Verte Corinne avait la main verte
et pas que pour le jardin, pensez donc!
comme un mannequin de Helen von Umwerth
ignorait tout du pantalon ;
le teint rubicond de ses hautes pommettes
s'avivait quand elle entendait son nom
ou que nous prenions d'assaut sa charrette
dès qu'elle avait passé le pont.
Sur la colline elle s'était offerte
aux plus enhardis d'entre nous, les garçons
qui ne manquions pas de nous en vanter, certes
entre nous, pas à la maison!
Volontiers se laissant compter fleurette
aussi bien par tout ce qui portait jupon
la mariée comme la catherinette
s'offraient ainsi consolation.
Verte Corinne à la colline verte
dispensait les bienfaits de son giron
la cuisse lourde et le bassin alerte
aux oubliés de Cupidon ;
à l'abri des paroies de sa charrette
sous le couvert de quelque frondaison
cédaient les corsets comme les braguettes
les lacets comme les boutons.
Puis vint le jour où Corinne La Verte
épousa un faiseur de pantalons
lequel ne mesura pas tant quelle perte
il causait là, et quelles déceptions !
Au pied de la colline, on leur fit fête
quoi qu'il nous en coutât, le rigodon
s'employa à faire tourner les têtes
lever chevilles, capels et jupons.
Adieu Corinne! Adieu colline verte!
secrets ombrages, complices buissons,
gardez-vous que jamais l'amour ne déserte
la douceur de votre verte oraison.
norbertiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK