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paVupApRi - Page 115

  • dédicace

    Menton sur le genou plié
    le nez à la vitre glacé
    à la fenêtre
    celle qui la fit disparaître
    à son insu
    Petit Poucet, tu n'entends plus
    que d'une oreille
    Les mamans et papas qui veillent
    poussant leur refrain du moment
    toi, jusqu'à l'étourdissement
    tu t'en combles

    Elle a disparu en plein jour
    la nuit ne l'a pas ramenée
    ni joyeuse, ni fatiguée

    the mamas and the papasSa voix seule est restée en place
    obstinée dans la dédicace
    parmi la réverbération
    excessive dans sa façon
    la basse
    et cette rime qui s'attarde
    que la choriste nasillarde
    qui prie baby
    parce qu'elle est dégueulasse
    la vie

    La nuit a passé
    - c'est un comble !
    une main dans les cheveux, sombre

    L'aube est venue
    - a chassé l'ombre,
    de ses rais de lumière franche
    vive gigue parmi les branches
    border la rue d'un vert dimanche

    Pourquoi se mettre chaque nuit
    à ce moment d'aller au lit
    à invoquer l'inaccessible ?

    EP67r_dedicated.jpgQuand sur la pochette flexible
    sourient Les mamans et papas
    dont le refrain ne varie pas
    d'un iota sur le tourne-disque
    chante "prie, Poucet ! quoi tu risques ?"
    et revient, lui
    donner le change à cet an-nuit

    L'heure la plus sombre prend fin
    avec la venue du matin
    chante, Poucet
    pour les cailloux sur le chemin de la forêt

     

    poucet

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • tempi

    apaches,ParisLe temps... Le temps... mais qu'est-ce ?
    Considérant celui d'une vague caresse
    polissant la surface au dos d'un galet rond
    celui du météore au flanc de l'horizon
    passant inaperçu dans le jour qui paresse
    où vivre ?
    À ce moment près d'elle seule ? dans son livre ?

    Temps passés ou futurs n'êtes à l'aujourd'hui
    que reliquats obscurs, rêves inassouvis
    - mêmes, imaginaires...
    C'est d'ici, maintenant, que je prends le parti
    d'en faire
    un endroit familier où je vais prendre l'air
    du temps
    tel qu’il me plaît vraiment

    Me voici dans Paris croisant un éléphant
    connu de mes amis et de moi seulement
    à cette heure
    (où l'On craint le hulan cantonné à demeure)
    et qui sera bientôt des plus problématiques
    quand l'ère aura versé d'Empire à République

    Trois Jules vont venir au devant de la scène
    arracher les marmots à la mine et aux champs
    pour les jeter sitôt brailler "Allons z'enfants !"
    sur les chemins de gloareu...
    Sans faire autant d'Histoire de France
    moi, je n'en aime qu'un pour tout ce qu'il balance
    et prône au Décadent sur les quais de la sienne
    de Cène

    L'à-présent me taillade et son vent libertaire
    me prêtera sa main pour entrer en enfer
    comme on va d'un bon coup achever la semaine
    passant à la revue des deux mondes le seul
    qui vaille
    de souiller nos linceuls aux fruits de nos entrailles

    Sorties des toits bourgeois dont les cheminées fument
    grisant le ciel joufflu, des colonnes d'écume
    plombent, empestent
    l'âpre souper frugal des demeures sans restes
    la voisine repue sous son mari trop gras
    le paternel inceste
    la poularde
    qu'arrose de son jus la bonne - campagnarde !
    la suée des dortoirs
    et le vieux saucisson pourrissant sous les draps
    qui finiront charpies paquetées aux armoires
    sanitaires
    et panseront les plaies de trop pauvres misères

    Des fenêtres les pianos las
    pleurent des doigtés réfractaires
    à ces mélodies populaires
    qui romancent les célibats

