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poésié - Page 144

  • mot-dit caillou

    Ah ! bien qu'il faille en finir
    j'ai tant de mal à vous fuir
    vous qui fûtes mes amours
    même maigres chaque jour

    Ah ! vous me saignez les pieds
    comme ce petit caillou
    resté pris dans ma chaussure
    sur la route longue et dure

    où je ne puis m'arrêter
    sans risquer de renoncer
    à cet élan qui me porte
    loin de vous, mes amours mortes

    Ouh ! cette chaleur m'accable
    quoiqu'elle soit véritable
    dans mon dos l'on crie : "bandit !
    fumier ! salaud ! malappris !"

    Et n'étant ni sot ni sourd
    j'entends tous les "au-secours !"
    dans les vilipenderies
    aboyant après ma vie

    Eh ! c'est bon, je suis en route
    avec mes pleurs et mes doutes
    car il n'est de vérité
    qui ne soit chère à payer

    Oh, ça va ! j'ai mon content
    de peine au cœur, cependant
    que je prends la liberté
    maintenant de vous quitter

    Au moment de vous le dire
    ai pensé "allons mourir"
    mais un autre franc soleil
    m'a sitôt tiré l'oreille

    Ici la douleur encore
    nous faisait un même sort
    chacun dans ses murs dressés
    sur leur socle de fierté

    Ih ! douleur aigüe, tu ronges
    l'instant, le passé, les songes
    de quoi naît une évidence :
    elle est finie la romance

    Une histoire finit là
    chacun debout sur son pas
    et chacun sur le départ
    - comme en un roman de gare ?

    Hue, folies des "malgré tout" !
    Hue, passion des orgues, fiou !
    Offrez-moi votre charrette
    j'ai ce caillou qui m'entête.

    Ah ! Ouh ! Eh ! Oh ! Ih ! Hue, hue !
    du caillou je ne veux plus !
    Ah ! Ouh ! Oh ! Hi hi ! Hé hé !
    je préfère les galets.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    galet_anim.gif

     

  • hypocrisies ? des chapelures...

    guillotine.gifHypocrisies ? des chapelures !
    répandues sur les chairs
    molles comme mohair

    et dessous l'âme
    qui crame, crame, crame

    Pardon, madame
    où est votre âme ?
    je crains incidemment
    d'avoir marché dedans

    hypocrisie des politesses
    servies aux courtisées
    pour mieux s'en défausser

    Pardon, cornard
    range ton dard !
    ou, veux-tu te moucher ?
    tu as la goutte au nez

    hypocrisie des mœurs viriles
    dressées sur des ergots
    inutiles dans l'eau

    Pardon, monsieur
    voici vos yeux
    ils traînaient sous les jupes
    de votre jeu de dupes

    hypocrisie des solitudes
    abreuvées au puisard
    des plus torves regards

    Pardon, petite
    lâche ma bite
    tu n'en as l'apanage
    - il est plat ton corsage !

    hypocrisie des régalades
    promulguées vers la Chaire
    depuis les bancs déserts

    Pardon, vieux con
    - c'est quoi ton nom ?
    dis, pourquoi tu m'agresses ?
    par déni de jeunesse ?

    hypocrisie des préséances
    dues aux sommets de l'âge
    et tous ses commérages

    Pardon, la poule
    parmi la foule
    mais, vois-tu, mes deux mains
    en ont après tes seins

    hypocrisie des impudences
    promues au rang d'esprit
    - qui manque aux malappris

    Hypocrisies ? des chapelures !
    répandues sur les chairs
    molles comme mohair

    et dessous l'âme
    qui crame, crame, crame

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • fumerolles

    (à Joe KRAPOV, poète à ses heures et photographe à 16h30)

    Joe Krapov, fumerolles

    l'aube tardait à se frayer
    un chemin sous les frondaisons
    et les oiseaux avec raison
    n'avaient de cœur à gazouiller

    le vent se cachait sous le saule
    retenant sa respiration
    et dans cet air en suspension
    il faisait comme un froid de pôle

    j'étais là, je ne sais comment
    parvenu au bout d'une course
    que n'eût pas guidée la grande Ourse
    dans un ciel un peu moins vacant

    la nuit m'avait pisté le pas
    puis saisi dans cette posture
    les yeux gelés dans les chaussures
    je ne sais comment, j'étais las

    dans les premiers rayons du jour
    la brume se fit plus précise
    sur l'onde aux ombres indécises
    où j'avais noyé quelque amour

    et ça dansait au ralenti
    les fumerolles
    ça vous disait des paradis
    la bonne école

    mais j'étais très mauvais élève
    et la leçon
    s'abîmait sous moi dans la grève
    en alluvions

    que n'ai-je pris à ce moment de la lumière
    de quoi me ranimer le rêve - et le sang, donc !
    au lieu de quoi je restai planté comme un con
    insensible aux subtilités de l'atmosphère

    et ça dansait là, sous mon nez
    les fumerolles
    ça me disait comment bouger
    comme on décolle

    mais j'avais trop mauvaise oreille
    et la chanson
    n'apportait toutes ses merveilles
    qu'à des goujons.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Joe Krapov.

  • pars, pitié !

    (forfait hospitalier)

    le coeur sur la main de NEWT 

    Viens, assieds-toi machin
    pose tes mains
    tu n'en auras besoin qu'au moment de partir
    et ce sera demain déjà
    et tout l'obscur empire
    du souvenir

    Viens, je te dis, entre
    qu'as-tu de mieux à faire de ton ventre ?

    Il a faim, ce regard
    Il a froid
    et ne se connaît pas d'autre endroit
    où porter
    sa vue jusqu'à l'été

    Tu t'appelles peu importe
    Vois, j'ai laissé la porte ouverte sur les blés
    qui tanguent
    et se parlent la langue ancienne
    des sillons et des graines
    dont on fait les chansons

    Et tiens, musique !
    - ça te dit, au moins ?
    pour moi, c'est du nectar
    et quand il faut chanter, il n'est tôt ni trop tard
    Musique ! du pain béni
    qui nous vaut, corps et âme
    d'aimer le goût d'aimer le goût des flammes
    - quelle que soit la saison
    Musique, bonnet d'âne posé sur la raison

    Allez, mange, pauvre ange
    connais-tu cet or, ange ?
    (oui, je lai déjà dit, mais regarde)
    c'est le bel aujourd'hui qui s'attarde

    Va, c'est bien, ne dis rien
    je suis d'humeur bavarde et parlerai pour deux
    cent, mille
    et des milliers d'années volubiles

    As-tu sommeil ?
    As-tu soif ?
    Veux-tu d'un bon bain chaud ?
    Aimes-tu qu'on te passe le gant dans le dos ?

    Veux-tu que je te fasse la lecture ?
    J'ai quelques vers de Max en villégiature
    profitons de l'aubaine

    Jules, peut-être... ?
    - lequel mettre... ?
    T'ai-je déjà narré L'Escale Brésilienne ?
    Ah oui ? Ah bon. Ah bien.
    Veux-tu m'accompagner ? je vais sortir le chien.

    Oui, quoi ? qu'allais-tu dire ?
    Qu'as-tu là, mon salaud ?
    Ah ça, mais tu me tues !
    (soupir)
    C'est con comme c'est beau.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : NEWT

  • c'est tout vu, amour

    yiiihaaa- fais-moi voir.
    - quoi donc ?
    - je ne sais... quelque chose...
    - quelque chose comme un bouquet de roses ?
    - quelque chose comme ça, oui.
    - quelque chose qui te dit comme je t'aime ?
    - oui, oh oui ! très exactement ça, même.
    - tu ne veux pas d'un poème ?
    - non, non, merci non... fais-moi voir, simplement.
    - attends... j'enlève mes gants.
    - j'attends, comme toujours.
    - par amour.
    - pardi !
    - alors voici...
    - oh, c'est beau ! qu'est-ce que c'est ?
    - mon cadeau, mon bouquet, mon petit effet.
    - c'est pour moi, vrai de vrai ?
    - non.
    - pardon ?
    - non, c'est à toi... pas pour toi.
    - ... comprends pas...
    - prends-le...
    - avec les yeux ?
    - avec les doigts si tu veux, mais tu voulais voir.
    - oh ! je vois, oui...
    - comme je t'aime ?
    - oui, oh, oui... ça oui ! très exactement ça, même.
    - c'est ce que tu voulais ?
    - en mieux !... si je m'attendais.
    - alors, dis : que vois-tu ?
    - je vois que je t'ai plu et sans l'avoir voulu, comme un reflet qui saurait dire la vérité sans détour et sans parler.
    - et que vois-tu encore ?
    - la mort, dis ! ...qui trépigne, s'indigne et compte ses épines pour aller jouer ailleurs, user d'autres rapines, aux endroits où l'on meurt.
    - et puis ?
    - et puis ta peau qui boit de l'eau qui me coule du dos ; ta peau qui me couvre de nuit ; ta peau qui m'envie, qui m'appelle... où mon corps est blotti et couve sous ton aile.
    - et tu vois les couleurs ?
    - je les vois, je les vois ! elles arrivent ! elles quittent la rive et font des ricochets sur les dunes et sur les parapets.
    - et tu les reconnais ?
    - ah oui ! il y a celle qui danse, il y a celle qui pleure, celle-ci qui affleure et cette autre qui pense à repeindre la cour où déjà reparaît le jour… ce jour où tout murmure est nouvelle aventure ; ce jour qui dit toujours oui ; cet aujourd’hui.
    - le spectacle te plaît, donc.
    - ah, le beau rigodon ! ah, la fête ! et quel est ce vol d'oiseaux trop sérieux sous le ciel amoureux... quelques canards chipeaux ?
    - non, des bergeronnettes.
    - tu m'aimes tant que ça ?
    - tu le vois.
    - je le vois.

    Qui a dit que l’amour est aveugle au faîte ?

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    impromptu littéraire - tiki #51