Norme, endimanche
l'amer crédit
des soupes blanches
(crème et orties)
L'ombre s'épanche
(aplats de gris)
épigramme au faune l'envers
d'un Triste Lundi populaire
tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
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Norme, endimanche
l'amer crédit
des soupes blanches
(crème et orties)
L'ombre s'épanche
(aplats de gris)
épigramme au faune l'envers
d'un Triste Lundi populaire
tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
(Inspection des Travaux Écrits)
De ma vie je ne puis regarder sans frémir
le rideau sombre qui transpire
et m'embrouille le songe
que j'en tire la longe
ou qu'il m'aspire en éperdu
et délicieux mensonge
Ah ! ces rideaux à la fenêtre
tirés sur le cours de mon être...
on dirait plutôt des pelures
d'oignons voués à la friture;
ma carne en est toute imprégnée !
Dites-moi ce que vous voulez
qu'alors je vous en dise
et, dans la minute, j'en freeze !!
Ah, déconfiture ! Ah, gelée !
Ah, la saumure des années...
ça sent fort dans l'arrière-cour
où stagnent de vieilles amours
De ma vie tu veux tout savoir :
les tâches dures à ravoir
Petit Poucet à son perchoir
le carnaval des demi-mots
les griffures dessous la peau
et pourquoi je n'ai pas de slip
ni de caleçon sous mes nippes;
et puis, bien sûr, le tout dans l'heure...
Tout savoir, hein... parce que tu m'aimes
et veux comprendre mes poLèmes...
Oh, le beau projet d'aventure !
(ordonné par exequatur
et tout l'intérêt génital
de la femelle pour le mâle)
Je suis ton jules, cela vaut-il
d'examiner tous mes exils ?
Quoi ! mon vers n'y suffirait pas ?
Tu dis "continent", je pense "île"
mais que je distille - attention !
quelques "ils" en place de "on"
où que j'écrive "île", allons donc !
tu redoutes l'isolation
Dis-je incontinent "pisse !" ou "chiasse"
ou que La Vie est dégueulasse
filigrane mes allusions
à la charge viennent questions
sondages, raclures de fond
et bonnet d'âne qui menace
Puis, voyant que je n'en ai cure
(des sermons, des bonnes figures)
tu m'interroges : est-ce de l'art
ou déraison ?
ou, fumigènes dans le square,
illusion dépourvue d'histoire ?
séduction ?
Ce n'est pas à moi de trancher
quand je me livre à volonté
au flux de mes inhibitions;
que de forme émerge le fond
c'est le mystère
qui met en reine PoLésie
de la lumière.
tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
Je dépose à tes pieds de marbre rose et blanc
mon oreille, mon œil, une main dans son gant
ma lèvre, ma narine ; après quoi, je t'attends
et marine
Debout dans ces fragments, le menton à l'épaule,
tu sembles l'ignorer, ce carnage
massacre circonspect de mon âge
Tu n'auras pas cillé devant son déballage
et maintenant ne sais pas vibrer davantage
Droite comme la gaule
qu'une herbe folle frôle
aussi lointaine et lisse
insensible aux délices d'épices printanières
dans un lent mouvement de l'air
de ne savoir qu'enfer
tu jauges ? Non, tu toises
et gardes pour toi la framboise
qui pointe au bout du sein
que tu tiens ferme dans ta main
Et telle qu'à l'autel des hautaines postures
ta pierre est froide et dure
statue sacramentelle
épure insigne
dont ne sauraient pas être dignes
le chien qui va la truffe au vent
le bâton qui fut un serpent
ni le promeneur sur la rive
arpentant l'amère salive océane
imprégné de son chant profane
et nourrissant le sien
d'antiques hommages marins
tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
Au jardin suspendu des temps d'inadvertance
quel est ton nom désir de vivre ?
Le vol irrésolu d'un cheveu dans l'air frais
a plus de conséquence, allez
qu'au fil d'une pensée
l'enfance de l'idée se rêve
et peut tout expliquer du sourire des vagues
mais laisse au ricochet l'énigme du hasard
pour que la destinée s'attarde
assise à ses côtés
de ses yeux révulsés regarde
un cheveu s'envoler
Dissonance appuyée la neuvième minore
la victoire évidente, étale, d'un point d'orgue
mais l’œil qui se referme en masque le trésor
et le garde pour lui
le partage est ailleurs quelque part en cuisine
soit c'est la communion - d'extases,
soit c'est l'usine à gaz
qui fume son ennui, périphrase
un doigt de chantilly sur la lèvre ashkénaze
Le baiser réchauffé de son aire glaciale
découvre du velours le signal affamé
défaille, s'abandonne
ignore le vent fort qui dehors s’époumone
se livre obligeamment à l'autre ce mystère...
L'aigle quitte son aire
pour une immensité légère
son l'aile déployée
accueillant les parfums exaltés de la terre
où se tiennent cachées
les bonnes chairs pour la becquée
La lumière ténue d'un astre déjà mort
fait mine d'être vive encore
inspire une espérance
(l'ivresse de la persistance y est à bonne école)
et l'âme se console
des maigres contenances
que lui offrent nos carnes d'hommes
et danse
lunatique folle
empêtrée dans ses fumerolles
cependant que sous les gargouilles
s'agenouille un rang de grenouilles molles
Pour moi, suffise de cueillir
au jardin propre à épanouir
dans son terreau d'art et d'ennui
la fleur du nouvel aujourd'hui
tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
"C'est dimanche aujourd'hui. L'air est couleur du miel..."
murmure un mien ami élégamment fidèle
au coude un parapluie
et quelque nostalgie feutrée sous la semelle
Il est des amitiés que ne peuvent défaire
la mort ni le mystère, et traversent la vie
Un siècle s'est enfui sans nous perdre jamais
- cette longévité, c'est mieux qu'un paradis;
nos pas sur la chaussée de la ville engourdie
s'y font la même fête
ont le même couplet en tête
Hier a son gilet boutonné à la diable
et moque un aujourd'hui à l'aube éparpillée
(à tout le moins, peu faite pour aller au temple);
devant nous deux amants se soutiennent et tremblent
les attend une couche où mieux se réchauffer
dans l'une de ces tours dressées
orgueil et vanité sous le ciel admirable
Mais voici Boucicaut, je pose une question
(puisque je dois bientôt tourner à Convention) :
“ As-tu quelques nouvelles de ton éléphant
celui qui a surgi naguère en plein Paris ? ”
Désolé de répondre par la négative
“ On l'a mis dans un livre ; il n'en est plus sorti ”
soupire mon ami en se frottant les gants
Nous nous saluons vite (il fait bien froid quand même !)
mais notre prompt salut vaut pour d'autres "je t'aime"...
Puis, sans te réveiller, je vais à mon pupitre
griffonner quelques mots comme on finit son litre :
Il en a trente-trois,
j'en eus quarante-quatre...
Jeunesse, vieillesse,
et puis le droit d'aînesse,
quelles absurdités !
De bronze, de plâtre
le temps reste mal fait
pour nos fraternités
Chaque mot d'amitié
- mieux que geste d'amour ?
une bûche dans l'âtre
au feu qui tient toujours
vivace
pour vraie
la parole donnée