Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

paVupApRi - Page 114

  • paisible à l'auréole

    ondes

    Passe, fleuve au lent cours et aux arbres fidèle
    avec ta majesté placide et généreuse;
    moi, mon vin tristounet et mon âme pleureuse,
    à te voir sous nos pieds, changeons de ritournelle.
    Va, nous t'en savons gré !

    Pour la belle cambrure et les solides pierres
    de son enjambement sûr et inamovible,
    j'aime arpenter ce pont en me donnant pour cible
    d'atteindre à l'autre rive une pensée plus claire
    - un nouveau lent demain ?

    Le vent qui s'est levé prend le fleuve à rebours.
    Les claveaux ciselés du pont sifflent son air.
    Je l'entends me souffler le regain des amours,
    mon pas dans sa cadence.

    Sur la rive opposée, se caresse le saule.
    Avec ses bras croisés, il masque son sourire
    (il m'aura, maintes fois, vu regagner ma piaule
    à des heur's pas possibles !).

    Alors, c'est dit ? adieu, ma peine, ma langueur ?
    Je jette du gravier dans le contre-courant.
    Je me sens si léger que son furtif éclat,
    paisible à l'auréole.

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Ici s'achève le recueil des "RUADES" (na!)

    ondes

    Lien permanent Catégories : °ruades° 2 commentaires
  • bercerie

    L'esprit des morts veille,Gauguin,tiniak

    Je ne dors jamais si bien
    qu'avec La Camarde
    qui me caresse la main
    quand la nuit s'attarde

    Avec à ses pieds mon chien
    lui léchant la jambe
    mon lot de quotidien
    qui pleure à l'ïambe

    Un souffle d'aile et je viens
    sous son cheveu saule
    regarder battre son sein
    depuis son épaule

    Dormir ne me serait rien
    sans la voix fidèle
    aux songes les plus anciens
    dans sa ritournelle

    Chaos antédiluviens
    ou Monts & Merveilles
    je ne dors jamais si bien
    qu'en sa longue veille

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Illustration :
    L'esprit des morts veille
    Tableau de Paul Gauguin (1893)

    Lien permanent Catégories : poLésiaques 0 commentaire
  • frisson roche

    janis joplinSous la pression d'une rage intense, fébrile
    sa voix de roc se brise
    murmure, pulvérise
    une volée de gravier, de grenaille
    de ce chantier dans ses entrailles
    d'où le désir impuissant, la furie
    le disputent à la mélodie

    Le soubresaut d'un pleur
    qu'évapore une vaine ardeur
    la tient, l'effleure
    qu'agite sous son sein et meurt
    - cette vive douleur : il faut... il faut !
    vaille que vaille que dure le show

    Elle n'aura sans doute pas
    deux fois seize ans dans d'autres bras
    que ceux de la fatalité
    qui fige les célébrités
    de son ère
    dans une apparition éphémère
    comme en leur jeunesse illusoire le sont
    toujours la flamme et le frisson

    ***

    Page tournée, rendu au monde
    un frisson meurt dans la seconde

    ***

    Mes doigts font vibrer ta corde intime
    voici que nous touchons au sublime
    accord
    des sens

    Oh,
    qu'un songe même en prolonge la danse
    encore
    un peu
    puisque tu ne me rouvres pas tes yeux

    ***

    Ce n'est pas l'écho
    ce pas dans mon dos

    Ce n'est pas toi qui me suis
    mais ce fantôme que je fuis

    ***

    Éponge-moi l'essence
    ma fièvre
    ma transe

    Je sue à n'en plus pouvoir
    Au coin des lèvres
    un Gai Savoir
    transpire
    la chance
    d'en connaître cette évidence :
    la vie est un frisson
    semblable à l'ultime abandon

    tiniak - Ruades © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki #121

     

  • Regards croisés

    couacJe renoue ici avec l'intention première qui m'a conduit à produire des textes sur le site des Impromptus Littéraires. Leur titre a de quoi faire frémir ceux et celles qui ont cette (fâcheuse !) manie d'introduire leurs écrits en ligne par cet adjectif dévalorisant : "petit".... Mes petits écrits, mes petites pensées, mon petit coin... La porte, ouverte GRAND chez les Impromptus Littéraires, devrait afficher : ici rien de petit, tout compte !


    Une fois les clés de la maison déposées dans le petit bol de l’entrée d’où il les avait prises, Jésus rentrait, les mains, les poches et le portefeuille vides, comme prévu. À l’invite des boudins du boudoir de son ami Thorgal chez qui il séjournait, il s’affala lourdement, la tête pleine, elle, de pensées nouvelles.
    C’avait été une bonne idée de faire ce périple nocturne et citadin, dans cette ville capitale qu’est Paris. Les bars du coin regorgeaient de clients éclectiques, avec tout ce qui peut s’y trouver de pittoresque ou de pitoyable, d’amusant ou d’anodin, d’engageant ou de futile. Il n’aurait pas dû, mais il avait bu, seul, avec d’autres. Il avait bu tout ce qu’il s’était autorisé à prendre avec lui comme monnaie ; avait discuté, un peu menti sur son passé, évité le sujet de la santé, ri avec de joyeux drilles et chanté avec un certain Momo, péroré sur la fin à la table d’étudiants en droit commercial et fredonné en rentrant à pied. Oui, vraiment, une bonne soirée. L’ivresse le rabibochait avec sa propension à rimailler sévère. Il griffonna pendant près de deux heures sur son carnet, mais cela ne le distraya pas complètement de son problème. Son problème, c’est son manteau. Son manteau avec ses poches pleines, son portefeuille garni, son col qui lui assure un port de tête des plus convenables, sa poche droite avec ses gants de cuir, bref, son incomparable confort pour arpenter les rues et prolonger jusqu’à l’oubli sa soif d’ivresse.

    À l’autre bout du monde, Thorgal se relevait péniblement d’une nuit passée avec des abrutis fortunés, mais dont il avait obtenu l’essentiel de la levée de fonds qu’il était venu chercher. Les restes de la fin de soirée avaient été discrètement débarrassés de la suite par le personnel de l’hôtel, filles exceptés, dont deux dormaient dans son lit et deux autres dans le canapé d’angle du séjour.
    Thorgal devait son prénom à l’amour indéfectible de son père pour une bande dessinée qu’il affectionnait depuis son enfance, mais la comparaison s’arrêtait là : il était du genre chétif et n’avait de guerrier que son sens des affaires et son appétit sexuel. L’argent et le sexe se conjuguant pratiquement de façon naturelle dans les sphères de son milieu entrepreneurial et financier, on peut dire que Thorgal avait efficacement réalisé ses désirs et satisfait largement à ses besoins vitaux. Une chose le taraudait, cependant : avait-il été judicieux d’offrir à son ami Jésus de séjourner dans sa maison parisienne ?
    Il connaissait Jésus sur le bout des ongles, savait ne rien devoir en craindre pour lui-même, mais il était d’autant plus conscient de la formidable capacité de Jésus pour saccager, à plus ou moins long terme, tout ce qu’il approchait. Sa dépendance à l’alcool n’arrangeant rien à cette disposition foncière. Or, le quartier parisien où Thorgal était propriétaire rassemblait toutes les conditions propices aux excès de son ami Jésus.
    Jésus n’était pas méchant – avec un nom pareil ! mais il était sensible, à l’extrême. Et dieu (oui, bon, admettons) sait ce qui pourrait le conduire à se lancer dans une de ces croisades absurdes dont il avait le secret.

    Le regard de Jésus, revenu dans le corridor de l’entrée, oscillait entre son manteau et le bol contenant les clés de la maison de Thorgal.

    Le regard de Thorgal hésitait entre le téléphone et le couple de femmes enlacées dans le canapé.

    Il ne faut jamais dire « m’en fous ! ». Surtout quand on est seul avec soi-même.

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire -
    tiki #120

  • brasero

    Ah ! faut-il que vous mouronniez,
    brandons obstinés au foyer
    quand je cherche à prendre le frais le long du fleuve

    C'est assez de m'être - à l'épreuve
    et de façon contemporaine,
    une impression que la semaine est un bourbier

    Hier, encore à son miracle
    je me suis rendu au spectacle
    où j'avais promis de venir à tire-d'aile

    Je la vis, les yeux plus grands qu'elle
    confondre surprise et plaisir
    ("...comme jamais à l'avenir" souffle un oracle)

    Dans son regard, entièrement
    je me tenais comme un géant
    (amour se conjugue au présent, me sembla-t-il)

    Quoi de plus plaisamment subtil
    que d'avoir tenu sa parole
    et d'en partager la joie folle avec l'enfant ?

    Lumineuse dans son costume
    aussi gracieuse que la plume
    défiant les gravités d'enclume de nos âges

    une magie à son ouvrage
    aura goûté au feu sacré
    par quoi, de l'acquis, de l'inné, tout se résume

    Finie la représentation
    soldées toutes les émotions
    voici que me reprend au fond comme un orage

    Au ciel pourtant, aucune rage
    c'est à l'interne que je brûle
    ne m'accordant plus de recul que de raison

    Comment défaire mon entier
    de ce mystère de brasier
    que d'un rien vous enflammeriez, songes tenaces

    La vie n'est pas si dégueulasse
    qu'il n'y ait lieu de s'en réjouir
    auprès du fleuve où rafraîchir son coutumier

    trapèze

     tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    (pour toi, ma fille, cette 950ème note)