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poètes - Page 3

  • adjectifs (jkl)

    joyeux :
    sourire
    bougie que l’on mouche bien vite
    attarde-toi encore un peu
    sur ce visage généreux
    que j’aille y goûter d’un baiser
    l’instant joyeux qui s’est posé
    sur ses lèvres
    et que cette joie brève
    semble l’éternité
    ; caractère soyeux des bonheurs fugaces.
    - Ne dites pas : la vie est un joyeux festin ; / Ou c’est d’un esprit sot ou c’est d’une âme basse [Jean Moréas].

    kilométrique :
    crottes de biques
    kilométriques
    tes petits pas semés
    loin des anciens pavés
    courent dans la garrigue

    mon atavique
    rire cynique
    en avait relevé
    l'arnachique tracé
    qu'on dirait une gigue

    mais la distance
    où tu t'élances
    n'est pas si dure à voir
    quand je nourris l'espoir
    de te choper, la belle

    car de la danse
    des transumances
    je connais les couloirs
    et j'entends dans le soir
    tout ton troupeau qui bêle

    et je te flaire
    jolie bergère
    jusque sous ton jupon
    où ton connet mignon
    exhale sa cyprine

    au loin tes frères
    là-bas derrière
    dansent le rigodon
    et courent la Ninon
    en t'oubliant, Fantine

    la nuit est prête
    voici, pauvrette
    dans son ravissement
    déjà que je te prends
    au sommet de la combe

    ah, quelle fête
    crie à tue-tête
    personne ne l'entend
    tout ce déchirement
    où je jouis et tu tombes
    ; sur quoi il n'y a pas lieu de s'étendre plus avant, si l'on s'en réfère aux lois de la relativité.
    - La rouille ronge en leurs spleens kilométriques / les fils télégraphiques des grandes routes où nul ne passe [Jules Laforgue].

    livide :
    Stupéfaite, livide, abandonnée
    à sa fange putride ta société
    n’aura plus l’heur de m’engloutir
    dans son bourbier de vains plaisirs
    au vrai, j’en suis gavé

    Vénus Camarde, la triste parade
    de tous les piètres camarades
    qui viennent te baiser les pieds
    en chantant et les yeux fermés
    au vrai, j’en suis malade

    Garde tes fêtes pour les Sans-Tête
    Garde tes jeux pour les idiots
    J’ai été bien fol et bien sot
    mais j’ai remonté la braguette

    Je ne briguerai plus ta nuit
    Je ne goûterai plus ton sein
    Et je ne connais de mot fin
    qui soutienne un bel aujourd’hui

    Ma mort, je te conchie !
    ; pâleur qui vient au teint matinal dans un lit désert.
    - Le vélin écrit rit et grimace, livide [Alfred Jarry].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

    smile.jpg
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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • adjectifs (mno)

    moral* :
     Tôt ou tard un bout de trottoir
     d'une rue ou d'un boulevard
     arpenté les yeux hagards
     le moral dans le brouillard
     aura des airs de quai de gare
     pour aucun au revoir (chanson – extrait)
    ; exaltant quand il est bon, contraignante quand elle est bonne.
    - Il y a une proportion d’arithmétique morale, écrite, avant qu’elle le fût par un philosophe sur du papier, dans la poitrine de tous les hommes, comme un encouragement du démon [Barbey d’Aurevilly].

    nouveau :
     Ai-je de la danse nouvelle
     dit les beautés vives, plaisantes
     qu’elle ravive et réinvente
     à chaque pas nu sous le ciel ?

     Ai-je des rives océanes
     chanté les vagues mélodies
     soufflées à l’onde par les ris
     pour éveiller les cœurs profanes ?

     Ai-je du continent de Mû
     évoqué même l’existence
     où résonnent en résilience
     du rêve toutes les vertus ?

     Ai-je des bras de ma sirène
     décrit le savoureux séjour
     qui s’offre sans aucun détour
     à qui sait confier sa peine ?

