Ce matin... Mâtin, Ô Mâtin !
(mais bon, comme tous les matins)
j'ai ramassé quelques oiseaux chus dans la cour
bergeronnettes z’et vautours
nombre pigeons gavés de pain
- jamais le merle !
logé dans mon surreau comme une perle
Ce midi - quoi que tu m'y dis !
J'ai renforcé mes abattis
Il était temps que je m'y mette, avant l'orage...
pour conforter cet avantage
aussi précaire qu'insoumis
du verbe lent !
qui m'autorise encore un sentiment
Enfin ! Enfin, voici le soir !
Je me glisse dans sa baignoire
y révise tous mes savons
escompte y recouvrer les noms
perclus dans une vaste peine
perdus pour les rires sonores
à l'alarme presque inodore
de la nuit embaumant leurs corps
Fantomatiques régalades !
que n'êtes-vous à la parade ?
Pour qui chantez-vous désormais ?
Âmes, profondément aimées
liées par la soie ou l'haleine
où sont vos regards miroitants ?
Je me suis assis sur vos bans
pour en mesurer le serment
Inutile - et donc, absolu !
(à cette heure, on m'y prendra plus !)
S'il-vous-plaît, ne me mentez plus...
L'amour vibre quelques instants
(pour quelques moments suffisants)
sans prétendre s'éterniser
mais touchant à la majesté
d'un partage furtif
dont se nourrit le pas, sous les peupliers, sous les ifs
Ilustration (cliquer pour agrandir) : Gaëna da Sylva, photographe.
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