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poésié - Page 82

  • allégations fluviales

    fleuve

    Fleuve, mon fleuve où tout se noie
    arbres, lunes, ciels - mais sans moi !
    t'ai-je dit que ta pente est douce
    et, comme s'y mirent les mousses
    qu'à mon heure, j'y plonge aussi
    mon trop-plein de langueurs aux pleurs inassouvis ?

    Fleuve, mon fleuve de patience
    où se charrient de nos romances
    le sang des pactes avortés
    les sourires désabusés
    le fer blanc des cœurs que convoitent
    les navrants socs de nos breloques d'ouvre-boîte

    Quand je confie à ta livrée
    le flot tari de mes pensées
    mon esprit prend les coloris
    mouvants de ton cours assagi
    par quelque force inéluctable
    au langage oublié de moi et mes semblables

    Être saule et te caresser
    cygne et nager dans tes reflets
    ragondin pour fouiller tes berges
    vent pour jouer à ployer tes verges...
    Ma conscience te suffit-elle
    à t'écouler vers ton baiser d'or et de sel ?

    Fleuve, mon fleuve au lent passage
    aux antédiluviens hommages
    glissant sous les arches des ponts
    comme frappés d'inanition
    dis-moi juste à quelle heure on dîne
    que je lave mes mains aux larmes de la bruine

    Quand tu chopes la chair de poule
    à la surface de ta houle
    c'est sous l'effet d'une risée
    où la saison vient s'annoncer
    que les seuls oiseaux savent lire
    et que dévoie le trouble émoi de mon délire

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • pédicure

    pieds_cool.jpg

    Ai noté quelque part que « je vous aimais tant »
    Je voudrais à présent vous en donner mesure
    - en musiques ? parfums ? serments d’investiture ?
    Non, rien de ces machins au genre évanescent
    Si je fais compliment, c’est à votre figure
    Ô pieds !
    dont la charpente assure ou dénigre l’entier

    Oui, la chair, oui le sang, oui l’os… mais la race !
    Un sentiment de grâce est question d’équilibre
    Soyez dodus, fluets, chaussés ou à l’air libres
    c’est sur vous que repose et que se met en place
    harmonieux et vivace – à ce point que j’en vibre
    le chien
    qui rehausse la fibre, achève le maintien

    Je vous aime lacés de lanières de cuir
    pour avoir le plaisir de vous en libérer
    La surprise me va aussi au débotté
    ou le fin mocassin qui vous sied à ravir
    dont va bientôt jaillir votre plante voûtée
    Oh, charme !
    quand, à le caresser, votre galbe s’alarme

    Piétinez ! Trottinez ! Ployez sous le genou
    Je n’ai d’yeux que pour vous, talons, pointes, chevilles
    Tintine pendeloque aux maillons qui scintillent
    Ce tatouage rock aussi me rendra fou
    que j’aperçois dessous vos socquettes de fille
    Oh, veine !
    comme un rien vous habille et sait vous mettre en scène

    À seulement vous  entrevoir
    vous compte, m’en raconte en fantasques histoires

    Où t’en vas-tu
    pied menu
    dans ta toile légère ?
    Pointer dru
    en tutu
    et de carpe en première ?

    Adultérin
    pied coquin
    quel est ton pied-à-terre ?
    ce coussin
    tragédien
    aux passions éphémères ?

    Émancipé
    pied bagué
    quelle force t’appelle
    à user
    arpenter
    routes, rues et ruelles ?

    Aurais-tu faim
    pied d’airain
    d’exotiques voyages ?
    Mocassins
    cuir ou daim
    t’agréeraient davantage ?

    pied photo.jpgSurtout ne m'en dites rien
    j'aime trop deviner
    la race de votre chien
    pour la fertilité
    subtile
    de ma paraphilie podophile

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Insomniak

    poésie,ambulatoire,voix au chapitre,insomnie

    Comment mettre à profit le temps supplémentaire
    que m'accorde la nuit éveillée à tout vat
    sans risquer d'approcher toujours plus près la terre
    où je vais reposer quel que soit le combat ?

    Sauter dans un taxi ? Commander au hasard
    de présider encore à ma destination
    et revenir ici, quoi qu'il fût un peu tard
    achever ton sommeil et t'en prier pardon ?

    Quant à la nuit tombée sur mon inadvertance
    je n'ai plus le loisir de la prendre à revers
    - ai déjà recompté mes dernières dix stances
    qui, mises bout à bout, résument notre hier

    J'aime autant éviter de passer pour un pitre...

    Marcher ? Pour aller où m'attendent mes semblables
    avec leurs chants connus des sirènes sans nom
    au pied d'étranges cous pleurant d'oranges sables
    sur le manteau des rues perdues pour la raison ?

    Quant à la nuit venue tirer sous les fenêtres
    des ombres de barbiche allongeant le menton
    je crains moins d'être vu que de m'y reconnaître
    à faire le fortiche une main sur le front

    J'aime autant décliner cette voix au chapitre...

    Attraper un carnet, tout neuf, sur l'étagère ?
    Y griffonner du sens avec implication
    d'intrinsèque jouissance et de ton débonnaire
    en foutant le bordel parmi ses croisillons ?

    Quant à la nuit qui passe, eh bien ? qu'elle s'entende
    avec les francs sommeils ronflant sur l'édredon !
    Ai déjà loué ma place, ai décoré mon stand
    n'attends plus que La Vieille avec son baluchon

    J'aime autant rester là, nez collé à la vitre...

    Je bave un lent demain sur mon dernier buvard
    tandis que le matin minaude à l'horizon
    J'aurai passé la nuit sans y trouver de phare
    récrivant l'aujourd'hui sur le même brouillon

    poésie,ambulatoire,voix au chapitre,insomnieBon, je ne suis qu'un pitre...

     

     

     

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#123

  • matutinales

    réveil

    Et puis, matin, le rêve laisse en bouche
    un poil de chien, une caresse louche
    un sang d'humeur, un pleur sur le pavé
    où nulle fleur n'aura jamais poussé
    car l'aube est seule et ne dit rien de mieux
    que la rosée qui perle de ses yeux
    cependant le bitume
    n'a pas l'humidité d'où je chope mon rhume

    Et te voici lumière, à ton rythme, ton heure
    pas encore trop fière et cherchant ton bonheur
    dans nos petites misères matutinales
    quand reste un goût amer de ce que carne avale
    et ce, la nuit durant
    qui nous avait promis des mystères chantants

    Alors, c'est le matin; Bon Jour comme un sou neuf
    tu lèves le clampin, le nouveau né, le veuf
    que ça grouille déjà bien à l'abri des murs
    quand les oiseaux de nuit se rangent des voitures
    et tirent la capote
    sur l'aviné soupir, la lèvre qui tremblote

    Je vais la souhaiter bonne à ceux qui viennent
    remettre sa couronne à la semaine
    pour que la journée passe et qu'ils s'en aillent
    jouer de pic et d'as à la bataille
    car l'aube seule est dans mon souvenir
    Leur os en gueule avancent pour finir
    les hyènes et les chiens
    avec leurs panoplies de peine au quotidien

    Voici que la lumière afflue de toute part
    allant croiser le fer avec nos avatars
    Ça brille sur les toits comme au bout des chaussures
    Je ne sais pas pourquoi il faudrait que ça dure
    Je suis tout aveuglé
    les ombres ne me sont qu'havres éparpillés

    Avec la goutte au nez, je gagne ma cambuse
    l'âme et l'œil encombrés du jour et de sa ruse
    Rien n'a vraiment changé depuis que la lumière
    est venue séparer du chaos millénaire
    réveil vacheles draps de noire nuit:
    La terre est un caillou et le monde s'ennuie

     

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • calvadose

    calvados

    Lire sous le gris, bruns et verts
    les caprices de l'atmosphère
    Sentir la mer qui fait le vent
    l'averse et réciproquement

    Et la fumée qui monte droit
    pour tenir le ciel à l'endroit
    où on l'attend, jour après jour
    (qu'il mange l'ombre dans la cour)

    Et l'arbre avec ses bras pelés
    que les moineaux ont désertés
    il crache une toux de corneille
    en écho à celle des vieilles

    Et le fleuve qui ne boit plus
    que l'eau des rivières moussues
    rechigne à courir vers le large
    amer et vaseux à la marge

    Et voici l'autre et son prochain
    qui croisent le regard en coin
    sur le perron des voisinages
    où pataugent les bavardages

    Et puis voici, le rouge aux joues
    cette femme Bien De Chez Nous
    qui piétine, panier au bras
    lippe digne sous le front plat

    Et cet autre panier garni
    cabrant ses formes rebondies
    nargue des blâmes quotidiens
    l'hypocrisie et le venin

    Et s'ensuivent de francs négoces
    qui souhaite prolonger la noce
    qui partir avant le carnage
    arguant de "...force ni que rage"

    Et tant qu'à porter la culotte
    ça vaut son coup derrièr' la glotte
    L'œil a son orbite à l'andouille
    la narine, un doigt qui la fouille

    Et puisque l'Bondieu t'a mis là
    qui sais pas quoi fair' de tes bras
    agite un peu ton gras du bide
    Ne t'en vas donc pas les mains vide !

    Et c'en n'est pas bientôt fini
    de tes yeux de biche alanguie ?
    Tout ça rien que pour s'enfermer
    dans de bohémiennes pensées...

    Et allez ! En avant, musique
    des jérémiades symphoniques
    Beau temps... mauvais temps, tout pareil
    ...à vous massacrer le sommeil !

    Et quoi, en veux-tu ? en voilà !
    du gris, du vert et des frimas
    Que ça n'aillle pas t'empêcher
    d'être à l'heure pour la curée

    Calvados
    soit je m'en fais une idée fausse
    soit je l'habite
    comme son cri de mouette folle m'y invite

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK