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tiniak - Page 26

  • rêve heurt

    déjeune.jpgDu somme et de la bonne chère tirons enseignement ;
    tant il est vrai que, tout à notre affaire, on n'y songe vraiment.

    La nappe de mammouths
    menaçait le rivage
    en plein coeur du mois d'août
    à Rivabella-plage

    "...n'y suis pour rien et n'y peux mais! "
    se récriait, fort désoeuvré
    un notable consterné

    Les fleurs du val
    prises de lumbago
    couvraient de leurs pétales
    la cire sous le pot

    " Tout a une fin..." se lamentait
    courant après le temps passé
    un époux déboussolé

    Un brouillard d'oeufs en neige
    assassinait les vitres
    on alluma des cierges
    et les lampes à huîtres

    " Nous voilà bien! Ah, la purée! "
    s'époumonait et rabâchait
    l'homme à demi éveillé

    Puis un rayon de soleil
    apporté par les abeilles
    raviva sur l'oreiller
    les paupières boursouflées
    de Maître Jacques au sommeil agité

    Et de la cour flottait
    une odeur de pain grillé 

    impromptu littéraire -tiki#5
    tiniak le niak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    mwof.jpg
  • chemin incorrect

    Escher_step.JPG

    j'ai pas dû enregistrer la partie
    avant de tout quitter
    je vrombis comme un colibri
    errant dans le quartier
    impossible d'accéder
    à l'adresse demandée
    le chemin est erroné
    "mémoire saturée"

    je crois que je n'ai pas tout bien compris
    comment configurer
    il y a sûrement des prérequis
    qui ont du m'échapper
    je ne suis plus formaté
    et je n'ai rien sauvegardé
    mon disque s'est enrayé
    "absence de données"

    Refrain :
    en vain, je m'obstine
    je m'acharne en pure perte
    bientôt j'hallucine
    par les rues désertes
    je vois des codes pin
    danser aux fenêtres
    j'ai beau la jouer fine :
    "chemin incorrect"

    j'ai péché par excès de confiance
    mais où est ce serveur
    qui m'entourait de ses compétences
    en tout lieu, à toute heure ?
    aurais-je fait une erreur ?
    je suis perdu et demeure
    sans plus aucun processeur
    "ID out of register"

    je n'oppose plus de résistance
    parcourant le dédale
    d'innombrables résiliences
    dont je connais le mal
    l'accident cérébral 
    est au bout du canal

    que choisir au final ?
    "temps d'attente : infernal" 

    au refrain, rep. 4 et fin

    tiniak le niak(oué) "Singin' in the brain"
    © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    illustration de Escher

     

  • H.E.L.I.O.S

    68_participe.jpg

     

    Elle avait apporté des fleurs de tournesol séchées, laquées, qu’elle étala sur la table de conférence de sorte que chacun en ait à sa portée. Le temps de répartir son lot d’un bout à l’autre de l’assemblée, le silence qui s’installa lui déroulait un tapis rouge, bordé de notre attention captive. Elle avait toujours su produire son effet pour présenter ses trouvailles ou avancer ses projets, mais là, quand même : des tournesols !

     

    Et ce silence qui s’imposait, qu’elle entretenait, laissait planer, tandis qu’elle regagnait sa place en demeurant debout, les bras croisés sur sa taille. Ses yeux brillaient d’intention – de l’intention que germe en nous toute la pertinence de son geste. L’esquisse d’un sourire grinçant se rendit perceptible à qui avait l’habitude de côtoyer son visage que la rigueur professionnelle et une solide nature avaient lissé dans une expression aussi peu variable que peut l’être son humeur.

     

    La haie d’honneur que nous formions autour des végétaux à l’enfilade prit peu à peu l’allure d’une avenue. A l’heure où le crépuscule flirte avec la nuitée, l’artère principale de notre société s’illuminait. Tout le brio de notre talentueuse collaboratrice parcourait nos esprits, leur transmettait la puissance de son énergie, embrasait nos enthousiasmes.

     

    Quelqu’un murmura : - c’est génial !

    Quelqu’un ajouta : - non, c’est lumineux !

    Quelques rires contenus manifestèrent notre joie admirative.

     

    S’ensuivirent félicitations, extrapolations, contre-propositions formelles, en deux heures l’affaire était entendue, nous tenions notre nouvelle stratégie de communication.

     

    J’en savourais encore toute la subtilité en prenant place dans mon véhicule de fonction. Jetant un coup d’œil à l’exemplaire que j’avais jeté sur la banquette arrière, je me dis qu’il y avait là un délicieux cynisme qui ferait certainement pâlir de rage nos concurrents les plus virulents (comme les plus à cheval sur les préceptes écologiques) !

     

    C’est avec l’esquisse d’un sourire grinçant dont je jugeai de l’effet dans mon rétroviseur que je quittai les sous-sols de l’entreprise et m’engageai sur cette partie du boulevard maintenue presque constamment à l’ombre de la tour Hugh Evgren-Larks International Oil Society.

     

    contribution aux "Impromptus Littéraires" - tiki#4

    incipit : Elle avait apporté des fleurs de tournesol...

    © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

  • mater noster

    élargirDieu est une femme, je l'ai vue
    son cheveu, c'est la nuit
    qui danse, vaporeuse
    couve des galaxies
    forme des nébuleuses
    Dieu est une femme lumineuse

    Dieu est une femme, je l'ai vue
    les plis de son jupon
    tissent les entrelacs
    du sort, de nos passions
    les aléas
    Dieu est une femme, inch'Allah*

    Dieu est une femme, je l'ai vue
    dans le creux de sa main
    viennent se divertir
    le mendiant et son chien
    et le triste vampire
    Dieu est une femme sans empire

    Dieu est une femme, je l'ai vue
    sa hanche veloutée
    roucoule des rivières
    attendrit le rocher
    polit la pierre
    Dieu est une femme au doux mystère

    Dieu est une femme, je l'ai vue
    ses yeux embrassent tout
    de l'instant dérisoire
    jaillissent bout à bout
    les tenants de l'Histoire
    Dieu est femme dans sa Chambre Noire

    * à Dieu vat!

    tiniak (norbert tiniak) © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    inspiré d'un cliché extrait de
    LA CHAMBRE NOIRE de Gaëna

     

    Ferventes salutations à Tini, ariaga et Lucia pour leurs délicieux commentaires ; et une révérence à Bl**, La Sto' qui me gratifie de ces quelques rimes :

    Dieu est un homme, je l'ai vu :
    sa bouche savoure toutes les poires,
    chante tous les chants,
    dit tous les mots de ses sentiments
    et se délecte de tous les nectars.
    Dieu est un homme qui goûte sans assouvir sa faim.

    Dieu est un homme, je l'ai vu :
    son corps est tel du velours,
    tantot pudique, tantot dérobé,
    tantot lubrique, tantot amadoué,
    tantot soumis à la caresse d'amour.
    Dieu est un homme, son corps un souverain.

    Dieu est un homme, je l'ai vu :
    ses yeux sont des pierres aux couleurs de l'azur
    qui s'ébahissent devant la couleur du ciel,
    devant la forêt et ses merveilles,
    ce sont ceux d'un enfant au coeur pur.
    Dieu est un homme, et il me tient la main.

     

    Storia Giovanna
    "... qui fait désormais dans les Belles Lettres" (sic)

  • La fille du Général

    citroen.jpgCorrespondance avec OdeToLily, une jeunesse en écriture... parvenue jusqu'ici, va savoir comm'...

    Faire sourire le Général

    Pour se moquer de mon père, ma mère l’appelait “général”. Il avait reçu une éducation militaire étant enfant, de laquelle il avait gardé une certaine rigidité. Alors maman nous faisait mettre au garde-à-vous, et nous trottions autour de lui en cadence, ce qui le faisait rire aux éclats.

    Quand j’ai eu 12 ans, maman est morte, et papa a cessé de rire. Il est devenu absent de ma vie, absent de sa vie, un fantôme sans couleur.

    Ca fait quinze ans maintenant. Aujourd’hui, j’ai quelque chose à lui annoncer. La famille va s’agrandir. J’ai le fol espoir que cette nouvelle fera au moins sourire le général.

    (thème des Impromptus Littéraires) - ODETOLILY, le blog.

    _____________________________________________________________

    Les mains sur l'évier, le nez dans le vague, tournant le dos de son gilet de laine usée à la pièce où elle était venue s'installer en bout de table, le Général ruminait sa pensée. Engourdie, empêtrée dans des souvenirs joyeux qui prenaient des airs de cauchemards, la pensée du Général avait des trous de vouloir. Il en creusait partout, dans les allées du jardin, les murs du couloir. Il en creuvait sous son crâne. En fait, ça lui venait comme ça lui venait, de penser. Sinon, quoi ?

    " Je vois bien qu'elle a quelque chose à me dire, ma minette. C'est qu'elle prenne tout ce temps qui va pas. A moi, 'faut me dire les choses tout droit maintenant, tu penses... Penses-tu! 'va falloir attendre que ça sorte. "

    C'était pas l'heure. Pas l'heure de faire quoi que ce soit d'autre que parler, dans la cuisine, à cette heure. Tu penses.

    Elle est pas venue toute seule. Même si ça se voit pas trop, elle a pris du renfort.
    Ils ne seraient pas trop de deux pour le lui coller au visage, ce sourire, au Général.

    Il se retourne mollement, avec les yeux dans ses chaussons. Bon, ça va être coton!

    (c)2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    de norbert tiniak à Lily-souris(au Général)