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  • Lettre aveugle

    watcha waiting 4?

    Le temps m'aura manqué
        peut-être à l'abribus
        peut-être avant la pluie
    peut-être au moment même où, se voyant réduit
    à ce pli cacheté au sceau de l'abandon
    il se préféra lettre
        aveugle, sans fenêtre
    et devoir s'en remettre à plus humble parti
    sans autre garantie que sa destination
    ne déroute un espoir
    et se voie signifier fin de non recevoir
     
    Au retour du courrier - voyez la bell' nature !
    la valse des regrets tourne à l'investiture
    et forme ces projets :

        Si j'avais le temps dans la poche
        je marierais Poucet à la Mouche du Coche
        qu'ils émiettent le mien sur la neige
        au passage fantoche de leur cortège

        Si j'avais le temps pour voyage
        attellerais mon rêve à son fol équipage
        et d'en piétiner les firmaments
        confierais au chaos comme à la nuit je mens

        Si j'avais le temps comme rive
        clapoterais du pied dans sa fraîche salive
        et de humer au vent son haleine
        accorderais mon sang au chant de la sirène

    Mais le temps, je l'ai dit, m'aura manqué ce soir
    et je n'ai qu'une lettre sans nom dans la poche
    Les fenêtres bientôt moucheront leurs encoches
    en tirant sur la rue des plis de velours noir

     

     

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    DDS + Impromptu Littéraire - tiki#95

  • théâtre

    Je n'ai compris qu'à l'aube avoir dormi près d'elle

    Si près que j'en avais le sang
    qu'avait fiché le camp avec mes congénères
    voir ailleurs si la terre accueille ses géants
    toujours aux mêmes lieux d'hiver
    où, passé l'ouragan, reste quelque bon air
    à beugler de concert, le nez à l'océan...

    Pendant que, sous la couette
    elle avait pris ma tête
    entre sa chair absente et ses froides rumeurs
    pour me bercer, peut-être, la peur
    qui n'a jamais manqué de me prendre la main
    au moment de céder hier au lendemain

    Avait-elle souri au trouble de mes yeux
    roulant sous les paupières
    ses doigts dans mes cheveux ?

    Comment me trouva-t-elle ? à son goût ? prétentieux ?
    à ce point si naïf ?
    en donnant du canif à mon ventre fiévreux...

    Sa nuit aura passé trop vite, je suppose
    je la trouve adossée
    la nuque révulsée
    son crâne à mon épaule
    que j'ose
    caresser

    Un geste de recul, elle est au bout du monde
    et moi, dans la seconde, à débattre
    si ça vaut bien la peine d'aller au théâtre

    Tétrochou, tsé

     tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    -hYpOcriSis-

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    Lien permanent Catégories : carnÂges 0 commentaire
  • Un matin

    ça, l'temps... !

    Un matin - mais était-ce un matin ?
    il fallut se rendre à cette évidence :
    le temps avait bel et bien disparu

    Sept péchés capiteux parfumaient la chambrée
    ça me laissait trois doigts pour te former les yeux
    puisque tu t'éveillais

    Ah, les torticolis matinaux qui se prennent
    les pieds dans les Tant Pis, après une semaine
    de paresse et d'ennui
        ça vous met des colères
        jusque dans le revers
        des plus sourdes envies

    Et puis, les gourmandises
    - revenus d'un orgueil avare de franchise,
    s'étalaient chez la Pas Si Fière
        qui saurait comment faire
        avec les impostures
        un festin de luxures

    Le temps avait passé
    avait choisi son camp
    et n'en reviendrait pas dorénavant

    Sa première moitié
    jetée au bout du monde
    il promenait au diable sa seconde

    L'infini dépité
    rentra dans sa caverne
    pleurer des météores sempiternes

    Moi, pris dans la fenêtre, à me tordre le cou
    je déployais des orgues d'impuissance
    La mort n'accorderait jamais de délivrance
    et mon chant se joindrait aux cris des fous ?

    Quand, tous les nombres bus, finit la parabole
    l'ordre des vanités perdu pour les calendes
    s'en remet au chaos sur les bancs de l'école
    et lève un doigt pour prendre sa commande

    Eh ! pas une âme hors de moi qui l'entende ?

    Sans Toi ni Pas Si Fière au fond du corridor
    c’est folie de rester dans ce décor !

    Oui, folie d'être seul enrobé des parfums
    réchappés d'un hier sans lent demain

    tiniak à la fenêtre

     tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#94

    et une invitation à écrire de Graphène

  • Avant d'sortir

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    Pour dire,
    ça m'est tombé dessus
    comme une névralgie
    d'automne en Normandie
    - je n'en souhaite à personne !

    Dans le souffle harassant,
    sableux, du vent d'autan
    plaquant sur l'abribus
    un lot de prospectus
    qu'avais-je négligé de Superbe ?

    Quand, passée la panique
    je fus éparpillé
    dans sa pyrotechnique
    je pleuvais des reflets
    au mille et un effets métonymiques

    Mon Quatorze Juillet d'artifice
    Mon bouquet de mues gaies et propices
    Son amour impromptu m'accomplisse

    En gouttes de rosée, sur l'herbe.

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#93 

  • jour naît

    Leopold Survage, 1921

    Les ongles granuleux d'avoir creusé l'insaisissable
    je caresse mon rêve à l'or infatigable
    Qu'un embarras de firmament quitte enfin les toitures
    Que cesse, incontinent ! cette déconfiture
        C'est que j'ai ouvert le coffret
        Maintenant, c'est à moi de jouer
        sans crayons ni peinture
    mais de quoi raccorder au monde un autre devanture

        Et j'en sors
        (et j'en passe !)
        Et fi des silhouettes lasses
        (ou alors, dans un coin
         dévolu aux rhumes des foins)

    À repeindre le ciel au gré de songes improbables
    je puise en mon ivresse un camaïeu de sables
    que je répands allégrement sur la toile nocturne
    et pare de brillants son Ombre taciturne
        À moi ! tous les fous de Bassan
        Allons déloger l'océan
        de sa niche profonde
    à la faveur des yeux fiévreux qui reluquent le monde

        C'est magie,
        mon trésor
        Prête-moi que j'en use encore
        et que j'aille rimer
        la faille aux mûres engorgées

    Car c'est bonheur de dépenser tout ce monde réel
    Délire ses fatalités,
    c'est mon trésor ! et tout son miel
    coule en chaque journée
    une liqueur d'éternité

    Coule, en chaque journée
    une liqueur d'éternité !

    dig it!

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Défi Du Samedi #124
    Illustration d'en-tête : Leopold Survage, Ville - 1921.