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poètes - Page 2

  • verbes hauts (pqr)

    plaire :
     Il me plaît qu’il ait plu avant la nuit venue
     étouffer dans la gorge mes songes
     le pavé roucoule un mensonge
     au brillant d’une lame nue
     
     Tu n’as pas reparu et ne paraîtras plus
     trottinant vivement dans le square
     à ton cou la tulipe noire
     vague de jais borde l’écru

     Ainsi ai-je connu que tu ne l’aimais plus
     notre fol écrin de turbulences
     où nous apprivoisions la danse
     enivrés de chair et de jus

     Il pleut encor, mon cœur, sais-tu ?
     et longue la nuit commence
    ; être agréable au point de séduire et réciproquement.
    - Si le mot plaire ne vient pas seulement du mot plaisir, mais du mot biche en émoi, du mot amande en fleur, Alcmène, tu me plais [Jean Giraudoux].

    quitter :
     Pour une gorgée d'hydromel
     pour un plongeon dans l'aube bleue
     pour un envol parmi les fous
     pour un vers dit dans le marin

     Pour une simple goutte même
     pour un seul rais entre les yeux
     pour un semblant de duvet doux
     un dernier cri de mon chant plein

     Boire à la source de ton sein
     jaillir depuis la rive atlante
     raser la paroi des falaises
     être un écho à ton appel

     Plutôt que de damner un saint
     plutôt que revisiter Dante
     plutôt qu'un saut dans la fournaise
     puisqu'il n'est de péché mortel :

     je me quitte

     Le goût du sang m'est odieux
     mais le vertige délicieux
     c'est les mains riches de parole
     que je veux vivre libre et fol

     et m'être quitte
    ; ne laisser pour solde de tout compte que la résolution à l’absence et celle de dettes.
    - Fais-moi quitter mon corps visible (…) / Ma vie est le rêve d'un rêve / Hanté de fantômes trop tendres[Léon-Paul Fargue].

    révoquer :
     Deux tableaux se font face
     l'un grisonnant, l'autre vivace ;
     ce qui se passe entre eux
      - je l'observe, ne saute pas aux yeux
     et comme ils parlent peu
     il me faut deviner leur dialogue discret
     
     Le naturel de l'un semble incommoder l'autre
     dont le sourcil arqué, torse, froissé, se vautre
     sous la paroi exsangue du front inquiet
     grogne, rogne à la base du nez la trogne
     d'un coup de griffe de jais

     appelons-le Visage
     (malgré son teint de pitre)
     
     Une France de rois pourrait mener sa courre
     par les allées du bois que celui-là présente
     à travers les frimas une frondaison lente
     révoque le regain de plus franches amours
     dans l'or timide et pâle d'une aube naissante

     nommons-le Paysage
     (d'ailleurs, c'est dans le titre)

     Comme tout les oppose
     je ne sais pas trancher où va ma préférence
     à cette austère pose ? à ces luminescences ?
     je n'ose... je balance...

     Tu m'es plaisant, Visage, avec ta mine sombre
     il y a du ridicule à ta colère noire,
     tandis que ta tristesse nourrit quelque espoir
     forêt de Paysage où s'effacent les ombres

     Je ne veux pas choisir, laisse ouverte la porte
     et mon âme bondir dans ces natures fortes.
    ; rappeler à son (bon ?) souvenir ; où renier n’est pas jouer.
    - Plus je me tais et plus je suis marrie, / Car ma mémoire, en pensant, me révoque / Tous mes ennuis, dont je me moque [Marguerite de Navarre].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

    (ié soui fou dé) sula bassanus

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • verbes hauts (stu)

    savoir :
     A quoi bon dire ce que l’on sait
     quand il nous faut toujours apprendre
     et qu’il reste tant à comprendre
     et qu’on n’atteint jamais le vrai.
     
