(à Joe KRAPOV, poète à ses heures et photographe à 16h30)
l'aube tardait à se frayer
 un chemin sous les frondaisons
 et les oiseaux avec raison
 n'avaient de cœur à gazouiller
le vent se cachait sous le saule
 retenant sa respiration
 et dans cet air en suspension
 il faisait comme un froid de pôle
j'étais là, je ne sais comment
 parvenu au bout d'une course
 que n'eût pas guidée la grande Ourse
 dans un ciel un peu moins vacant
la nuit m'avait pisté le pas
 puis saisi dans cette posture
 les yeux gelés dans les chaussures
 je ne sais comment, j'étais las
dans les premiers rayons du jour
 la brume se fit plus précise
 sur l'onde aux ombres indécises
 où j'avais noyé quelque amour
et ça dansait au ralenti
 les fumerolles
 ça vous disait des paradis
 la bonne école
mais j'étais très mauvais élève
 et la leçon
 s'abîmait sous moi dans la grève
 en alluvions
que n'ai-je pris à ce moment de la lumière
 de quoi me ranimer le rêve - et le sang, donc !
 au lieu de quoi je restai planté comme un con
 insensible aux subtilités de l'atmosphère
et ça dansait là, sous mon nez
 les fumerolles
 ça me disait comment bouger
 comme on décolle
mais j'avais trop mauvaise oreille
 et la chanson
 n'apportait toutes ses merveilles
 qu'à des goujons.
tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
 illustration : Joe Krapov.
 
