écologie
-
Fractale mémoire
Le sourire appuyé flatte la proie suivanteavec l'impunité souveraine et glacialequ'affirme un prédateur sur le règne animalau moment d'appâter une chair innocentePassant de main en main, le billet anonymeravage le destin de brûlantes jeunessespoussées sur les trottoirs des fragiles détressesqui n'aspiraient au fond qu'à toucher au sublimeLa progression prudente au milieu du vacarmeva porter plus avant son projet délétèrepour mériter demain son solde mercenaireet chérir en secret la puissance des armesUn nubile marsouin étouffe lentementle déchet a livré sa farce de méduseTandis que, sur les flots, la croisière s'amusematernelle, une peine erre dans l'océanEn pays d'Avignon s'ouvre le festivalL'enfant aux yeux béants découvre son cadeauLa pensée engourdie laisse flétrir les motsIl plane sur le monde un parfum de scandaletiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesKpour un Impromptu Littéraire - tiki# 215 -
échos logiques
Je t'ai connue plus sobre et moins sujette au vent
ma rage, au demeurant prête à jeter l'opprobre
- et comme !
sur l'impudent écu d'outrages anonymes
Quelle paix d'apparat, tel un vol d'étourneaux
entre des cardinaux négociant leurs climats
chez l'Homme
dévoya le lent flux des cycles en abyme ?
Tandis que la saison s'octroie quelque douceur
chargée de ces humeurs favorables aux fièvres
sous un ciel de laiton qui s'est mordu la lèvre
une journée sans nom étale ses langueurs
en fumées indociles...
Septentrion s'ennuie près de l'Ourse Polaire
Ils attendent la nuit pour lancer des clins d’œil
dans l'idée qu'ici-bas une âme les recueille
puisque c'est notre lot dans ce coin d'univers
et pour cause !
(Quoi ! Vous je ne sais pas, mais regarder le ciel
jamais ne me suffit à me donner ma dose
d'éternel
mais j'en cause)
L’Austral en prend aussi, vlan ! derrière la nuque
et mange sa perruque aux crins blancs, déjà roux
Tu nous l'auras prédit, mais jusqu'à quand, Guru
pourrons-nous déguiser sa tragédie de stucs ?
Ah, sentences !
qu'on ignore à vouloir trop se flatter la panse !
Tandis que l'oraison s'attribue des hauteurs
l'ineffable primeur de respirer l'air pur
une journée sans nom s'arroge des voilures
dérobées à des ponts d'escales sans valeur
au blason mercantile...
Et quoi ! mettre à l'amende un monde industrieux
crachant des miséreux sur d'impropres séquelles ?
Parlez-moi de vœux pieux ! En ai plein la sébile
À nous, Fatalités; l'espoir est trop aux dieux !
Piétinons dans la file
Et quoi ! choper Untel en le priant « Môssieu
ce papier tant graisseux mérite la poubelle »
et s'attirer - au mieux ! un regard imbécile
un juron - « va au pire !..." » : un geste belliqueux
suivant l'autre, puéril ?
Je t'ai connue plus faste et mûre, cependant
ma verve réfutant l'idée qu'on n'est que nombre
- et sombres !
et pas foutus de chanter de concert
Perdure, Anonymat ! Eh, Planète, sanglote !
Moi, les nerfs en pelote, ai cessé le combat
M'en va
soldé mon dévolu, m'être, les yeux au Vers
et Ça ira !tiniak © 2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un Défi Du Samedi -
la faim du monde
Je les ai bien entendus, moi
les vents savants
dans leur élan
aussi sauvages que l’enfant après ta chevelure
grimpant aux arbres
raclant les murs
faisant vibrer les devantures
levant le voile et les vivats
des garçons agitant les bras
ça rigolait dur sous la douche
là où la gouttière fait mouche
ouvrant le col comme une baie
et nous menait, tu sais bien où
tout doux tout doux
Je les ai bien respirées, moi
les fleurs nouvelles
à rimer à la bagatelle
ployant le cou sous la caresse
disposées à d’autres largesses
assurées du tendre à venir
et ça s’affaissait sous nos doigts
affolés par, tu sais bien quoi
leurs tiges nous striant le dos
leurs jaunes dans ton indigo
avant de garder notre empreinte
sur la pairie, repeinte
qui sembla n’attendre que nous
Tout doux tout doux
Je les ai bien embrassées, moi
les ondes claires
au cours disert
murmurant des contes païens
roucoulant le nom des marins
vers les nuées depuis la source
et ainsi jusqu’à la Grande Ourse
où nos larmes se sont trouvées
je me retourne et je te bois
liqueur de la Vallée des Rois
et tu goûtes mon élixir
sur l’écho flottent nos soupirs
nos genoux lissent les cailloux
tout doux tout doux
Je les ai bien admirées, moi
les flammes vives
or vacillant à la dérive
cuisant les soupes de brindilles
que nous ont préparées les filles
se figurant maîtresses femmes
leurs mouvements brûlant nos âmes
j'en cherche encore tout le secret
te couchant nue près du foyer
dont la chaleur est moins exquise
que celle où tu as la main mise
tandis que la fumée s'élève
tout se consume autour de nous
tout doux tout doux
de tout cela, que verras-tu
ma petite fille aux pieds nus sur le carrelage
quand tes yeux auront pris de l'âge
et que mon temps ne sera plus ?
horus tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
-
Verte Corinne
Verte Corinne avait la main verte
et pas que pour le jardin, pensez donc!
comme un mannequin de Helen von Umwerth
ignorait tout du pantalon ;
le teint rubicond de ses hautes pommettes
s'avivait quand elle entendait son nom
ou que nous prenions d'assaut sa charrette
dès qu'elle avait passé le pont.
Sur la colline elle s'était offerte
aux plus enhardis d'entre nous, les garçons
qui ne manquions pas de nous en vanter, certes
entre nous, pas à la maison!
Volontiers se laissant compter fleurette
aussi bien par tout ce qui portait jupon
la mariée comme la catherinette
s'offraient ainsi consolation.
Verte Corinne à la colline verte
dispensait les bienfaits de son giron
la cuisse lourde et le bassin alerte
aux oubliés de Cupidon ;
à l'abri des paroies de sa charrette
sous le couvert de quelque frondaison
cédaient les corsets comme les braguettes
les lacets comme les boutons.
Puis vint le jour où Corinne La Verte
épousa un faiseur de pantalons
lequel ne mesura pas tant quelle perte
il causait là, et quelles déceptions !
Au pied de la colline, on leur fit fête
quoi qu'il nous en coutât, le rigodon
s'employa à faire tourner les têtes
lever chevilles, capels et jupons.
Adieu Corinne! Adieu colline verte!
secrets ombrages, complices buissons,
gardez-vous que jamais l'amour ne déserte
la douceur de votre verte oraison.norbertiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK