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  • CocoRosie

    Oh, les filles ! sœurettes, vos voix
    où nos grand-mères nasillent (comme poupons)
    et les divas-pities scintillent (sans compromission)
    proprelettent les ondes
    et vos joujoux poppy frétillent vos recettes
    répondent
    à quelque incantation secrète
    que ne peuvent entendre plus
    que les chairs tendres et disparues

    jouet-tchou.jpg

    tatou,
    "...la vie, / c'est comme / une boîte de chocolats..."
    une larme suffira sur la joue sous l'œil
    (souris kazou,
     j'embarque après vous mon deuil)
    une brillance lui fait écho
    s'effeuille des spirales
    vocales bancales

    jouet-son3.jpgOh, les filles ! coquines
    vestales riant à la porte Colline
    - grimace à la face des joyeux sots,
    plein pot, les nuances !
    tout l'air tremblant qui danse
    et la peau qui résonne
    s'étonne

    jupons,
    Japon,
    tout un chenil en tête

    jouet-son1.jpgchanson,
    scansions
    toute, la ville en fête

    à l'écoute des deux sœurettes

    déroulant
    coco_rosie2008.jpgdéroutants
    les arpèges

    la nuit
    la pluie
    se désagrègent

    pincez-moi, fort
    je ne sens rien
    c'est que je rêve
    c'est bien

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    cocorosie.jpg
    Bianca et Sierra, les sœurs Casady de CocoRosie (+live)
  • braguette paysanne

    Prise de terre
    entre les dents;
    la faim du monde paysan
    j'y pense à l'heure de la promenade
    sur le bitume des villes malades
    Pré  du kiosque le gazon vert
    crotté par de bonnes mémères
    aux étrons blancs et solidaires
    je lévite au-dessus de son aire
    le front ceint d'atmosphère artiste
    pour un peu me ferai lampiste
    de théâtre
    - drame, comme j'essuie tes plâtres

    Prise de terre
    sous les pieds nus;
    je titube - Eh, je n'ai pas bu !
    Des forces telluriques, impies
    affolent un rang de fourmis
    qui s'égaille entre mes orteils
    dispersent le soudain réveil
    de tout mon capricieux appareil
    Ruée      à travers l'échine
    Détente  des plis de mon grin
    Extase    phase après phase
    et le Cri
    que tout cela m'arrache
    emplit tout ce dont je m'amourache
    Et la nuit

    Prise de terre
    l’œil en coin;
    avec la lune
    pas loin, pas loin !
    et le Centaure et la Grande Ourse
    avec le chien
    qui font la course
    mais c'est toujours le même qui gagne
    vite à la niche des campagnes
    et allez, si les cloches sonnent
    (ces cloches que plus rien n'étonne)
    ça participe de la fête
    (ses bourrades, sa chansonnette)
    - Eh, te voici ! le bon chienchien
    pour ta caresse de l'autre main

    Prise de terre
    à paume pleine;
    l'exilé de retour au pays
    à son ennui, son oubli de soi
    des autres
    et leur mauvaise foi 
    et puis leurs femmes
    avec leur nom
    qui s'efface d'un trait d'union
    passage obligé par la vie, son cours
    la grimace de ses contours

    Prise de terre
    à plein poumons;
    la terre est sauve
    (ben voyons :
    pas son labeur
    ni les lieux qu'on a pris par cœur)
    la terre odorante
    ses berges
    près des eaux, les lumières vierges
    dans le murmure bienveillant
    des arbres
    (mais les arbres aux bras ballants)
    sous le ciel glabre

    Prise de terre
    aucun miracle;
    je reviens à mon tabernacle
    le front gris
    le menton pris
    dans un sourire d'empathie lasse
    alors la boue sur mes godasses m'apparaît
    Bottes_noires_001.jpgau moment de quitter le square
    (où je ne t'ai pas vue, ce soir)
    puis ma nostalgie paysanne
    me pousse au flanc
    oui... comme un âne

    Prise de terre
    (tout électrique);
    je
    regagne ma mezzanine
    chassant de mon bras la farine

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • et avec ça, ce sera tout ?

    Avec tout le bois mort des forêts insoumises
     tous les élans des amours ravageuses
     tout le soutien des terres généreuses
     tous les secrets attendant qu'on les dise

    Avec les chiens perdus pour la bonne caresse
     les orphelins du plus simple sourire
     les solitudes à n'en plus finir
     les portes closes sans laisser d'adresse

    Avec le peu de temps que chante la cigale
     la saison neuve où cette autre s'effeuille
     le rouge feu du soir qui monte à l'œil
     l'aube, son voile et sa danse orientale

    Avec un petit rien que c'est un vrai bonheur
     une main pleine de caramels mous
     un vent marin glissant des billets doux
     une tartine confiture et beurre

    Je ferai les barreaux de l'échelle à gravir
    d'après Fabien NOURRISSONpour l'apposer au ciel sur le petit matin
    en priant le Pierrot de vite déguerpir
    décrocher de la lune le miroir sans tain

    et te l'offrir
    (mais cela va sans dire)

    et boire un vers
    au calice lunaire
    avant de le jeter en l'air

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : d'après un bronze de Fabien Nourrison

    impromptu littéraire (remanié)- tiki#56