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citations - Page 4

  • adjectifs (xyz)

    xénophobe :
     Un âne à la miteuse robe
     à l'âme rude et xénophobe
     toisait du regard un bon chien
     oreille fine et cœur badin
     qui cheminait près de son maître
     menant au pré ses vaches paître.
     - Eh, l'idiot ! lui fit l'âne hautain,
     ce que tu peux être servile
     obéissant à cette main
     qui, sans toi, serait malhabile
     à mener seule ce troupeau.
     Le chien lui dit alors ce mot :
     - Je vois que tu veux disputer
     de quoi nature nous a faits ;
     dis-moi donc quel est ton emploi
     et nous concluerons après quoi.
     L'âne lui dit tout son travail :
     comme sur les champs de bataille
     il charrie les munitions
     qui contribuent à la victoire
     de l'un ou l'autre bataillon
     de la nation méritoire
     qui nous garde de l'étranger
     de ses déboires et projets
     ou toute infâmie qu'il importe
     de ne pas voir devant sa porte.
     A quoi le chien lui fit réponse
     en ces termes bien mesurés :
     - Mais si sur toi un boulet fonce
     et te réduit comme pâtée,
     dis-moi qu'y auras-tu gagné ?
     - Ah, mais la médaille et l'honneur !
     - Et cela ferait ton bonheur ?
     - Certainement ! j'y compte bien.
     Et ce destin vaut toujours mieux
     que ta vie de chien, malheureux !
     - Ma vie de chien, j'en suis content ;
     je vais tous les jours par les champs
     paisible, vif et laborieux,
     assuré de vivre bien vieux
     près de ceux que j'aime et me rendent
     tout le bonheur qu'on peut attendre.
     - Tu es idiot, je le répète.
     - Je vois, ton opinion est faite.
     - Et demain, je pars au combat !
     - Qui sait, quand on se reverra
     me tiendras-tu l'autre discours.

     Ainsi passèrent quelque jours...

     Puis ce fut la sombre retraite
     de toutes nos armées défaites
     où l'âne ne paraissait pas
     parmi le chaos des convois.

     Un soir qu'on lui donnait son dû
     le chien renifla sa gamelle
     car il n'y reconnaissait plus
     l'odeur de pâtée habituelle.
     Le maître approchant sa cabane
     lui dit : - ça te plaît-y, mon bon ?
     J'ai mis un bout du saucisson
     que les troufions ont fait de l'âne
     tombé sous eux dans la mitraille.
     Le chien se remplit les entrailles
     ce soir-là, de belle façon.

     Quant à disputer à toute heure
     de la raison ou de l'honneur,
     c'est le fait des gens bien repus ;
     mais ça, l'âne ne le sait plus.
    ; qui, ne s’accommodant ni de l’étrange ni de l’étranger, s’en trouve tout abruti dans ses attributs (!).
    - J'ai un ami qui est xénophobe. Il déteste à tel point les étrangers que lorsqu'il va dans leur pays, il ne peut pas se supporter ! [Raymond Devos].

    [y]

    zébré :
     (à suivre)

    ; un barré des couleurs (prisonnier de la mode ?) aimera ce motif à l'exotisme tout relatif.
    - La vieille façade, zébrée de raccords de céruse, n'attendait plus, pour rajeunir, qu'un coup de badigeon [Roger Martin du Gard].

    zebrordi.jpg 

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Les SUBSTANTIFS PEU ORDINAIRES

    Les substantifs peu ordinaires
    de l'abécédaire poLétique


    Cette série de termes peu ordinaires se distingue de la précédente liste de noms communs en ceci d’abord qu’elle rassemble des mots dont la substance mœlleuse s’éloigne des réalités triviales pour toucher à la conceptualisation des états et des phénomènes qui environnent, ou selon, taraudent la nature humaine. Ensuite, vous noterez comme, dans la liste sommaire ci-dessous, je les ai magnifiés chacun d’une majuscule – effet baroque dont je suis fort peu friand certes, mais non dénué de sens ni de quête d’absolu.

    • ABC
      Autrui - Baiser* - Ciel*
    • DEF
      Drame - Etoile- Folie
    • GHI
      Grâce - Horreur* - Immensité*
    • JKL
      Jour - Kangourou - Livre
    • MNO
      Mystère - Nuit - Ombre
    • PQR
      Présomption - Quête - Rouge
    • STU
      Sort - Temps - Univers
    • VW
      Verbe - Western
    • XYZ
      [x] - [y]- Zen

    Avec, par ordre d’apparition consubstantielle :
    Monsieur Gilles Deleuze ; Monsieur Eugène Emile Paul Grindel (dit Paul Eluard) ; Mademoiselle Thérèse Martin (dite Sainte Thérèse de Lisieux) ; Monsieur Pierre Reverdy ; Monsieur Jules Supervielle ; Monsieur Blaise Cendrars ; Monsieur Albert Samain ; Monsieur Daniel Pennac ; Monsieur Victor Hugo ; Monsieur Alphonse de Lamartine ; Mademoiselle Violette Leduc ; Monsieur Marcel Schwob (aussi dit Jean de Longeville) ; Monsieur Paul-Jean Toulet ; Monsieur Henri Michaux ; Monsieur Alphonse de Lamartine ; Monsieur Alexis Léger (dit Saint-John Perse) ; Monsieur Charles Cros ; Mademoiselle Louise Michel ; Monsieur Jules (ex Ouralphe) Laforgue ; Monsieur Pierre Reverdy ; Monsieur Arthur Rimbaud ; Monsieur Emile Verhaeren ; Monsieur Georges Duby et Monsieur André Malraux.

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

     

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    Aussi au sommaire de l’abécédaire poLétique :
    Des noms communs
    Des adjectifs épithètes
    Des verbes hauts
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  • substantifs (jkl)

    Jour :
     L’aujourd’hui,
     son jour et sa nuit
     me tendent
     m’élèvent jusqu’à l’offrande
     que je fais de ma vie
     - ma vie qui s’éblouit,
     jusqu’au moment dit d’en descendre
     et d’en remettre les cendres
     à l’infiniment abouti qui s’ensuit
     et ne sait plus que j’en suis.
    ; parenthèse lumineuse, périodique et révolutionnaire qui se fait dans la nuit profonde.
    - Et mon coeur apaisé s'y perdait en silence; / Et je passais ainsi, sans m'en apercevoir, / Tout un long jour d'été, de l'aube jusqu'au soir, / Sans que la moindre chose intime, extérieure, / M'en indiquât la fuite, et sans connaître l'heure (...) / Car un long jour n'était qu'une heure de délices ! [Alphonse de Lamartine].

    Kangourou :
     Tel un kangourou coursé
     par un dingo fou
     mon cœur courroucé
     se défait de vous

     Car le cœur et l’animal
     - mais le saviez-vous ?
     pour les pleurs ni pour le mal
     n’ont pas de goût
    ; animal océanien dont le nom signifie « je ne sais/comprends pas » en langue aborigène.
    - Une femme sans homme, horreur, c'est une espèce de grand kangourou qui va partout avec une poche vide [Violette Leduc].

    Livre :
     merde brune
     merde noire
     merde posée sur le monde
     merde blanche et rondouillarde
     ventrue que c’est pas des façons,
     engeance bâtarde !
     vilain étron !
     dont la puanteur s’attarde
     dont le rigodon musarde
     tue le verbe
     nie le nom
     merde obscure des méchants cons !

     mes chers livres, délivrez-moi
     de ces livres de peu de foi
     que trois mots : « plus jamais ça »
     en crèvent deux : Mon Combat.
    ; lieu magique où par le truchement de l’écrit, le cri de la vie s’enchante et le chant de la vie s’écrie.
    - Encore aujourd'hui je ne reçois pas d'Angleterre un livre nouveau que je ne plonge ma figure entre ses pages jusqu'au fil qui le broche, pour humer son brouillard et sa fumée, et aspirer tout ce qui peut rester de ma joie d'enfance [Marcel Schwob].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

     

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • substantifs (mno)

    Mystère :
     Où que je me cache
     le mystère me trouve
     soulève la bâche
     et me rejoins dans le canot
     et nous nous perdons sur les flots
     secoués de rires de potaches
     singeant mantras et cris d’Apache
     et buvant la mer au goulot

     Si je reste coi
     j’ai le mystère en bouche
     il lève le doigt
     brave compagnon de pupitre
     de bon conseil et bel arbitre
     il me cède la douche
     et m’attend sur la couche
     où tu trembles d’émoi

     Quand enfin je dors
     le mystère me berce
     un murmure encore
     et c’est le monde qui bascule
     oubliés, chagrin, ridicule
     une flèche perse
     d’un trait vous transperce
     roule, chariot d’or…
    ; cet inconnu au charme fou.
    - Et moi j'apercevais – pourtant / Qu'on fût loin de Cythère -/ Un objet singulier. Mystère : / C'est un éléphant [Paul-Jean Toulet].

    Nuit :
     Nuitamment lune luit
     notoirement l’autre pas
     mais, désastre de la nuit
     le matin revient déjà

     J’aime encore être du nombre
     de ceux qui forment dans l’ombre
     leurs desseins et leurs ébats

     Plutôt que d’être pareil
     à ces corps sous le soleil
     fondant comme chocolat

     Nuitamment lune luit
     notoirement l’autre pas
     mais, désastre de la nuit
     le matin revient déjà
    ; étoiles et révolutions passent, elle demeure égale.
    - Sous le plafond bas de ma petite chambre, est ma nuit, gouffre profond [Henri Michaux].

    Ombre :
     Elle a parfois tant de bras que les bras m'en tombent
     Elle est aussi petits pois sous un chapeau vert
     Elle a fondu sous le toit d'un chagrin d'hiver
     et dort sous le marbre froid qui couvre les tombes

     Elle est sœur de cet émoi que l'on nomme peur
     Elle inquiète le prélat, un enfant qui pleure
     Elle est ce qu'il adviendra des joies les plus douces
     et son terme emportera l'un et l'autre, tous

     Elle est complice déjà des échappatoires
     Elle sait bien où les gars se trouvent le soir
     Elle avance pas à pas et sans réfléchir
     que des portraits que dada signerait sans rire

     L'ombre, elle
     s'ignore sous le ciel.

     Elle est tapis dans le bois, banc contre le mur
     Elle est abri pour le rat comme le murmure
     Elle est l'arc sous le sein droit que ta main libère
     et son toucher délicat me radoucit l'air

     Elle mène guérilla parmi les ruelles
     Elle y brise tout l'éclat de nos francs midis
     Elle enveloppe le drap, caresse de nuit
     et lui, rapporte tout bas nos joutes fidèles

     L'ombre, elle
     n'en dira rien au ciel.
    ; piètre praticienne des arts (plastiques ni même vivants) quand elle passe au tableau ; obscurité rafraîchissante de bonheur imbécile réveillant parfois de primordiales angoisses.
    - Ainsi dans les ombres du doute / L’homme, hélas ! égaré souvent, / Se trace à soi-même sa route, / Et veut voguer contre le vent [Alphonse de Lamartine].

     

    LSDYETI.JPG

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  • substantifs (pqr)

    Présomption :
     Oui, ça va, j'en conviens
     j'ai lâché tous mes chiens
     après le père et sa pucelle
     pour aller tirer l'hydromel
     au fût de la mère interdite
     en jouissant de sa chair maudite
     sans plus penser à rien
     ni à mal ni à bien

     Et la présomption d'innocence ?
     c'est pas fait pour les chiens, je pense.

     Ah mais d'accord !
     vous me jugeâtes déjà sur pièces
     il n'est que de passer à la caisse
     au bout du corridor ?
     Ah oui, mais... bon, d'accord.

     Et l'on m'accuse de quoi, ma belle ?
     de forfait contre le réel ?
     et c'est un délit, ça ?
     je ne le savais pas

     Oui, nul n'est sensé ignorer nia nia nia
     il se trouve que je ne le savais pas
     quand bien même je n'y porterai pas foi
     allons, condamnez-moi
     et qu'on en reste là.

     Ah oui, mais attendez !
     ...faute avouée à demi pardonnée !
     vous me devez la moitié d'une peine
     et n'étant pas vilaine
     un baiser de vous peut vous en amender

     Justine, voulez-vous m'embrasser ?
    ; supputation justiciable ou prétention exagérément orgueilleuse.
    - et la mer au matin comme une présomption de l’esprit [Saint-John Perse].

    Quête :
     - Grotte Alors !
     maugréait Minotaure en s’arrachant les cils
     Plus j'entends son babil, plus il paraît certain
     qu’Ariane m’embobine
     ou bien ?

     Comme à l’accoutumée, Thésée ne disait mot
     mais n’en pensait pas moins, le salaud !
     Il fredonnait par les narines :
     Je te tiens, tu me tiens… et sur sa banquette
     quel nigaud! le héros oubliait sa quête.

     - Bon, et moi ? s’écria la mythique Ariane
     épluchant, sans les dents, sa peau de banane.

     - Toi ? salope !
     - Nyctalope !
     s’écrient de concert
     le génie mal fini et son preux compère.

     Ariane fort dépitée
     se cura les trous du nez
     découvrant, pour sa gouverne
     qu’au plus profond des cavernes
     un émoi platonicien
     l’attendait sur le chemin.

     Qui eût prédit que cette morve
     pût la distraire de sa morgue
     - et que cela ne rime à rien
     qui s’en souciera jamais, tiens !
    ; sollicitude ou sollicitation, c’est selon le livre.
    - J'allume du feu dans l'été, / Dans l'usine je suis poète ; / Pour les pitres je fais la quête, / Qu'importe ! J'aime la beauté [Charles Cros].

    Rouge* :
     A portée de regard, célestes, légendaires
     elles sont devant moi les marches de Yu Gong
     taillées à même le roc sur les pas de Kui Fu
     entre le vieux Taihang et le rustre Wangwu
     et le souffle me manque à fouler cette terre.

     Je vous entends railler - comme autrefois Zhi Sou
     se moqua du vieillard attaquant ses montagnes,
     vous qui baignez vos pieds dans la rivière Han
     en rêvant de loisirs sur notre mer Bohai,
     vous me tenez pour fou.

     Elles sont pourtant là, réunies sous la lune
     qui vient de s'arracher à la verte lagune
     et je monte vers elles
     qui sont l'Eternité
     rouge et dorée.

     Je ne sais qui m'attend - peut-être une sirène ?
     il n'y a dans le vent plus rien qui ne m'aliène,
     j'en épouse les ondes.

     La pente n'est pas forte et mon pas leste encore ;
     deux génies bienveillants ménagent mes efforts
     et m'accueillent au ciel
     où je suis convié
     à demeurer.

     Je vais dire mon chant sur la source de Han
     aimer d'un même élan le sacré, le profane
     et embrasser le monde.
    ; ce que le vin dicte au populaire qui se le met au front.
    - Les repus ont le rouge aux yeux. / Et cela fait songer les gueux [Louise Michel].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

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