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carnÂges - Page 29

  • paresseuse

    Vallotton, La paresse

    Son matin vient, pans grand ouverts
    sur la scène indolente et mûre
    de son âge élégant et sûr
    soucieux de ménager sa chair
    lui mitonne un confinement
    de son port mol et nonchalant
    que cette matinée durant
    elle gardera solitaire

    Un doigt sur la poussière
    Un autre à bout de sein
    La lèvre sous la dent
    Une rivière au sang
    lui court le souterrain
    où elle sait son monde
    contenir tous les mondes
    Elle y porte la main
    s'en féconde
    Un sourire lui fend
    la joue boudeuse et ronde
    où deux chocolats fondent
    et lui disent du bien

    Danse un rais lumineux
    La fumée dans ses bras
    pâle grisée de bleus
    cède à ce pas de deux
    Elle chante tout bas
    Elle égare ses yeux
    où elle sait son rêve
    envahir tous les rêves
    Y va de son oubli
    parachève
    d'un soupir allongé
    le cri dans sa gorge noyé
    qui la vide
    et l'aime comme elle est
    lucide

    Solitude en écharpe
    portée haut sur le col
    pieds nus frôlant le sol
    elle joue d'une harpe fantôme
    le trouble souvenir dont ses cheveux l'embaument

    Devant, la porte close
    Une arche la transpose
    en lui prenant les reins
    La nuit restée derrière
    n'en pourra plus passer
    le seuil évaporé
    l'heure est à son matin
    La victoire est totale
    sur les compromissions sourdes, sentimentales

    Un rire lui échappe
    dont les échos la happent
    Un vertige l'emporte
    Oh ! que plus rien n'en sorte
    Oh ! rester dans son nombre
    exponentiellement fraternel et sans ombre

    Boire un peu... se calmer...
    Circonscrire l'ivresse
    et se laisser au corps caresser la paresse

    tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : Félix Vallotton - La Paresse, 1896.

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  • assistance respiratoire

    « Nous nous aimions comme deux fous
       on s’est quittés sans en parler
      (un spleen me tenait exilé
       et ce spleen me venait de tout) »

    Jules LAFORGUE


    À page cent soixante et dix
    je me régale d'un supplice
       arabesque !
    (mais si je te le lisais, est-ce que
     tu n'y verrais pas mon vice ?)

    À tirer des vers de mon ventre
    j'en purge les dramaturgies
    pour les rages que je me rentre
    les sommeils que je m'interdis

    Pudeur brutale, une élégance
    - à manger sur du pain rassis
      le miel coulé de l'existence,
    m'accorde à l'objet que je suis

    Des logorrhées libératoires
    j'en ai des baquets plein la cour
    mais s'agissant de nos amours
    j'aime en dépenser l'Autre Histoire

    Tu sais

    Avec ses champs ouverts
    sur de nocturnes oliviers
    Avec son bord de mer
    à la sirène familier

    Et puis ces mains partout
    se levant des chorégraphies
    ta bouche dans mon cou
    soufflant la fin des appétits

    Je sais

    Feuillages éphémères...
    Tomber, même à deux, à genoux
    sera toujours tomber à terre
    Que voulez-vous

    De l'air !

    J. Lyautey

    tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Illustration : dessin de Jérémy Lyautey

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  • compulsion patentée

    LDNSHOES.JPG

    Promesses plantureuses
    des petits riens du Tout
    qui seront rien du tout
    te feront malheureuse ;
    cessez, vitrines !
    Vos expositions l'assassinent

    Occasion, Promotion, Compulsion
    font aux fronts toilettés
    appel aux petits pas pressés

    Cartes fidèles
    dont elle use
    avec ce gentil mot d'excuse
    "Pas cher, regarde"

    Elle aura pris sa garde
    sans voir le chien
    sans sommation
    S'en farde
    un regard qui vous tient
    en serre

    Enfer et tupperware !
    Chaussures !
    Ah, devantures !

    pieces.jpg

    tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Le panneau

    Tchiki boom tchi boom

    Bien le bonjour, madame
    aux gros nichons de plexiglas
    que ni vent ni pluie ne menacent
    puisque dépouillés d'âme
    - un comble si l'on considère
    la publicité de leur chair

    Toutefois,
    ne soyons pas dupes, mais brefs :
    une jupe a plus de relief
    (même les mains à plat dessus
     même sur le plus plat des culs
    au retour de la messe)

    Sortie matin, rentrée le soir
    À la journée sur le trottoir
    (aux yeux de tous les âges)
    et remisée pour la nuitée
    (sans menu bavardage)

    Que le franc juron du patron
    ("Putain ce qu'elle est lourde, con !")
    et puis les niaiseries garçonnes
    ("Attends! Attends, comme elle est bonne !")
    et tout ce que ne diront pas
    ceux-ci... celui-ci... celle-là...

    Jusqu'à ce plus taiseux encore
    qui entre fier et en ressort
    - Allez... tombé dans le panneau !
    son pain roulé dans vos journaux

    Ayééé !

    tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

     

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  • contrepoints

    saucisson.jpgTu t'emportes
    Je me ferme
    Ne goûterons-nous plus le jambon de Palerme ?
    ensemble
    étonnés de nos doigts qui tremblent
    à la même lueur ?

    Je me lâche
    Tu t'ennuies
    Boirons-nous pas de ce vin de pays
    avec
    nos doigts croisés sur le saucisson sec
    pour le même bonheur ?

    Si tu t'enfuis
    je suis perdu
    (Ah, je n'irai donc jamais à Palerme !)

    Viens là, ma vie
    que je te tue
    (Ah, qu'il est tendre au cul ton épiderme)

    saucisson2.jpg

    tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

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