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carnÂges - Page 33

  • miroir, miranda

    Miroir ? Oh, tes violences !
    et ça depuis toujours...

    Tu m'arraches ma mère

    me reproches ma peau
    me présentes l'inverse où je cherche à savoir
    comme il arrive à l'autre de me percevoir
    et de me juger beau, laid, fatigué même
    enfin, tel que je suis au moment qui importe
    là où il t'indiffère - où te pose problème ?
    de m'être en quelque sorte
    possiblement fidèle,
    impitoyable, cru,
    flagornerie mondaine,
    benoîtement cucu...
    Hypocrite !
    Je m'en veux de répondre encore à ton invite
    au détour d'un reflet saisi du coin de l'œil;
    tu n'es pas nécessaire et ne me serviras
    qu'une fois au cercueil, ha !
    - où j'aurais pris ma pose très ornementale,
    quand, devant mon visage en vraisemblable paix
    timide, tu viendras te placer sous mon nez vide
    alors, j'aurais l'insigne honneur de refuser
    le baiser de mon souffle à ta face glaciale, té !

    Miroir ? Oh, Miranda

    allez, range-moi ça

     

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    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Illustration d'après Ernesto TIMOR
    "l'incendie du palai des glaces" [double trouble] © 2001-2009 Ernesto Timor.

  • Bouillon, Esprit : Question

    (défi domestique)


    Que l’on brûle de fièvre
    je n’en disconviens pas
    Bon, c’est qu’on manque de lèvres
    abouchant le téton
    pour avoir son content de (mièvres ?) émotions, là

    Mais à manquer d’esprit

    là n’est plus la question
    On brûle tous ses rêves
    et on boit le bouillon
    Fade, la vie s’achève en queue de poisson, na !

    queue2poisson.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Grande première

    Pauvre, le rire passe et claque des talons
    s'efface, emporté par les sifflements humides
    glissant sur la chaussée où la journée se vide
    et draine un long ajournement de peine humaine
    à l'heure où vêpres sonne au clocheton
    le prompt rapatriement des singletons

    Impaire, une frise de néons clignotants
    électrise des yeux saisis d'envie puérile
    et la fièvre flouée des amours malhabiles
    s'invente un réconfort de carne appétissante
    sous des voiles plastiques transparents
    qui pointent dru au tétin provocant

    Oh, calade !
    je l'aurais vue plus gaie, ta promenade
    O tempora, o mores !
    À battre le pavé, la monnaie de ta pièce
    expire
    et n'aura bientôt plus que du soufre à gémir

    Lui qui va comme il peut après elles, toujours
    jette sur son épaule un rabat de sourire
    tient dans sa main gantée son dû pour le moins pire
    et jauge, habitué qu'il est, la crèche où on le loge
    (il fit son choix après son petit tour
    parmi les friandises dans la cour)

    Bégueule, elle annonce le prix comme il se doit
    et feule un ordre avilissant qu'il exécute
    surpris d'en apprécier autant la force brute
    salive, avant de tout céder à la dérive
    maintenant ligoté, les bras en croix
    savoure et jouit pour la première fois

     

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    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#77

     

  • après vous

    Après la bouche qui caresse
    la main, fraîche caresse encore

    Puis, dans les corps abandonnés
    la vie qui singe la mort

    Sur la courbe nue de la fesse
    la chaleur d’une tache d’or

    Juste avant son oubli, l’ivresse
    à l’œil qui se ferme et s’endort

    Les corps lourds ont le cœur léger
    Il s’envole par la fenêtre
    un souffle d’âmes délestées
    rejoignant le tableau de maître

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    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Illustration : Wassily Kandinsky, Courbe dominante.

  • mauvais sang

    Voici ton heure, mauvais sang
    l'heure de pointe au cheveu blanc
    témoin de nos fronts déclinants où s'agglutinent
    écot versé à la tontine
    l'hypothèque et la mise en gage
    des ruines laissées sans partage en servitudes
    où palissent les sourdes inquiétudes
    que nos mains ceignent
    en n'osant tirer trop fort sur le peigne

    C'est le moment des vilainies

    crachées de sous les vieux tapis
    par l'odieux serpent qui déplie ses annelures
    et nous jette en pleine figure
    un vin coupé de limonade
    avec ce goût de jérémiade acidulée
    lent venin sous le derme accumulé
    sans que s'en plaignent
    ni la vampire sangsue ni la teigne

    Au temps mauvais
    des ciels de lait
    plus crus que crème

    Tout s'est perdu

    de ce qui sut
    dire "je t'aime"

    Et revoici

    au cheveu pris
    dans le miroir

    Le mauvais sang

    qui désapprend
    le cher "bonsoir"

     

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    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK