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  • poésine

    Cet arbre qui chante
    et verse à l'hiver son écot
    se laissant plumer jusqu'à terre
    sans pour autant courber le dos

    Cette main qui tremble
    au moment de toucher au but
    tient dans le temps qui lui ressemble
    un bonheur entier suspendu

    Ces yeux qui se ferment
    préservent d'un dernier rempart
    toutes les délices en germe
    au jardin nu de nos regards

    C'est toi ! c'est bien toi, poésine
    sève de rêve, ma résine
    qui me déloges des torpeurs
    où fane tout... les noms, les fleurs...

    arbre_hiver.jpgC'est toi le sang frais de mes chants
    toi, la source des renaissances
    toi, lumière et ombre qui dansent
    toi, mon précieux médicalmant

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN
    &ditions TwalesK

  • lettres mortes

    1049350325.jpgNe pas l’ouvrir et tout savoir

    de ce pli sur mon écritoire ;

    déjà suffise à mon bonheur

    d’en percevoir la douce odeur

     

    Ah, l’être ! …l’être que contient

    cette enveloppe qui me vient

    d’un ailleurs aussi véritable

    que des pensées les plus aimables

     

    tant attendues, tant espérées

    pour encore un temps cachetées

    tout au plaisir de différer

    le plaisir d’en lire le trait

    à s’ensuivre

     

    Ne pas l’ouvrir – pas maintenant !

    Savourer cet ajournement

    plus intense que la venue

    du cadeau qu’on a tant voulu

     

    Ah, lettre ! … lettre, jour de fête !

    J’ai cette griserie en tête

    où se mêlent tous les refrains

    des « je te veux », des « allez, viens »

     

    Et ça bourdonne des printemps

    les vivaces débordements

    qui portent l’âme à s’émouvoir

    d’un rais lumineux sous le soir

    et m’enivrent

     

    Ne pas l’ouvrir qu’avec les yeux

    et respirer encore un peu

    de sa lointaine provenance

    la fine et précieuse éloquence

     

    Ah ! l’être (lettre), c’est magie !

    C’est commencer où tout finit

    signé le dernier caractère

    dans les mains du destinataire

     

    C’est l’envol des félicités

    allant sous l’aile repliée

    porter à l’autre en quelques pages

    Delaporte_Salmigondis.jpgle plus intime des messages

    comme un livre

     

    Ne pas l’ouvrir – comme toujours,

    la joindre à tes lettres d’amour

    que jamais le rêve n’en sorte…

    Oh, magnifiques

    Oh, rhétoriques lettres mortes

     

     

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    impromptu littéraire - tiki# 60

    illustration (ci-dessus) : Janine Delaporte.

  • Les brillantes

    Cl-SAUZET_La-ronde.jpg

    Si méritoires, belles et bonnes
    âmes d'un soir au Tout-Venant
    comme vos brillances m'étonnent
    incidemment

    Furtives, mignonnes - vraiment !
    qui me vont à l'œil célébrant
    plus que votre port d'Antigone
    votre allant

    C'est du théâtre à ciel ouvert
    tout le ballet des chevelures
    rémanences d'antiques mers
    et d'aventures

    Vous n'êtes pas de ces dragonnes
    promptes à jeter l'anathème
    sur  l'économie d'un "je t'aime"
    quand cette invite vous friponne

    Mais vous ne serez pas moins fières
    ni moins farouches à défendre
    les beautés auxquelles prétendre
    au cœur même d'un éphémère
    assentiment

    Dès lors, c'est trésor de vous voir
    blancheurs éclatant sous le noir
    écrin de  vos savantes nippes
    rehaussant votre prune lippe
    afficher votre mésespoir

    Et si je vous préfère brunes
    c'est pour opposer à la lune
    et sa fadeur sempiternelle
    la surprise de vos prunelles

    Brillez ! Brillez, les festivales !
    Foin des torpeurs sentimentales !
    La vie est courte... adieu, les anges !
    Dame ! votre âme me démange
    Grattez-moi là...

    Et qu'aucun ciel ne se dérange
    ...plus bas
    ...plus bas

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration: La Ronde, Claude Sauzet.

  • Pour un duo de fleurs...

    Berthe-Morisot-été1879.jpg

    Pour un duo de fleurs sur une barcarolle
    je soufflerai mon cœur ta peine et son ivresse
    sur la peau de ce gant comme un autre à confesse
    implore du divin le pardon qui récole

    J'aurai cette langueur tant pleine d'affection
    que toutes mes passions s'y mêlent et s'y meuvent
    afin que par ces yeux mes yeux mis à l'épreuve
    dès le premier regard en reflètent le fond

    Muette et cependant, ayant beaucoup à dire
    je ferai d'un soupir toute mon éloquence
    à plaider le plaisir d'une nouvelle danse
    conviant à mon bras ta paume, sans frémir

    Et ce sera musique et fête aux alentours
    entrant en résonance avec notre intérieur
    et si brûlant désir que ce sera bonheur
    d'être toute à conduire et mener ce velours

    duo_NB.jpgSur une barcarolle
    Pour un duo de fleurs

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    illustration (en-tête) :
    Berthe Morisot, 1879.