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>imPrOmpTus - Page 34

  • Des flores, guéris donc !

    Me suis allongé là, sur la mousse anonyme
    moelleuse comme un cœur (ou sa bouche éponyme)
    avec un pli du soir dans le linge des ormes
    où je rêvais le nom de ma prochaine forme

    Il a plu sur mon dos les frissons lumineux
    arrachés aux grands cieux par ses ongles vengeurs
    une invisible humeur, éprise de mes yeux
    d'accord avec mon âme, au rire baladeur

    Calme, une chanson née d'un souffle rassagi
    murmura des ennuis l'orage passager
    sur un mode mineur à quoi j'abandonnais
    la dernière curée qui m'aura bien nourri

    Rendu à l'évidence allongée près de moi
    je lui ai pris le bras comme au bal on s’appelle
    ou, finie la semaine, on se promène au bois
    des embruns dans la voix pour faire un brin de zèle

    Oubliés les grands cieux (le ciel à son barnum
    avec ses chauds, ses froids, sur la carne des hommes)
    je me suis réfugié en douce compagnie
    fébrile... virginale ?

    Bacillaires orgies, gavons-nous de sang frais
    Parcourons le séjour sans craindre son loyer
    Désordres saisonniers, à nos hémophilies
    d'avides carnavals !

    Il y a de la place, où bien s’organiser
    des alcôves spongieux bordés de rouges fleuves
    de la chair amollie qu’enfin je m’y abreuve
    en son Café de Flore aux guéridons cirés

    Eh ! Qui m'a reconnu ? Qui a donné l'alarme ?
    À peine si j'ai pu... voici qu'on me désarme !
    Qui me juge, m'assaille avec force dédain ?
    Horreur, la médecine ! Au diable, ses vaccins !

    santéNon, mais quelle ironie… !

    Saloperie de science ! Ah, pleure, maladie !

     

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#170
     

  • digne d'un gong

    Disons, pour la Leçon, deux choses...
    Déjà l'une : mon phare fadais
    nimbé de rose-orange rais
    métempsycose-moi le dais
    empli de célestes nécroses
    jusqu'à ce petit pot de lai
    où ma vie prélève sa dose

    Et puis, ainsi qu'à l'heure docte
    quand passent au vent l'Aigre En Soir
    et ses huissiers en habits noirs
    l'écho des timbres qui s'invoquent
    pour la curée des vaines gloires
    en processions métamériques
    dicte sa loi métaphorique :
    "Rentrez ! Je ne veux plus vous voir"

    Voici comment deux sons de cloches
    (l'aérien et le séculaire)
    savent me plaquer, de concert
    à terre mieux qu'une taloche
    à terre, comme tous les mioches
    empêtrés d'ombre et de mystère
    le poing rebelle au fond des poches
    quand de vespérales aussières
    arriment le jour à l'hier

    Alors surgit, souple, élégante
    et tintinnabulant du pied
    et des cabrures de poignet
    qui vous la laisse pantelante
    une divination de chair
    dans ses voilures hypnotiques
    exhalant un souffle tantrique
    à vous consoler l'éphémère

    Dingue ! ce que peut un lent dong
    en délices de gravités
    prodiguer de continuité
    Vos services rendus à dia
    pour des campagnes de frimas
    adieu, clochers et minarets !
    me voilà sauvé par le gong

    Ah, mahayana ! J'ai trois corps !
    Pas un de trop pour rire aux anges !
    Danse, vieil Orne, sois mon Gange
    au bras de la devadasia
    Mets de la crème sur tes cors
    d'halleluias

    Silence ! Assez des clochetons
    qui m'alanguissent l'existence
    quoiqu'y réside en résonance
    une originelle chanson
    et son enfance

    Ils se taieront jusqu'au matin
    Aussi bien, dégorgeons nos faits
    sans craindre le sort ni la chance
    et leur tintouin

    Ah ! C'est bonheur que d'autres cloches...
    Que de choses, l'une dit vrai
    l'autre le sait, l'autre est le son

    gongtiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#169

  • 1000ème note

    711714632.JPGEmotion, amis de passage sur cet espace, voici la millième note publiée depuis son ouverture, il y a de ça - fiou !... déjà !

    Les Impromptus Littéraires sont à l'honneur, dans ce millésime, auxquels je dois un vital soutien, pour la fraîcheur de l'accueil qu'ils me réservent sur leur site d'écriture ludique.

    J'adresse un sourire cordial aux plus fidèles lecteurs et lectrices de 'pavupapri, poLétiquement connexe'; vos commentaires et vos regards me sont précieux.

    Aux 1 296 "visiteurs uniques" de cet espace poLétique, merci !

    Fidèlement vôtre,
    tiniak

     

    --------------------------------1000ème--------------------------------

     

    RUE L.