     J’aime autant redire ce que je vois
     ce que je ressens à travers toi
     ou ce que je peux toucher du doigt…
     De toutes ne prends qu’une loi :

     «  Je sais bien que je ne sais pas »

     Mais : je rêve ; il me semble ;
     et : si nous marchions ensemble.
    ; c’est selon, croire ou connaître, grâce ou vanité de l’être.
    - Je ne sais en quels Temps c'était, je confonds toujours l'Enfance et l'Eden [Léopold-Sédar Senghor].

    tancer :
     Pan ! Pan ! Cul ! Cul !
     C’est la danse, c’est la danse
     Pan ! Pan ! Cul ! Cul !
     C’est la danse des fessues
     
     Cul ! Cul ! Pan ! Pan !
     C’est la ronde, c’est la ronde
     Cul ! Cul ! Pan ! Pan !
     C’est la ronde des nian-nians

     Tireli pon pon
     garde-la bien offerte
     Tireli pon pon
     garde-la bien ouverte

     Tireli pon pon han han
     donnez-moi du bois et du bien vert
     Tireli pon pon han han
     que je la tance vertement

     Tireli pon pon han han
     donnez-moi du bois et du bien vert
     Tireli pon pon han han
     que je la tance vertement

     Pan ! Pan ! Cul ! Cul !
     C’est la danse, c’est la danse
     Pan ! Pan ! Cul ! Cul !
     C’est la danse des fessues

     Cul ! Cul ! Pan ! Pan !
     C’est la ronde, c’est la ronde
     Cul ! Cul ! Pan ! Pan !
     la ronde des culs béants
    ; action violente, consistant à réprimander vertement qqn sous l’effet d’une colère noire ; mettre une danse à la teutonne.
    -…elle se met en colère, et dans ces cas-là ses origines africaines prennent le dessus, elle tance en arabe [Mehdi Charef].

    unir :
     Dans l’univers et son grand huit
     que mon regard époussète
     j’unirai mon abscisse
     à son grand dessein
     afin de battre
     l’air à froid
     - ’de dieu !
     hein ?
    ; rassembler de la façon la plus confondante.
    - Musique, c'est ton eau seule qui désaltère ; / Et l'âme va d'instinct se fondre en ton mystère, / Comme la lèvre vient à la lèvre s'unir [Albert Samain].

     * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

    barbapapa06.gif

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • LES ADJECTIFS EPITHETES

    Les adjectifs épithètes
    de l'abécédaire poLétique

    Les attributs de mon sujet ne seraient pas complets sans ces accessoires du langage que sont les adjectifs épithètes ; sans eux pas de cliché ni de surprise.

    • ABC
      aveugle - brave* - clair
    • DEF
      doux* - énergique- flatteur
    • GHI
      grave - hardi* - intime
    • JKL
      joyeux - kilométriques - livide
    • MNO
      moral* - nouveau - ouvert
    • PQR
      plantureux - quotidien - raffiné
    • STU
      simple - tartare - unique
    • VW
      vierge* - waterproof
    • XYZ
      xénophobe - [y] - zébré*

    Avec, par ordre d’apparition qualifiante :
    Monsieur Philippe Soupault ; Mademoiselle Nathalie Sarraute ; Monsieur Paul Verlaine ; Monsieur Théophile Gautier ; Mademoiselle Simone de Beauvoir ; Monsieur Jean de La Fontaine ; Monsieur Jean Follain ; Monsieur Jean-Baptiste de Grécourt ; Madame Anna (de Brancovan, comtesse) de Noailles ; Monsieur Johannès Papadiamantopoulos (dit Jean Moréas) ; Monsieur Jules Laforgue ; Monsieur Alfred Jarry ; Monsieur Barbey D’Aurevilly ; Monsieur Alexis Léger (dit Saint-John Perse) ; Monsieur Victor Hugo ; Monsieur Jacques Gélis ; Monsieur Gérald Neveu ; Monsieur Marcel Thiry ; Monsieur Jean Giono ; Monsieur Raymond Queneau ; Monsieur Léon Valade ; Monsieur Isaac Lang (dit Ivan Goll) ; Madame Christiane Rochefort ; Monsieur Raymond Devos ; Monsieur Roger Martin du Gard.

