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poésié - Page 50

  • La maison violée

    Défi du Samedi

     
    La maison les yeux clos, la bouche entrebaillée
    figée dans la stupeur, m'a fait lever le nez
    sous la flamme accôtée à mon bras de fauteuil.
    D'abord, je n'ai rien su, que la nuit qui s'effeuille
    que j'étais dans l'idée - ayant fini mon deuil,
    de me jeter au fond, d'aller lui déflorer
    tous les bruissants recoins qu'elle m'aurait offert
    comme on se connaissait - pas tout-à-fait d'hier,
    et qu'il ne pleuvait plus.
     
    J'avançais mollement dans la gorge nouée
    de la maison glacée qui ne respirait pas
    ni l'air dans les cheveux défaits de la voisine
    (la forêt de Perseigne avec son vin mauvais
    depuis qu'on lui a tué son loup, son grand corbeau
    et le petit mulot qui lui fisait les pieds)
    ni la chair de poussière aux rampes d'escalier.
    Je n'étais pas inquiet, j'enfilai un manteau
    une écharpe et des gants.
     
    Quand j'entendis, soudain, qu'on marchait, là dehors
    - et d'un pas sans effort dans cette obscurité ?!
    Ça filait droit devant, sur la maison livide
    et je distinguais bien comme ça soufflait fort.
    C'est entré, sans mot dire et m'évitant de peu
    J'ai entrevu ces yeux; ils étaient comme vides !
    C'est allé en cuisine en grognant, tel un fauve,
    un vilain sanglier fuyant devant la courre
    et puis, ça disparut.
     
    Le mur l'aurait mangé ? Avais-je eu la berlue ?
    Mais non ! Dans les fourrés, ça massacrait des branches
    après avoir foulé le potager couvert,
    au dos de la maison qui pleurait en silence.
    En emportant plus loin son étonnant vacarme,
    ça ravageait l'hiver avec obstination.
    Je restai interdit, un moment, sans raison
    caressant la maison, apaisant sa souffrance
    et son cœur en alarme.
     
     
    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
  • Rouge heurt

    Voici les yeux rougis
     
    Le bouquet, de la main
    sur le sol a pourri
    quand s'est tu le refrain
    - de la meilleure école !
    qui n'émeut pas la folle
    et sa fièvre insatiable
     
    Voici le feu sans nom
     
    L'histoire à l'heure dite
    ravageant les encours
    avec, en point de fuite
    un sinistre contour
    équarrissant le jour
    de son humanité
     
    Voici qu'il pleut du vin
     
    La nuit de chaque chose
    de l'est à l'occident
    dévore les osmoses
    et roule un vaste ran
    où se perdent mon chant
    et ton ultime cri
     
    Aussi, je verse
    un bouquet rouge feu
    pour le vin de tes yeux
    que piétine le cours
    imparable du jour
    que mangera le soir
    à la table dressée au-devant de l'histoire
     

    winter rose

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 
  • apostasie

    L'ivresse goûtée mot à mot
    Le regard à l'offre éternelle
    Le sourire au bas de l'échelle
    Le pas confiant, par monts, par vaux
     
    L'histoire inventée par l'aurore
    L'horizon comme un lent soupîr
    Le géant tiré du nadir
    Le chant luisant du fleuve d'or
     
    Le rêve aux portes de l'oubli
    Le continent plus loin, ce soir
    La peur laissée dans le couloir
    L'élan fragile de l'esprit
     
    Le salut prodigieux d'un psaume
    La paix sereine du pardon
    La très singulière chanson
    La main entière dans la paume
     
    Le serment exempt d'hypothèque
    L'épaule couverte d'un bras 
    Le tonnerre ourlé dans la voix
    L’œil plus frais qu'un jus de pastèque
     
    J'ai tout perdu à ton départ
    pourtant que tout reste à portée
    du goût, du toucher, du regard
    de l'odeur prise à l'oreiller
     
    Dans le désert de ton absence
    qu'étale un ciel sourd et muet
    je me cherche une autre évidence
    à la présence des nuées
     

    poésie,impromptus littéraires,abandon,pastèque,apostasie,ovni

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
  • Jeu d'assiettes

    chair;childhood,old,granma,granpaProprement assis, l'enfant rêve...
     
    Ses pieds ne touchent plus le sol 
    Il lève les yeux; il décolle 
    des pans de mur, le laid 
    qu'il jette au Vent Mauve, et 
    peint le plafond à ciel ouvert 
    jusqu'à ce qu'il soit tout couvert 
    du rose et monstrueux ballet
    de son plus fabuleux bestiaire 
    et son jeu préféré à tant 
    et tant de tristes jouets l'attend 
     
    Autour de l’œil en pleine forme
    son corps va devenir énorme
    et bientôt se cogner à tout
      l'encombrement des choses
      la mesure du coût
      d'un pleur à l'eau de rose
      l'obscure et vaste vacuité
      d'une parole dévoyée
      aux trompeuses promesses
      drapées de soyeuses caresses
     
    La chaise a grandi avec lui
    Le refuge de tous ses deuils
    lui ouvre ses bras de fauteuil
    où loger le fond de l'ennui
    et tirer du feu mouronnant
    sous la cendre du cheveu gris
    quelque heureux brandon que l'enfant
    demeuré sous les plis
    de la carne affadie
    sut nourrir à travers le temps
     
    d'une vie
    assise, seule et sagement
    sur son trône de rêve, ici...
     
     

    Val Tilu,photographies

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration (ci-dessus), composée d'après une photo de Val Tilu

    russian dolls

  • Retour en grâce

    Avalée par le mur se tient la porte close
    Au pied de l'arbre un fruit tombé depuis hier
    Une étoile accusée par quelques nuées roses
    Le ciel tend son miroir à l'océan, la mer
     
    Dans un oubli malingre une idée s'est perdue
    Sur la page aucun mot ne vient lécher la ligne
    Des yeux abandonnés à jamais par la vue
    dont nul ne lira plus comme la vie fut digne
     
    L'avortement d'un cri n'inquiète pas le jour
    pas plus que sur l'épaule un geste qui renonce
    ni la question posée demeurée sans réponse
    ni la mélancolie d'un trop ancien amour
     
    Et pourtant, je le sens, le bruit va me surgir
    quand j'en aurai assez de contraindre mon cœur
    Je serai le vacarme neuf de mes ardeurs
    dans un monde étonné par mes éclats de rire !
     
     

    inception

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un impromptu littéraire - tiki#197