     Si je ne l’ai fait, je crois bien
     que c’est un emploi que je tiens
    ; qui se définit périodiquement contre l’ancien avant d’en rejoindre le cénacle.
    - Le vin nouveau n'est pas plus vrai, le lin nouveau n'est pas plus frais... [Saint-John Perse].

    ouvert :
     des corps appert l’accord prospère
     le regard inférieur
     brasse des bruits de la passion
     juteuse la fraîcheur

     décor ouvert l’accordance erre
     et minore l’espoir
     après la danse au vif allant
     de jamais se revoir
    ; aux quatre vents, c’est le rhume, au seuil, c’est l’huis, à cœur, c’est le fruit charnel et son jus.
    - Les diamants, sans les belles, / Ne sont plus que des cailloux; // Et, dans les charmilles vertes, / Les roses dorment debout, / Et sont des bouches ouvertes / Pour ne rien dire du tout [Victor Hugo].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

    Hopper.jpg
    Edward HOPPER, Night-Owls.

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • adjectifs (pqr)

    plantureux :
     J'aime mieux, c'est vrai
     la fesse un peu lourde
     des filles moins gourdes
     qu'il n'y paraît

     J'aime mieux, c'est vrai
     le sein bien rempli
     d'un giron poli
     quoique décolleté

     J'aime mieux, c'est sûr
     la cuisse bien faite
     aux courbes replètes
     sur son ossature

     J'aime mieux encore
     un pied enfantin
     que tous ces doigts fins
     longs comme la mort

     J'aime ressentir
     le discret désir
     logé dans des formes plantureuses

     J'aime autant le dire
     je n'ai de plaisir
     qu'auprès des natures généreuses
    ; se dit abondamment d’une belle plante à la grâce fertile.
    -… la Terre conserve et transforme, ébauche et parfait : son ventre plantureux s’acharne [Jacques Gélis].

    quotidien* :
     Sur un chemin de ronde
     médiéval
     deux vigies devisant
     du monde et sa faconde vénale
     se gaussant
     s'en vont leur tour de garde
     tout du long, ce faisant

     L'un a le pas latin
     L'autre, le pied marin
     tous deux vont lentement

     L'un a bien galéré
     sur toute mer connue
     par le bel océan

     L'autre n'est guère allé
     plus loin que ci-devant
     la colline allongée
     ligne d'horizon nu
     où la forêt d'antan
     n'est plus

     dis-moi encore,
     les belles, les belles
     dis-moi comment sont-elles
     au jour venant ?

     dis-moi de la plus belle
     gardes-tu le tourment
     quand passe l'hirondelle ?

     dit l'un
     
     mais l'autre n'en dit rien
     et, les yeux dans les mains
     soupire dans le vent
     ce souffle fraîchissant
     arrivé du lointain

     dis, c'est par où la mer ?
     continue le premier,
     on dit qu'elle a gelé
     on dit que le tonnerre y fait des ricochets
     que la queue des baleines
     s'y dresse en cathédrales
     abritant des sirènes
     tristes et pâles

     mais l'autre n'en dit rien
     le menton sur le poing
     avance, mine de rien
     
     et ça sent la choucroute
     aux abords des tavernes
     où des éclats de rire
     ponctuent la baliverne

     ça ronfle un peu plus loin
     dans la maison bourgeoise
     dont Matthieu a refait, hier
     l'ardoise

     et ça roucoule encore
     dans les bosquets du parc
     où la cuisse a trouvé
     pour qui bander son arc

     de ce temps, le bavard n'a cessé d'évoquer
     de rêves en légendes, le conte et les histoires
     de la tendre chimère et du sombre avatar

     ce qui flotte à l'entour de la rondeur des jours

     mais la boucle est bouclée, bientôt
     deux vigies s'accommodent

     dans la nuit qui s'érode
     le silence à nouveau
     leur offre un bon créneau
     
     leur chemin circulaire
     quotidien, débonnaire
     tout un poème!
     la voie de la simplicité même
    ; le journal intime des lois ordinaires et des ennuis souverains.
    - Il règne ici (…) Une grande faille quotidienne / Tout au bout d'une voix qui chante soprano / « malgré tout » [Gérald Neveu].

    raffiné :
     Plutôt bien mis, bien fait de sa personne
     demandez-lui, en tout point il raisonne
     dispute, sait y faire
     il a le nez pour toutes les affaires
     supérieures, sublimes
     n’est pas avare de maximes
     il court le monde et le plus beau
     un sophistiqué, en un mot

     mais s’agissant de son caca
     il faut bien y mettre les doigts
     où le bas blesse
     car du plus raffiné des hommes
     la crotte vient toujours, en somme
     par la fesse
    ; en gros, le gars qui la joue fine.
    - Va, va, ne te fais pas une âme raffinée, / Contente-toi d'aimer les premiers réverbères [Marcel Thiry].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

    écrou_hexa.jpg

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  • adjectifs (stu)

    simple :
     Une main sur l’autre, calme
     le sang comme un vin de palme

     A l’oreille un long murmure
     ensommeille une blessure

     Un parfum qui vient et va
     du raisin à bout de bras

     En bouche encore une bouche
     au terme d’une escarmouche

     Au regard une brillance
     d’humble et simple réjouissance
    ; qui a pris le parti de ne pas se compliquer la vie.
    - Le plus extraordinaire, c'est qu'il puisse être si beau et rester si simple. Il est hors de doute qu'il se connaît et qu'il se juge. Comment tant de justice pourrait-elle être inconsciente ? [Jean Giono].


    tartare :
     Au matin du septième jour
     Il vit qu’il restait une côte
     ne pouvant commettre de faute
     Il dut conclure a une erreur
     et se résolut sur le tard
     à grignoter un steak tartare
     plutôt qu’au beurre
    ; façon crue d’aborder la chair.
    - Les Huns préparaient des stèques tartares, le Gaulois fumait une gitane, les Romains dessinaient des grecques, les sarrasins fauchaient l'avoine, les Francs cherchaient des sols et les Alains regardaient cinq Ossètes. Les Normands buvaient du calva [Raymond Queneau].

    unique :
     Je n’écrirai donc jamais le vers unique
     qui n’aura pas de rime riche en Véronique ?
    ; qui se croît seul(e), y tend et le prétend.
    -(...) à présent que les voilà couchés… / - C'est l'heure unique et douce où vaguent, de fortune, // Glissant d'un pas léger sur le pavé chanceux, / Les poètes, les fous, les buveurs, - et tous ceux / Dont le cerveau fêlé loge un rayon de lune [Léon Valade].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

    tartare.jpg

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  • adjectifs (vw)

    vierge* :
     soleil absent
     brume vierge
     mon âme attend
     sur la berge
     l'ombre s'entend
     dire un mot
     l'océan courbe
     le dos
     l'oreille espère
     un signal
     jailli d'un vert
     abyssal
     à sa lisière
     émouvante
     frissonne l'air
     atlante
     qu'un marin joue
     dans les ris
     à l'infini

     je soupire
     mon désir

     et ne veux
     pas finir

     que tu n'aies
     su venir

     m'entendre te le dire
    ; qui attend son heur fertile comme un paysage inexploré.
    - Elément terrible de la nature / Plus incandescent que l'alcool, / Plus profond que le crime, / Femme vierge ! [Ivan Goll].

    waterproof :
     Plouf !
     Plouf !
     Ah, le joli barouf
     de mes deux pieds dans la flaque
     sous la gouttière qui craque
     comme les yeux effarés
     de la rombière engoncée
     dans son manteau waterproof
     elle passe
     moi, je pouffe
     et plouffe
     et replouffe !
    ; qui supporte mieux l’eau dehors que dedans.
    - Je ne pus voir son visage, je ne distinguais que, tracée sur les pavés inégaux du quai, l'ombre du macfarlane (ou du raglan) (ou du ouateurproufe) [Christiane Rochefort].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

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