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

     

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    Aussi au sommaire de l’abécédaire poLétique :
    Des noms communs
    Des substantifs peu ordinaires
    Des verbes hauts
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  • adjectifs (def)

    doux* :
     Les jambes les plus belles
     ne me sont rien
     sans qu'un pied, joliet
     finisse bien
     qui de l'arrondi, qui du galbe
     c'est le pied qui fait tout aimable :

     s'il est vivant, presque enfantin
     que la chair l'enveloppe bien
     c'est un délice
     un doux supplice
     que de remonter vers la cuisse
     ou de la garder bien en main

     osseux, il est par trop amer
     et me fait craindre un caractère
     bien trop précieux pour tolérer
     qu'on se pique d'en chatouiller
     la plante cambrée

     veineux, il me saisit d'effroi
     surtout fini par de longs doigts
     j'y vois les serres de la mort
     même à l'extrémité d'un corps
     propice à de puissants émois
     je n'en veux pas

     je l'aime
     musclé sans être bombé
     replet sans être joufflu
     cambré sans être creux
     duveteux mais pas poilu
     que m'importe l'alignement
     des doigts de pied si, cependant
     ils parachèvent l'harmonie
     du pied qui me ravit

     quel plaisir de l'imaginer
     quand au dérobé, la cheville
     se révèle douce et gentille
     quelle horreur de le découvrir
     aussi négligé qu'un fakir
     alors qu'on a bien entamé
     la consommation du désir

     suis-je fat, espiègle ou mesquin ?
     (et pourquoi pas tout à la fois)
     il est vrai qu'au petit matin
     ce pied détermine mon choix
     d'aller à la boulangerie
     ou bien de déserter ce lit
    ; qui prodigue en tout sens un sentiment d’agréabilité limite puérile.
    - Sur ta laine annelée et fine / Que l'art toujours voulut raser / Ô douce barbe féminine / reçois mon vers comme un baiser [Théophile Gautier].

    énergique :
     l'heure avait le front noir et or
      à en courber l'échine
      l'automne et ses rapines
      dépouillaient nos grands frères

     les nuées se livraient encore
      à quelque horrible fête
      on y tranchait les têtes
      dans des éclats de rire

     et moi de contempler le spectacle sauvage
     comme un autre à la plage regarde ses pieds

     un capiteux parfum d'été
      engluait l'atmosphère
      il vous coulait de l'air
      jusque sous la pelure

     des incantations débridées
      mugissaient à folir
      ou priaient d'un soupir
      que l'eau mouche la terre

     et moi j'applaudissais la venue sur les Maures
     de madame La Mort et tous ses nains mauvais

     la ruée s'abattit brutale
      tapotant sur les tuiles
      changeant le sol en huile
      ruinant les capillaires

     cette chevauchée magistrale
      s'écriait : ville prise !
      arrachant aux chemises
      l'opacité mature

     et moi de savourer toujours
      de l'orgie cathartique
      les foudres énergiques
     m'inspirait de l'amour.
    ; peu regardant à la dépense pour produire du travail, s’offrir une suée ou mobiliser l’essence.
    - Sartre avait adopté un énergique slogan : science, c’est peau de balle. Morale, c’est trou de balle [Simone de Beauvoir].

    flatteur :
     C’est l’heure plate du flatteur fat
     dans son assiette comme il se doit
     en présence du joli monde
     du joli monde et sa faconde

     Il distribue les billets mous
     posant  sa main sur les genoux

     Il a pris ses grands airs de faune
     pour transférer sur son i-phone
     des mots de célèbres auteurs
     à l’appui de son trait flatteur

     Il est content de lui, c’est là
     toute l’âme du flatteur fat.
    ; d’un mot qui se veut plus haut que l’autre le moindre.
    - … Soupirs, sourires flatteurs, tout est mis en usage / Quand il s’agit d’attraper un amant. / Je n’en dirai pas davantage [La Fontaine].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

    mini-legs.jpg

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • adjectifs (ghi)

    grave :
     Grave grâce
     ta gorge hélas
     m’est encor défendue
     et menace
     de guerre lasse
     d’être à jamais perdue

     pour les heures
     de folle ardeur
     qu’on aurait attendues
     à demeure
     tout au bonheur
     de soupirs entendus

     Ta mamelle
     dont l’hydromel
     m’enchanterait la vie
     que n’est-elle
     acquise au bel
     et nouvel aujourd’hui

     Des marelles
     de Terre à Ciel
     nous auraient attendris
     ritournelles
     de rituels
     jeux d’enfants à Paris

     Si naguère
     à cœur ouvert
     tu sus te déclarer
     désespère
     ma pauvre chair
     et languis en secret

     Le tonnerre
     ni les enfers
     ne savent consumer
     les rivières
     de pleurs amers
     où je suis abîmé.
    ; acuité de ce qui agit en profondeur.
    - ...au pied du mur / un homme mangeait sa soupe / que les fèves rendaient mauve / il était grave et seul au monde. [Jean Follain].

    hardi* :
     ne délie pas tes longs cheveux
     noués en tresses
     je les rassemblerai par jeu
     comme une laisse
     par quoi je conduirai le feu
     d’entre tes fesses
     à hue, à dia et, plaise à Dieu
     foin de caresses !

     hardi, ma femelle sœurette !
     il nous faut chevaucher la nuit
     en branle mettons la charrette
     avant que des bœufs de l’ennui
     le lourd train-train ne nous arrête
      
     ne roule pas sur ton mollet
     ce bas résille
     à sa frontière en liseré
     ta peau frétille
     plus sûrement que dénudée
     et trop gentille
     j’y éprouverai mieux l’attrait
     qui me titille

     de nos enfants c’est moins la mère
     que la femme au tempérament
     aussi impétueux qu’incendiaire
     dont je veux être le fervent
     amant jouissant de l'éphémère

     ne t’en vas pas quitter trop tôt
     ce doux rempart
     qu’il retarde un peu mes assauts
     hausse la barre
     afin de remettre à niveau
     nos grands écarts
     et livrer bataille à nouveau
     sous l’étendard

     je sais que tu voudras mourir
     plus d’une fois avant la fin
     je sais qu’il me faut parcourir
     tous tes avens, tous tes chemins
     je sais que cela va sans dire

     ne couvre pas d’obscurité
     tes charmes pleins
     qu’ombre et lumière et leur ballet
     servent enfin
     à la hauteur de ta beauté
     entre mes mains
     livrée à l’authenticité
     du cri qui vient

     plus sûrement que le mot dit
     il est une vérité pure
     logée dans chacun de ces cris
     que nous arrache la morsure
     du plaisir et son appétit

     ne remets pas sur ton épaule
     cette lanière
     et laisse donc rouler le khôl
     sur ta paupière
     que mes deux mains, à tour de rôle
     à leur affaire
     fébrilement lisses te frôlent
     paume et revers

     quel délice de gourmander
     après de vigoureux efforts
     les reliquats de ce banquet
     déclinant nos petites morts
     en friandises parfumées

     on ne peut désirer sa sœur
     on ne peut dévorer sa mère
     aucun mensonge n’est au cœur
     d’aucune passion singulière

     et cependant, la transgression
     anime un savoureux mystère

    ; caractère obstiné de celui qui répète "je l'aurai !" (le hardi).
    - De ces doigts tremblants et hardis / Il prend le sombre paradis / Qui donne l'enfer à nos âmes [Jean-Baptiste de Grécourt].


    intime :
     intime infirme le sentiment
     intime infime à tous les sens
     le vertige munificent
     dont le désir exprime l’évidence :
     je suis ce que je veux
     de là je fais et pense.
    ; qualité de ce qui ne s’avoue que du bout des doigts ou des lèvres.
    - L'aube luit, faible éclat, veilleuse molle, intime [Anna de Noailles].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

    jouer-a-la-marelle.jpg

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