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paVupApRi - Page 116

  • La chambre de l'oubli

    Une pièce encombrée de choses disparates
    qu'harmonise de bruns le déclin d'un long soir
    Des cadres s'y renvoient des reflets d'acétate
    dans un plan rigoureux au jeu aléatoire
    où des sujets connus aiment traîner savate
    par les lignes de fuite aiguillant les contours
    et d'autres, plus récents, préfèrent jouer petit
    (aurais-je enfin trouvé dans ta photo jaunie
     la chambre de l'oubli où figer mon parcours ?)

    Angles et arrondis se font des politesses
    pour s'offrir un abyme à mettre en perspective
    avec la porte ouverte à ces délicatesses
    que figurent l'arrêt d'une danse lascive
    l'ivoirin velouté à l'intime souplesse
    le brumeux dégradé d'une fatale errance
    la courbe résignée dans sa pose immuable
    la poussière imitant le grammage du sable
    et le pli d'un cheveu accordant ses brillances

    Le regard éperdu s'amourache d'un rien
    balle folle aux rebonds qu'orchestre le hasard
    pour la chromaturgie de l'empan rétinien
    passe d'une vision à l'autre, puis s'empare
    d'un rayon lumineux, d'une ombre et s'en revient
    prendre plus largement mesure de l'ensemble
    que la vie occupée à ses débordements
    quelque part à l'entour reste un oubli béant
    tant que l'œil à l'affût est à ce qui lui semble

    gaëna da sylva

    (aperçu d'un clic)

    tiniak ©2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré par une photographie de Gaëna Da Sylva
    "L'exposée..." extraite de sa >CHAMBRE NOIRE<

     

  • joyeux noème

    thierry hoyau

    Étire-moi la vue jusqu’à ce point précis
    qui réfute l'ennui et propage l'essence

    À ce point d’évidence où les bruits et les murs
    égalent de l'azur la sereine clarté

    Même les yeux fermés, accuser du regard
    le prochain avatar d'un songe aventureux

    Absurde et lumineux, dans cette contention
    qui porte la raison à vibrer comme un rire

    Au moment d'aboutir et de t'apercevoir
    je ne veux rien savoir que le bonheur d'y être

    À l’endroit de te reconnaître

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : Thierry Hoyau, Penseur - 2010

  • Dix heurts (de bonne aventure)

    promenadeT'ayant aimée trop tard
    au matin, je suis parti tôt
    pris mon chien sur le boulevard
    il fumait dans les caniveaux
    des restes de brouillard
    pâlot

    En tête une chanson
    nette et plus filée qu'une dague
    aiguisait mon aspiration
    à tout prendre pour une blague
    comme à ce vieux moignon
    ma bague

    Ça ! le chien tirait fort...
    aussi j'accélèrai le pas
    Souverainement le décor
    rehaussait mon anonymat
    dont j'aggravais encore
    le cas

    Je libérai mon chien
    Il flaira l'ombre et l'alentour
    mais n'en dénichant rien
    vint me rappeler mes encours
    à l'ordre mitoyen
    du jour

    Parvenus à l'hôtel
    où nous séjournions en transit
    lui ai redoré la gamelle
    me couchai, m'endormis bien vite
    en remettant au ciel
    la suite

    L'après-midi me prit
    en flagrant délit de sueur
    Avais-je enfin compris
    être passé près du bonheur ?
    En rêve, t'ai souri
    mon cœur

    La nuit tenait son quart
    quand je m'épongeai le cerveau
    Il pleurait sur le boulevard
    les reproches d'un mot de trop
    que se met le buvard
    à dos

    Le chien voulut sortir
    et comme à son accoutumée
    sillonna l'orange à loisir
    sous les lampadaires coudés
    J'étais à son empire
    rôdé

    Voici que le trajet
    nous conduit au seuil de l'histoire
    où je reconnais mon Poucet
    désemparé, à son perchoir
    que d'un coup de sifflet
    fais choir

    Rattaché mon canin
    à cet anneau devant ta porte
    je veux forcer notre destin
    avant que le désir n'avorte
    J'attends ici qu'enfin
    tu sortes

     

    walking the dog

    tiniak - Ruades © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki #118

  • Par tant de printemps

    Camille PISSARO, 1897

    Saturé de fornications
    l'air est une orgie ambulante
    et navre les respirations
    sous des frondaisons de bacchantes
    squatte les poumons, s'agglutine
    futur crachat sur le trottoir
    glaireuse angine de poitrine
    ...fécondités au désespoir

    C'est le printemps du pleurnichard
    privé de sa montée de sève
    raturant au papier buvard
    "cent noms de femme, une seule : Ève"
    Saison propre aux élans précaires
    trôt top fleurissent aux terrasses
    les tentations de prendre l'air
    que saisissent des seins de glace

    La jupe accusant le genou
    Bourgeoise a l'allure estivale
    que dément serré sur le cou
    l'écharpe de laine en spirale
    Faute de goût précautionneuse
    ne te découvre pas d'un fil
    que par ta moue libidineuse
    ne soit pas trahi ton nombril

    Le Chaperon Rouge à Berlin
    crève des ballons de baudruche
    qui attendent le prochain train
    vers leurs alvéoles de ruche
    Paris troque sa fleur de lis
    pour des tulipes d'Amsterdam
    inspirant le dernier caprice
    de ses modistes d'aspartam

    C'est le printemps à son affaire
    (de promettre des jours meilleurs)
    tout aspire à tuer Hiver
    (comme ce truc de changer l'heure)
    Les cendres de Caramentran
    collent aux pas du jardinier
    Les jeunes pousses de ses plans
    frissonnent tout leur février

    Le moindre carré de ciel bleu
    appelle des béatitudes
    à louer les yeux dans les yeux
    cernés de promptes lassitudes
    Les nuages font à dessein
    des arabesques compliquées
    que pointent du doigt les bambins
    à travers des vitres fumées

    C'est le printemps aux lents mirages
    avec un soleil trompe-l’œil
    gravé sur un ciel de voyages
    dont les vents repoussent le seuil
    aux limites du souvenir
    pour un plateau de mise en scène
    où il fera bon s'attendrir
    en se narrant des madeleines

    Saison mère des chauds effrois
    dégouttant vers le bas du dos
    depuis tous les fronts en beffroi
    - maisons-mères des mots de trop,
    à la vue de tes renaissances
    un reproche se fait connaître :
    elle est bientôt finie la danse
    dont le printemps reste le mètre

    tiniak - Ruades © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : détail de Boulevard Montmartre au printemps, 1897 (Camille PIssaro).

    Lien permanent Catégories : °ruades° 0 commentaire
  • lumineuse-m'en

    light, please!Éclairé... bon, c'est bien, c'est sûr
    pour voir un peu plus loin - tes yeux ?

    Ébloui, je préfère
    aveugle, on entend mieux
    comme vibrent la terre et l'homme
    ensemble dans les cieux

    car voir,
    quel désespoir !
    La misère est partout
    insupportable avec ses Malgré Nous

    Mais écouter,
    quel pied !
    D'abord, il faut se taire
    qu'alors surgissent de chantants mystères

    Est-ce de l'eau qui coule et roule des cailloux ?
    Est-ce dans le vent le bruit claquant des bambous ?

    Est-ce ta main dans l'ombre attrapant un mouchoir
    ou ton pas feutré avant le baiser du soir ?

    Était-ce un cri d'oiseau ? de souris ? du pipeau ?
    la grille mal fermée du square ? de l'enclos ?

    Ça, je le connais bien, c'est le soupir du chien
    non ? peut-être, après tout, n'était-ce que le mien...

    Alors, bon... lumière ! Lumière !
    mais pas de la bougie
    pas de ces feux d'enfer pour malappris

    Mais total éblouissement
    Lumière à l'infini semant
    pour nos béatitudes fragmentaires
    l'éclat d'apocalypses éphémères

    open the gates

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK