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Les bras de l'un dans l'autre et sa Partie Prenante en appui sur le mur des heures à venir il ne va pas s'en dire aux lendemains qui chantent une brouée de plus
Ni les bouches émues des armoires béantes ni les arbres peu fiers de ne pouvoir mûrir tous les fruits attendus n'y entendent plus mais dans le bruit continu que font les citadins par les tristes jardins bordant les avenues où le brouillard sommeille
Vois comme l'on s'encastre avec délectation C'est des membres fait pour ! et c'est de l'élixir ces heures à fleurir tous les ponts et chaussées de la ville marron à boire les buées de notre adéquation l'œil de l'autre dans l'une et son profond miroir Que des rires ! partout, sur les bancs fatigués les ardoises meurtries, les armoires sans fond et le petit poney qui promène un gamin
Ah, ça y est ! Pour de vrai ! C'est la Partie Prenante - élégant, le printemps lui fait quelque douceur Aurais-je assez de mains ? de bouches ? de folie ? Ah, tu m'auras bien pris et travaillé le corps - plus que n'en peut souffrir l'ombre au liseré d'or quand il sera parti vers des chinoiseries d'un autre méridien le soleil qui lavait naguère encor ton sein
Allez, hop ! Vent Debout, attrape, si tu peux nos ventres monstrueux qui se gavent d'eux-mêmes dans les jeux amoureux de leur faste ibidem
Le long ventre du ciel s'est encore avachi J'ai beau lever les bras je ne sais pas l'atteindre J'aimerais tant, pourtant... J'aimerais le repeindre et lui rendre les tons qu'ont les mots qui s'oublient
Envol, envole-moi vers les nuées sauvages Que j'en revienne à l'âge où s'entendait son rire botter le point-virgule avant de déguerpir à l'autre bout du verbe et de ses arbitrages
Envole-moi des airs qui nous venaient en rêve Trop lourde m'est la grève où je promène seul sans plus y distinguer narcisse du glaïeul ni savoir à nouveau comment l'heure s'élève
Envole-moi les mains vers le ventre du ciel que j'y puise ma part de pleurs inassouvis puisque je l'ai perdu, qu'il était mon ami et que je n'entends plus son chant confidentiel
Nous courons, droit devant... Ce qui n'est pas encore un lieu de se réjouir de nos assassinats, nous attend
La suée qui nous vient nous en partagerons la douceur, le fumet l'un à l'autre liés, dans le bain
Qu'importent les regards qui se portent sur nous, inquiets, indifférents anonymes, hagards
Je te nomme Arachné moi, ton Quetzacoatl au plumage d'airain qui t'offre, à pleines mains, cette ivraie
Massacre au point du jour ! Nous les avons tués des serviles journées, les sibyllins contours
Des caresses sans fin Des rires sans objet Des larmes sans chaleur Des yeux sans appétit Des hurlements sans cœur Des mots sans mélodie Des odeurs sans festin Des rêves sans idée
L'esprit, d'un simple trait s'est offert un carnage Lui suffit un hommage, honnête, simple, vrai
Dans notre douce alcôve... Qui souhaite incriminer notre parti d'en rire puisque la joie est sauve ?
Puisque la nuit, traînant les pieds, tardait à regagner de son aube mollette le confort attendu, je décidai de m'occuper de ta coiffure. Dans la cuisine, je tirai par son cou flexible le robinet niché dans le plafond moussu. Je remplis un broc d'eau fraîche et revins vers le fauteuil à oreilles où tu t'affairais à élaborer des stratagèmes dans une autre dimension - peut-être en ramènerais-tu quelque chose de beau, comme hier.
Je défis, de ta nuque, le nœud maintenant le fichu qui le serait bientôt complètement - tu m'avais dit le tenir de ta mère, ne t'en séparais guère qu’avec un regret crispé sur les tempes et l’invariable grognement qui dit que tu te fâches. L'herbe rouge de tes cheveux ainsi libérée, je l'arrosai d'un filet d'eau; jaunie par le revêtement intérieur de la plomberie, cette eau dansant, ça faisait de l'or liquide dans l'air contrit. Tu te réveilleras rousse, comme promis.
J'entendis les gros sabots de la nuit annoncer son retour dans les ordres. Je soufflai la bougie. Il y eut un suspens de l'obscurité dans une autre lumière, inconnue de mes yeux, qui s'en émerveillaient. J'aurais voulu te réveiller, mais j'avais peur de t'arracher à quelque découverte fondamentale. Aussi, je m'assis dans la main du bras du canapé en gardant cet instant contre moi, bien serré, pour te l'offrir à ton réveil.
D’une main engourdie, j’inscrivis sur la cuisse de mon pantalongraphe des mots que je pense avoir lu sans avoir jamais pu, même su ni voulu, (pourquoi ?) en oublier jusqu’à la parenthèse : Un jour. Il y aura autre chose que le jour. Une chose plus franche, que l'on appellera le Jodel (Boris VIAN).
C’était pas l’ jour. C’était encore sa vibrante promesse.
Il montait, de loin dans la rue, des rans et de pas de tambours qui annonçaient un événement singulier. Lequel ? Ça, je n’en avais pas idée. L’attention portée à la mise en scène du petit-déjeuner, je distinguais vaguement, cet état de fête.
Une mouche, rescapée de l’hiver, résistant au possible et que je ne parvenais pas à convaincre d’aller voir ailleurs si les oreilles étaient moins sensibles, me piqua. J’entrai en inspiration rigoureuse, avec quelques paronomases au bord de l’asyndète et entrepris de ravager le salon, de belle façon, afin que ta surprise soit complète – comme tu l’exigeais, chaque jour, avec douceur mais fermeté; quand tu te réveillerais, ta rousse blondeur bien coiffée de la veille.
Et tu te réveillas.
Il faut dire que dans la rue, en bas, ça tapait fort. Aux rans se mêlaient des ahans. Des sifflets suraigus se le faisaient couper par de secs claquements de fouets. Le bitume souffrait mal qu’on lui raclât le dos avec tant d’insistance (mais avec je ne savais quoi… pas encore). Et puis, il y avait la masse laborieuse, pas fâchée de l’animation, qui s’émoustillait le quotidien en y allant de ses clameurs, harangues, interjections futiles, enfin tout ce qui lui permettait de s’époumoner proprement, dès matin.
Tu sortis de la chambre, sans relever le joyeux carnage du salon et vins droit à la cuisine t’asseoir devant ton bol de cornichons. C’était pas l’ jour… J’étais, toutefois, pour te le souhaiter bon, quand tu lâchas, grognon mais sans fureur : « c’est quoi, c’ bordel ? »
Tu te levas, te dirigeas vers les fenêtres donnant sur la rue en traînant les pieds à travers le salon, d’où tu me lanças un gentil « Oh, c’est gentil, ça ! Merci mon chéri, tu as fait un beau carnage ». Gentil ? Bon, va pour…
Entre les rideaux écartés, tu t’exclamas par-dessus ton épaule gentiment découverte :
« - Ah, bah oui ! Viens voir !
- Que se passe-t-il ?
- Bah, viens je te dis. Viens voir ! »
J’obtempérai, jetant au passage un coup d’œil au calendrier qui ne me renseigna guère, à première vue.
Parvenu à ta hauteur, dans l’encadrement de la fenêtre sans tain, je vis un cortège de jeunes femmes, habillées à la diable ou à la franche rigolade, ou en nuisette, ou en tout ce qui avait pu leur passer par la tête. Elles traînaient, plutôt tiraient comme des bêtes de somme, le mobilier volumineux de leur literie, défaite, parfois excessivement, qu’elles avaient encombrées d’attributs singuliers… de la peluche au godemiché, pour dire.
Toi, tu applaudissais. Une gamine devant un nouveau jeu ! Tu répétais en rythme – et ça swinguait pas mal : « C’est les Catherinet-teu ! Les Catherinett’s ! C’est les Catherinet-teu ! »
J’observai alors que toutes ces jeunes femmes étaient très variablement coiffées de chapeaux, plus fantasques les uns que les autres. Peu enclin aux dégradations volontaires, je poussai un soupir. Je t’aurais bien servi quelque charitable discours, mais, je le sentais depuis quelque temps : c’était pas l’jour… Le Jodel attendrait un peu. Un bon peu, même… Et puis, tu te tournas vers moi et dis : « c’est heureux comme on s’aime ».