    Dans cette vaste fourmilière
    au quotidien
    je bade un art à son affaire
    aussi mon chien
    relevant la piste tracée
    par les humeurs
    d’artistes battant le pavé
    jusqu’à pas d’heure

    C’en est fini du bon Parnasse
    levons haut le vers libéré
    sur le boulevard Montparnasse
    les apaches vont défiler

    Jusqu’à pas d’heure, alors c’est dit
    tandis qu'auprès de moi tu lis
    je rêve encore et reste ici


     

    APACHE.JPG

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi Du Samedi #152

    Illustration (médaillon), d'après Gary R. Benson

     

  • lamantin

    lamantinEntre deux eaux frottant son ventre à la verdure
    dans la douce chaleur du fleuve amérindien
    avec sa grâce lourde et son œil enfantin
    enviable paix selon sa nature
    massif, un lamantin me venait à l'esprit
    tandis que j'observais deux ou trois malappris
    dépouillant un mendiant de ses chaussures

    Accoudée au balcon, sur la rue d'Amsterdam
    attendant la fraîcheur qui tardait à venir
    une jeune beauté cabrait son port empire
    expirant des bouffées de vague à l'âme
    sur la place un pigeon, sale et unijambiste
    fuyait ses congénères lancés sur sa piste
    lui disputer un sandwich à l'edam

    Remettant à demain mes notions de civisme
    me suis contenté de nature à l'isthme;
    pourquoi je retournai au fleuve amérindien
    gratter le ventre du bon lamantin

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

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  • acte de foi

    mains-livres.jpgQuel qu'en soit le mirage un poème a du sens
    à rimer à la page en verbe volontaire
    hommages à la joie et peine atrabilaire
    apprêtant son message à d'autres résonnances

    Quelle soit rigoureuse ou comme échevelée
    (selon l'art ou l'humeur et peut-être l'instant)
    sa métrique est l'écrin où loge le présent
    dont vibre à sa lecture un éclat policé

    Le récit est ailleurs, car ce qui est écrit
    sert une diversion avant que l'essentiel
    jaillisse pour chacun selon sa ritournelle
    (éminente ou secrète, elle s'entend d'ici)

    Le rire a des pudeurs qui mordent jusqu'au sang
    Au silence, l'acier des roulements à billes
    à la ponctuation, des manières de fille
    vont pour aller de soi

    Tout ce qui fait surface a le fond odorant
    et rameute à l'esprit la recette oubliée
    dans un jeu de lumière éblouie d'être née
    comme un acte de foi

     

    tiniak - Ruades © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Tour la ville

    Ach, Paris !

    La ville est à mes pieds comme un tapis d'éveil
    ma plante semelée y prend des sensations
    en passant du bitume au pavé à dos rond
    s'empare du récit des quartiers en sommeil

    Avec sa féérie pailletée au cordeau
    un jeu de construction pointe ses dentelures
    rythmique allant au ciel titiller la courbure
    pour donner la mesure à de vieux oripeaux

    Ses enfants de minuit ont toujours le même âge
    Leurs genoux sont usés aux semblables motifs
    qui auront inspiré leurs cultes intuitifs
    animant le ballet de leurs fébriles rages

    Quand la pluie rafraîchit la chaussée de sa traîne
    ils savent les endroits où se mettre à l'abri
    et ranger au placard le carnage accompli
    en grand anonymat pour les gloires urbaines

    La nuque fatiguée, éteint le lampadaire
    garde pour lui les songes encyclopédiques
    tirés de la vision qu'offre son œil unique
    des segments citadins à leur hebdomadaire

    Il faut s'en éloigner pour la croire figée
    la comédie urbaine aux fausses ordonnances
    que ses lignes de fuite et ses protubérances
    donnent à l'œil artiste en pâture - à regret ?

    J'y vais mon baladin en mode automatique
    promener - vous savez : mes canines humeurs,
    et joindre à ce concert bourgeois mon propre chœur
    dans l'idée de nourrir ma grise polétique

     

    tiniak - Ruades © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki #119

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