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la faim du monde

l'oeil était dans le livreJe les ai bien entendus, moi

les vents savants

dans leur élan

aussi sauvages que l’enfant après ta chevelure

grimpant aux arbres

raclant les murs

faisant vibrer les devantures

levant le voile et les vivats

des garçons agitant les bras

ça rigolait dur sous la douche

là où la gouttière fait mouche

ouvrant le col comme une baie

et nous menait, tu sais bien où

tout doux tout doux

 

Je les ai bien respirées, moi

les fleurs nouvelles

à rimer à la bagatelle

ployant le cou sous la caresse

disposées à d’autres largesses

assurées du tendre à venir

et ça s’affaissait sous nos doigts

affolés par, tu sais bien quoi

leurs tiges nous striant le dos

leurs jaunes dans ton indigo

avant de garder notre empreinte

sur la pairie, repeinte

qui sembla n’attendre que nous

Tout doux tout doux

 

Je les ai bien embrassées, moi

les ondes claires

au cours disert

murmurant des contes païens

roucoulant le nom des marins

vers les nuées depuis la source

et ainsi jusqu’à la Grande Ourse

où nos larmes se sont trouvées

je me retourne et je te bois

liqueur de la Vallée des Rois

et tu goûtes mon élixir

sur l’écho flottent nos soupirs

nos genoux lissent les cailloux

tout doux tout doux

 

Je les ai bien admirées, moi

les flammes vives

or vacillant à la dérive

cuisant les soupes de brindilles

que nous ont préparées les filles

se figurant maîtresses femmes

leurs mouvements brûlant nos âmes

j'en cherche encore tout le secret

te couchant nue près du foyer

dont la chaleur est moins exquise

que celle où tu as la main mise

tandis que la fumée s'élève

tout se consume autour de nous

tout doux tout doux

 

de tout cela, que verras-tu

ma petite fille aux pieds nus sur le carrelage

quand tes yeux auront pris de l'âge

et que mon temps ne sera plus ?

l'oeil d'Horus

 

horus tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

Commentaires

  • Parfois tes poèmes me font penser à un tableau. Tu utilises les mots comme un peindre ses couleurs et motifs sur tes tableaux pour moi se présentent parfois pas trop clair mes très vivantes, fortes et douces en même temps.

  • j'ai parfois la poésie crue, presque descriptive - j'en use pour rendre des coups, conjurer des tabous...

    mais la poésie qui me vient, je l'écris d'un trait ou presque, la première strophe pilotant le contenu des suivantes. je reviens peu sur ce que j'écris. j'en prends le temps. des fois ça file, des fois c'est lent.

    à l'intérieur, les "images" comme tu dis sont ouvertes à la lecture que chacun et chacune en fera. soit je pointe un détail, soit je dresse un contour (j'utilise peu les couleurs, par exemple)... et le plus souvent, j'utilise un geste, une action.

    ce qu'il y a derrière, ce qui imprime le mouvement, ce qui le motive... c'est ton mystère et c'est le mien.

    quelle est la matière, d'où vient-elle, à quelle fin en fait-on usage ? je ne m'en inquiète pas : je l'expose et le suggère.

    enfin, mes poésies les plus "chaudes", celles que m'inspirent l'amour, le sexe et ce qu'il y a au milieu sont peut-être les plus saisissables - encore qu'on ne sache pas toujours si je parle de moi.
    j'y ai exploré ma part de féminité, ma violence, la teneur de mon désir...

    ce que je vise en le disant, c'est que tu vives en le lisant.

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