aux peines d'un jour
    confondu par son indolence
    et son dédain de nos amours

     

    tiniak - Ruades
    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Lien permanent Catégories : °ruades° 0 commentaire
  • balcons fleuris

    BALCON.JPG

    Aux balcons, le fumeur est Auguste
    aussi le petit, pierres, à son flanc
    cependant que, lingère, une femme rajuste
    au dos du tablier de toile bayadère
    habilement le nœud de ses fines lanières
    et se demande juste, à présent, ce qui l'est
    dans ce tableau brossé - disons, pour l'œil artiste
    moins pour la parité... des sexes ;
    il en est que je vexe ou que je tarabuste
    allez, je le sais bien

    Ah, peste ! Peste ! Peste, que cet écrit !
    Mais ne vais pour autant pas retourner ma veste, dis !

    Lors donc, le buste leste et le verbe studieux
    j'affirme, sans conteste craindre - quoi, si peu !
    Oui, le tableau est juste, est, résonne, harmonieux
    écho de ce qui est comme on le voit d'ici
    la grisaille du monde à nos balcons fleuris

    tiniak
    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    29/6/2010

  • À bascule

    Les yeux rivés
    sur la porte close
    sans faire autre chose
    que respirer
    les doigts dans la cuisse plantés
    les ongles faits au verni rose

    Du bout des pieds
    en robe de deuil
    imprime au fauteuil
    un balancier
    qui fait grincer le vieux parquet
    depuis sa place jusqu'au seuil

    Chignon serré
    sur la nuque grise
    la vue s'électrise
    - on a frappé !
    " Entrez donc, qui que vous soyez "
    fait la gorge où la voix se brise

    Le sort est joué
    qui en sait la cause
    n'empêche la chose
    d'exécuter
    son acte sombre et carnassier
    d'intime et violente psychose

    rockinchair.jpg

    tiniak - mes chanSonges
    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Impromptu Littéraire - tiki#81

     

  • nocturne

    HeliosR.jpg

    La nuit n'est jamais complètement seule et nue;
    il y traîne toujours, une étoile après l'autre
    élégamment vêtus, sobres comme l'apôtre
    et réclamant obstinément mon regard ou le vôtre :

    quelque divinité parcourant son domaine
    au regret d'avoir oublié les jours de la semaine

    une ardente jeunesse en peine avec son char

    (il voudrait s'arrêter, allez ! voir la chute d'Icare)

    ultime fulgurance entrant dans l'atmosphère

    des météores le galop fertile et suicidaire

    l'écho mystérieux d'océanes sirènes

    dont personne ici ne sait plus lire la cantilène

    l'écharpe effilochée, l'enfantine espérance

    qu'une âme bien intentionnée lui porte chance

    le drapé rigoureux d'aurores boréales

    orne à septentrion le front de marbres pâles

    l'épais tapis moussu des vastes canopées
    offre à la nuit venue de s'essuyer les pieds

    et la nuit librement laisse sa chevelure
    flotter au gré du vent pailletée de dorures.

    tiniak - mes chanSonges
    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Impromptu Littéraire - tiki#81.