    C'est la rue des pianos du dimanche, des orgues
    des arbres vus d'en haut, de la fonte à leurs pieds
    des lieux où se monnaient des élans de pitié
    et des petits mourrons qui ouinent, pis que morgue

    Tout du long, des ébats se veulent fraternels
    avec des célibats joyeux et partisans
    qui s'entendent passer, la nuit, tonitruant
    et laissent des oiseaux en feuillets de missel

    Là, cure n'ont ceux qui n'ont plus que l'aube à boire
    ni le vieux pachyderme à leur fouiller les poches
    et si le chenapan mérite une taloche
    c'est qu'il s'est cru malin à faire des histoires

    Ici, dans un crachat, se résument cent fins
    à ce mal, pas fâché que souvent on l'oublie
    et qui tombe à vos pieds, bavant son homélie
    mais n'ayant de projet - pas l'Autre ! que le sien

    C'est la rue des petites misères de mai
    où le printemps s'en veut d'être déjà low tone
    où les "oh !" du mois d'août ne trompent plus personne
    et la lune punktue tous les calendriers

    Des façades se fendent d'un numéro bis
    que d'aucuns manqueront pour être allés au trot
    pressés de s'allouer la douceur d'un cuissot
    que vanta tel julot pour déniaiser tel fils

    Au sommet de la rue se domine le bourg
    ses joies, ses vilénies, venelles dépotoirs
    sages hypocrisies rangées dans les tiroirs
    et, leur mouchoir dessus, monogames amours

    C'est la rue ! C'est la rue qui râle son point d'orgue
    dans le ventre meurtri du vent sur les faîtières
    C'est la rue des amis aux noms pavés d'hiers
    qui l'ont rebaptisée, cette nuit, Rue Laforgue

     

    Caillebotte

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#168

     

     

    (tiki#167 est une prose exclusivement publiée sur le site des Impromptus Littréraires, pour le thème "Vingt ans après")

     

     

  • La passion, la paresse et l'art

    Dormir,
    dans le chagrin du vent
    avec, du roi Léo, la palme de crin blanc
    flottant à l'hémistiche
    où la terre et le ciel de l'un l'autre s'entichent
    et baisent goulûment
    leurs lèvres détrempées
    Dormir sans s'inquiéter
    qu'approchent, pas à pas
    d'autres et cætera - ils passeront leur tour !
    Dormir après l'amour qui nous a dévasté
    l'esprit, le sang, la chair et leur tendre pourtour
    le ventre dans la main
    imprégnés du parfum qui monte, en fumerolles
    du sol

    Dormir,
    dans les hautes largesses
    d'un très ancien ami
    sous le mouvant tamis de sa robe sauvage
    accueillant nos paresses
    il se dit une messe à l'aube de la vie
    un frétillant hommage
    une douce homélie roulant sous ton corsage
    aux pans rouges, froissés
    aux pans déboutonnés
    encadrant mon visage et ta ronde chaleur
    délivrant ta pâleur, engourdie, rassasiée
    à la complicité d'un monde sans orgueil
    pour la félicité
    de l’œil

    Dormir,
    dans la roue du chariot
    transportant l'écheveau de la dernière Parque
    vers son prochain monarque
    - le pauvre, il a bon dos !
    sans rien perdre du fil, subtil, qui fut le nôtre
    tandis que tout se vautre et pourrit en silence
    dans ce qui fut le corps de notre jouissance
    et qui cède sa marque
    - à de tristes julots ? pour un sabot (ferré !) ?
    Dormir, désemparé
    - c'est-à-dire, sublime !
    Dormir, dans l'inconnue folie d'un évident regard
    dévidant sa bobine, allégorique, intime
    pour l'art

     

    poésie,polétique,dormeur du val,de grâce !,manifeste

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#166

    Illustration : georges Jeanclos
    voir sur "Peuple de papier"

  • si bémol

    Docile enchantement, vespéral adagio
    ajustant au cordeau son journalier point d'orgue
    un désastre émanant de quelque vaste morgue
    tire au ciel bayadère un occulte rideau

    Répondant en écho à cet ornemental
    larme sentimentale et oisive langueur
    gouttent, rallentado, leurs partitions du chœur
    depuis le caniveau jusqu'au sobre canal

    Micellaire déclin, le chant de la journée
    écaille sa livrée dans le suspens de l'air
    Qui remet à demain ce que ne fut hier
    Qui, attendu ailleurs, contemple son plancher

    Fallacieuse évidence ! Et non : rien ne s'endort
    de l'âme ni du corps, ni de la ritournelle
    que murmure à l'esprit l'enfantine crécelle
    en n'ayant oublié rien de son chant de mort

    Solitaire - toujours ! pleure une mélodie
    à l'étrange harmonie, survenue, sans pareille
    élaguer le récit persistant à l'oreille
    dans la surprise pure et sa cacophonie

    Là, soudain, tout se tait : recherche, sens, métrique
    le tableau de l'automne et son ajournement
    Peut-être est-il alors possible, mon tourment
    que se résume l'Ordre à ce verbe atavique :

    Si...
    (ma montre n'était molle ?)
    Je rêve en si bémol un été qui s'enfuit

     

    Les poLésiaques

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#165