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paVupApRi - Page 113

  • Insomniak

    poésie,ambulatoire,voix au chapitre,insomnie

    Comment mettre à profit le temps supplémentaire
    que m'accorde la nuit éveillée à tout vat
    sans risquer d'approcher toujours plus près la terre
    où je vais reposer quel que soit le combat ?

    Sauter dans un taxi ? Commander au hasard
    de présider encore à ma destination
    et revenir ici, quoi qu'il fût un peu tard
    achever ton sommeil et t'en prier pardon ?

    Quant à la nuit tombée sur mon inadvertance
    je n'ai plus le loisir de la prendre à revers
    - ai déjà recompté mes dernières dix stances
    qui, mises bout à bout, résument notre hier

    J'aime autant éviter de passer pour un pitre...

    Marcher ? Pour aller où m'attendent mes semblables
    avec leurs chants connus des sirènes sans nom
    au pied d'étranges cous pleurant d'oranges sables
    sur le manteau des rues perdues pour la raison ?

    Quant à la nuit venue tirer sous les fenêtres
    des ombres de barbiche allongeant le menton
    je crains moins d'être vu que de m'y reconnaître
    à faire le fortiche une main sur le front

    J'aime autant décliner cette voix au chapitre...

    Attraper un carnet, tout neuf, sur l'étagère ?
    Y griffonner du sens avec implication
    d'intrinsèque jouissance et de ton débonnaire
    en foutant le bordel parmi ses croisillons ?

    Quant à la nuit qui passe, eh bien ? qu'elle s'entende
    avec les francs sommeils ronflant sur l'édredon !
    Ai déjà loué ma place, ai décoré mon stand
    n'attends plus que La Vieille avec son baluchon

    J'aime autant rester là, nez collé à la vitre...

    Je bave un lent demain sur mon dernier buvard
    tandis que le matin minaude à l'horizon
    J'aurai passé la nuit sans y trouver de phare
    récrivant l'aujourd'hui sur le même brouillon

    poésie,ambulatoire,voix au chapitre,insomnieBon, je ne suis qu'un pitre...

     

     

     

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#123

  • impasse

    Gaëna Da Sylva, photographe

    Le temps traverse devant elle
    fagoté comme une hirondelle

    Elle va passer, elle passe
    le vent derrière elle s'efface

    L'écharpe lancée sur l'épaule
    contraste, légère et la frôle

    Je ne l'aurai vue qu'un instant
    D'où vient qu'il me reste, béant
    comme un rêve
    le sentiment qu'un autre temps s'achève

    Sous mes yeux
    s'émousse le pavé
    Il pleut

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Pour une photographie de Gaëna Da Sylva
    "I'm old fashioned" extraite de sa CHAMBRE NOIRE

    Ne manquez pas son RECUEIL disponible ICI

    Lien permanent Catégories : darKroOm 0 commentaire
  • matutinales

    réveil

    Et puis, matin, le rêve laisse en bouche
    un poil de chien, une caresse louche
    un sang d'humeur, un pleur sur le pavé
    où nulle fleur n'aura jamais poussé
    car l'aube est seule et ne dit rien de mieux
    que la rosée qui perle de ses yeux
    cependant le bitume
    n'a pas l'humidité d'où je chope mon rhume

    Et te voici lumière, à ton rythme, ton heure
    pas encore trop fière et cherchant ton bonheur
    dans nos petites misères matutinales
    quand reste un goût amer de ce que carne avale
    et ce, la nuit durant
    qui nous avait promis des mystères chantants

    Alors, c'est le matin; Bon Jour comme un sou neuf
    tu lèves le clampin, le nouveau né, le veuf
    que ça grouille déjà bien à l'abri des murs
    quand les oiseaux de nuit se rangent des voitures
    et tirent la capote
    sur l'aviné soupir, la lèvre qui tremblote

    Je vais la souhaiter bonne à ceux qui viennent
    remettre sa couronne à la semaine
    pour que la journée passe et qu'ils s'en aillent
    jouer de pic et d'as à la bataille
    car l'aube seule est dans mon souvenir
    Leur os en gueule avancent pour finir
    les hyènes et les chiens
    avec leurs panoplies de peine au quotidien

    Voici que la lumière afflue de toute part
    allant croiser le fer avec nos avatars
    Ça brille sur les toits comme au bout des chaussures
    Je ne sais pas pourquoi il faudrait que ça dure
    Je suis tout aveuglé
    les ombres ne me sont qu'havres éparpillés

    Avec la goutte au nez, je gagne ma cambuse
    l'âme et l'œil encombrés du jour et de sa ruse
    Rien n'a vraiment changé depuis que la lumière
    est venue séparer du chaos millénaire
    réveil vacheles draps de noire nuit:
    La terre est un caillou et le monde s'ennuie

     

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • calvadose

    calvados

    Lire sous le gris, bruns et verts
    les caprices de l'atmosphère
    Sentir la mer qui fait le vent
    l'averse et réciproquement

    Et la fumée qui monte droit
    pour tenir le ciel à l'endroit
    où on l'attend, jour après jour
    (qu'il mange l'ombre dans la cour)

    Et l'arbre avec ses bras pelés
    que les moineaux ont désertés
    il crache une toux de corneille
    en écho à celle des vieilles

    Et le fleuve qui ne boit plus
    que l'eau des rivières moussues
    rechigne à courir vers le large
    amer et vaseux à la marge

    Et voici l'autre et son prochain
    qui croisent le regard en coin
    sur le perron des voisinages
    où pataugent les bavardages

    Et puis voici, le rouge aux joues
    cette femme Bien De Chez Nous
    qui piétine, panier au bras
    lippe digne sous le front plat

    Et cet autre panier garni
    cabrant ses formes rebondies
    nargue des blâmes quotidiens
    l'hypocrisie et le venin

    Et s'ensuivent de francs négoces
    qui souhaite prolonger la noce
    qui partir avant le carnage
    arguant de "...force ni que rage"

    Et tant qu'à porter la culotte
    ça vaut son coup derrièr' la glotte
    L'œil a son orbite à l'andouille
    la narine, un doigt qui la fouille

    Et puisque l'Bondieu t'a mis là
    qui sais pas quoi fair' de tes bras
    agite un peu ton gras du bide
    Ne t'en vas donc pas les mains vide !

    Et c'en n'est pas bientôt fini
    de tes yeux de biche alanguie ?
    Tout ça rien que pour s'enfermer
    dans de bohémiennes pensées...

    Et allez ! En avant, musique
    des jérémiades symphoniques
    Beau temps... mauvais temps, tout pareil
    ...à vous massacrer le sommeil !

    Et quoi, en veux-tu ? en voilà !
    du gris, du vert et des frimas
    Que ça n'aillle pas t'empêcher
    d'être à l'heure pour la curée

    Calvados
    soit je m'en fais une idée fausse
    soit je l'habite
    comme son cri de mouette folle m'y invite

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • ornières

    pas,pieds,géant,tiniak,manifeste

    Souvent, je me prends pour cet être que je suis
    cet être à ciel ouvert arpentant les endroits
    d'un monde où la raison régie par d'autres lois
    fait lumière d'étrange et nourrit celui-ci

    Je marche dans les pas de géants méconnus
    Les yeux plus grands que le centre de l'univers
    les mains battant le ciel comme on chahute un frère
    je tombe à chaque trace aux rives décousues

    Mes rimes embrassées, je vais, la bouche sèche
    et recomptant mes pieds à chaque nouveau pas
    (j'en ai deux à l'arrêt; un seul touche du plat
     la terre où l'autre cherche à se faire une crèche)

    Je vois dans chaque trace un puits dans le désert
    mais je mange du sable, de la boue, du feu
    avant d'en mesurer le sage, le précieux
    à verser pour ma gourde et me lier ces matières

    J'étais hier encore au creux d'un pas immense
    à danser comme un fou dans mon rire affamé
    Je ne pus me sortir de ses parois laquées
    sans le mage concours des fées nues de l'enfance

    Un soir que je longeais la lèvre d'une faille
    les chansons et les bruits montant du défilé
    avaient cette harmonie que les pluies de l'été
    savent tirer des sols ivres de retrouvailles

    Peut-être l'avant-veille, au bord d'une aube bise
    j'avais trempé les mains dans des reflets joueurs
    Ils se couraient après - promesses de chaleur
    faisant progresser l'or parmi les ombres grises

    Je suis tombé de haut dans de fines empreintes
    tombé de tout mon long dans de vieux marigots
    tombé sur mes genoux tombés dans le panneau
    pour tomber de fatigue au chevet d'une plainte

    (aussi, je prends le goût des choses périssables
     pour tomber amoureux d'elles à tout instant
     qu'il nous est donné d'échanger un air aimable
     en croisant mes lacets dans leurs pas de géant)

    Et je vais par ici, par là, où long me semble
    être d'éternité le premier étalon
    J'irai dans leurs "allez !", j'irai dans leurs "valons !"
    mon regard de Poucet sur sa branche qui tremble

    Alors j'aurai couru de familiers enfers
    donné un coup d'épaule au rocher de Sisyphe
    applaudi l'opéra d'ombrageux incisifs
    formé le rigodon des sanglots de la terre

    Quand j'en aurai tout bu des litrons z'et des pots
    ronflerai dans des paumes pantagruéliques
    entendrai des lapins hoqueter "hic ! mes triques..."
    et des rhinocéros exiger le huis clos

    Pour une ultime fois, répondant à l'appel
    de trompettes enjouées, de guitares marines
    j'irai piquer du nez dans quelque autre ravine
    au moment opportun... selon ma ritournelle...


    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    "...orne hier " pour un Impromptu Littéraire - tiki#122