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carnÂges - Page 32

  • estivale

    L’ÉTE, SES TANNÉES


    Saison cataclysmique où les peaux de gala

    - qui feront chocolat, futures cancéreuses !
    vont mettre sur le gril leurs darnes plantureuses
    au comble du malheur dans leurs pâles appâts

    Choisissez ! c'est la foire aux étals sablonneux;

    voulez-vous d'un gigot ? d'une grasse poitrine ?
    ou bien de ce cuissot enduit de gélatine ?
    Vous règlerez au greffe à un moment de creux

    Allaitée, votre épaule à la crème, coco

    rappelle d'un sirop l'arôme industriel;
    ne seriez-vous pas employé de bureau ?

    La cloque à votre dos démontre votre zèle

    obstinée demoiselle au pimpant paréo
    Ah, l'été... braséro des nostalgies pucelles

    (ces tannées !!)

     

    estivale1.jpg

    tiniak - CARNAGES © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Impromptu Littéraire - tiki#80.

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  • parloir

    (le miteux de salomé)
    vigoroso_Tete pleine.jpg

    Oh ! Parloirs assommants des têtes pleines
    Taisez-nous que je meure
    un peu mieux tout à l'heure
    avec en bouche le tétin
    de la femme qui me retient
    là, ferme entre ses cuisses
    - tu sais, fort !
    pour ne pas que je glisse encore au fond de moi
    Ah, laissons-moi mourir alors entre ses doigts
    et lui passer ma fièvre
    en crème chantilly sur le pli de la lèvre
    que de rage
    nos sèves parachèvent le carnage

    Ah, mouroir ! Ah, sentence !
    Ah, tais-toi que je meure en pleine danse
    Que l'écho résolu de nos corps sur la terre
    intime le silence que j'espère
    et qu'enfin l'alentour s'apaise et tout soit dit
    quand je la baise à l'œil qui me sourit

    Mais... je rêve ! qui parle ?
    « Retard en provenance de St Charles »
    Temps fous !
    « Gardez les mains à plat sur les genoux »
    Lesquels ?!
    « Veuillez emprunter l'autre passerelle »
    Ça va !
    Je me contentais bien de celle-là

    Oh, non ! Pas tout ce bruit ! Non, pas tout ce vacarme !
    Je sais, tu n'as rien dit, mais quelle est cette alarme ?
    (parlez-moi donc du charme des escapades
    quand on porte avec soi tant de tambourinades !)

    Ah, suffit ! Ah, silence ! ...et merde, où loges-tu ?
    Qu'on me coupe la tête et me laisse le cul,
    parole !
    Je sais, tu n'as rien dit, mais j'ai la parabole
    en vrille...
    Oh, tu serais gentille
    ...de me couper la langue
    et de me la servir avec un jus de mangue

    Quoi ? C'est tout dans ma tête ?
    Allez, va pour la tête... tranche !
    Aujourd'hui, c'est lundi : point d'orgue des dimanches;
    aussi, taille !
    Qu'ainsi décapité, je renonce à la gouaille
    et reprennent ! reprennent !
    nos élans familiers au cours de la semaine

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    illustration : Bruno Vigoroso, « Ce que l'on pense » (série acrylique).

  • sans l'oreillette

    oreille.jpgJ'ai tant faim, mon Oreille
    le soir n'est pas venu
    me porter sa corbeille
    d'agapes attendues
    et je ronge ma veille au bougeoir éploré
    que de cireuses treilles
    achèvent d'étouffer
    Peste soit des sommeils qui tardent à venir !
    J'aime autant, mon Oreille
    te dire :

    allons nos promenades
    au long des champs d'oubli
    bravades
    nos rires sous le plomb
    nos chants au feu nourri
    et de nos corps les embrassades étourdies
    tandis qu'au ciel un or malade s'affadit
    paradent
    se goûtent la vie

    Oh, mon Oreille amie !
    Oh, mon dernier soleil !
    J'ai eu tant d'appétits pour de tristes merveilles
    que je préfère cet ennui
    dont j'applanis les mauvais plis
    jusqu'à ce que ce drap soyeusement se prête
    à t'accueillir et faire fête

    J'ai tant faim, mon Oreille

    de vider ma redoute
    et comme nulle autre pareille
    que tu viennes, que tu m'écoutes...

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • passades

    PORTE02.JPG

    Anciennes boucheries, mon sang n'a fait qu'un tour
    et prit
    la mesure d'une ombre
    à l'enjambement sûr
    fuyant le jour des murs
    et logeant sa pénombre
    sous les porches des cours d'hôtel particulier

    Ça fleur' bon la poubelle

    et l'eau des caniveaux ruissèle
    son lot de vanités
    d'usages éculés
    tous les petits bonheurs gâchés par de pauvres ficelles
    appels d'orgues dénaturés
    pour la gloire des fronts blasés
    d'être à leurs trahisons fidèles
    et gravement scellés

     

    Passons...

    Quel heur as-tu à ton giron ?
    Dis, faisons bonne chère
    l'un de l'autre et laissons aux vers
    les quelques rogatons
    qu'épargnera notre carnage
    Consommons-nous avec orage
    et dans l'oubli du jour
    mijotons-nous en petits-fours
    Embouchés à l'arène
    que nos cors clament nos hymens

    T'hallali ! T'hallali !

    Sus aux anciennes boucheries !
    Place aux carnages neufs

    T'hallali ! Talala !

    ce qui fut jamais ne sera
    plus tendre
    qu'un bon pavé de meuf à prendre

    Au bocage, carrés de vaux !

    À la page, les tournedos !

    Ce soir, à la sortie d'Esope

    pavane la haie des salopes
    pour le cercle des Galant'In
    aux luisants colliers de cyprine
    Est-ce qu'à l'opéra bouffe à la crème
    la Grande Esbrouffe sa Bohème ?
    Et non ! ben nous, pareil !
    L'est pas moins goûteuse à l'oseille
    mais nous l'aimons crémière
    à la table de nos grands-mères

    Passons...

    De noirs onglets
    vont promener
    les ailleurs maladifs
    qui leur gouttent du pif
    sur de longs parapets

    Si lentes, lentes leurs charpentes

    haut succès d'années apparentes
    vouées à cultiver
    des bénédicités
    obstinément l'art de l'attente
    avec le cœur trop près du ventre
    et l'œil humidifié
    aux reflets d'eau courante
    et savamment innée, vibrante et toute énamourée

    C'est que ça fibre à l'ostensoir

    les mains libres des onglets noirs
    dites,
    remettez-m'en cinq livres, vite !

    Mais passons...

    Que j'en aie le carné
    rempli à satiété
    bouche, ris quand je te dévore
    et me dis ce mot que j'adore :
    "Sois donc pas marcassin !
    et rabourre-moi ce chemin"

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Ogre (est-ce ?)

    (in vino vers y tasse)

    ripaille.jpg

    Ogre brun, ogre rouge, ogre blanc,
    borborygmes à ma gorge déchirants,
    quand me suis-je égaré sur vos routes
    dans vos pas de géants taillant profond la croûte
    en quête des parfums moussus, boisés
    que vos bouquets rappellent des forêts
    courant toujours mon sang après l’histoire
    sachant pourtant la fin remisée au saloir ?

    Au rocher caribéen

    réfugié dans l’ombre cendre
    je me suis lavé les mains
    à l’eau qui se laisse prendre bras levés ;
    je n’avais plus à défendre
    que la plante de mon pied cambré
    ivre de rhum et de sa couleur ambrée
    avant de regagner nu
    plein du dégoût de moi-même
    près d’une chair inconnue
    ma chambrée d’amours bohèmes

    Nappe sanguine

    pain de riz
    petites fleurs

    Ah, purée

    piquer du nez
    dans ta chaleur !

    Pauvre Fantine

    tu t’enfuis
    après l’outrage

    Abandon

    de l’addition
    et du fromage

    Je n’aurais connu de Beaune

    que des boutanches la faune
    et des clairettes de Die
    que la pâleur de l’oubli

    Je ne sais de Bergerac

    - queue d’étiquettes en vrac !
    que cette langue de bois
    signe des crises de foie

    Parlez-moi de Livre Blanc

    et je vomis tout mon sang
    sur vos chaussures

    Quant à rentrer ma dérive

    en passant par l’éclusive
    je pourlèche ma salive
    aux commissures
    l’esprit affranchi des ogres
    - est-ce bien sûr ?

     

    meli-gargantua.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    (illustration ci-dessus extraite de ce blog)

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