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poésié - Page 106

  • sans l'oreillette

    oreille.jpgJ'ai tant faim, mon Oreille
    le soir n'est pas venu
    me porter sa corbeille
    d'agapes attendues
    et je ronge ma veille au bougeoir éploré
    que de cireuses treilles
    achèvent d'étouffer
    Peste soit des sommeils qui tardent à venir !
    J'aime autant, mon Oreille
    te dire :

    allons nos promenades
    au long des champs d'oubli
    bravades
    nos rires sous le plomb
    nos chants au feu nourri
    et de nos corps les embrassades étourdies
    tandis qu'au ciel un or malade s'affadit
    paradent
    se goûtent la vie

    Oh, mon Oreille amie !
    Oh, mon dernier soleil !
    J'ai eu tant d'appétits pour de tristes merveilles
    que je préfère cet ennui
    dont j'applanis les mauvais plis
    jusqu'à ce que ce drap soyeusement se prête
    à t'accueillir et faire fête

    J'ai tant faim, mon Oreille

    de vider ma redoute
    et comme nulle autre pareille
    que tu viennes, que tu m'écoutes...

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • passades

    PORTE02.JPG

    Anciennes boucheries, mon sang n'a fait qu'un tour
    et prit
    la mesure d'une ombre
    à l'enjambement sûr
    fuyant le jour des murs
    et logeant sa pénombre
    sous les porches des cours d'hôtel particulier

    Ça fleur' bon la poubelle

    et l'eau des caniveaux ruissèle
    son lot de vanités
    d'usages éculés
    tous les petits bonheurs gâchés par de pauvres ficelles
    appels d'orgues dénaturés
    pour la gloire des fronts blasés
    d'être à leurs trahisons fidèles
    et gravement scellés

     

    Passons...

    Quel heur as-tu à ton giron ?
    Dis, faisons bonne chère
    l'un de l'autre et laissons aux vers
    les quelques rogatons
    qu'épargnera notre carnage
    Consommons-nous avec orage
    et dans l'oubli du jour
    mijotons-nous en petits-fours
    Embouchés à l'arène
    que nos cors clament nos hymens

    T'hallali ! T'hallali !

    Sus aux anciennes boucheries !
    Place aux carnages neufs

    T'hallali ! Talala !

    ce qui fut jamais ne sera
    plus tendre
    qu'un bon pavé de meuf à prendre

    Au bocage, carrés de vaux !

    À la page, les tournedos !

    Ce soir, à la sortie d'Esope

    pavane la haie des salopes
    pour le cercle des Galant'In
    aux luisants colliers de cyprine
    Est-ce qu'à l'opéra bouffe à la crème
    la Grande Esbrouffe sa Bohème ?
    Et non ! ben nous, pareil !
    L'est pas moins goûteuse à l'oseille
    mais nous l'aimons crémière
    à la table de nos grands-mères

    Passons...

    De noirs onglets
    vont promener
    les ailleurs maladifs
    qui leur gouttent du pif
    sur de longs parapets

    Si lentes, lentes leurs charpentes

    haut succès d'années apparentes
    vouées à cultiver
    des bénédicités
    obstinément l'art de l'attente
    avec le cœur trop près du ventre
    et l'œil humidifié
    aux reflets d'eau courante
    et savamment innée, vibrante et toute énamourée

    C'est que ça fibre à l'ostensoir

    les mains libres des onglets noirs
    dites,
    remettez-m'en cinq livres, vite !

    Mais passons...

    Que j'en aie le carné
    rempli à satiété
    bouche, ris quand je te dévore
    et me dis ce mot que j'adore :
    "Sois donc pas marcassin !
    et rabourre-moi ce chemin"

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • La vie m'en songe

    Qu'importe l'aube ou la vesprée
    quand me presse comme une éponge
    à rire, à dire et à rêver
    le cours de la vie, je m'en songe

    La terre grasse où le bolet
    envie la douceur de l'oronge
    avant d'y poser mes collets
    j'en savoure les pieux mensonges

    Il me pousse des haricots
    qui m'expédient dans les nuages
    à la poursuite de chevaux
    tirant leur précieux attelage

    Quand je descendrai à nouveau
    j'en rapporterai témoignage
    au dernier des sombres bigots
    voués à d'impérieux servages

    Au bistrot du coin, c'est couru
    je répéterai mon histoire
    à l'ancien, au nouveau venu
    qui ne s'en feront pas accroire

    Loin de s'en trouver rabattu
    mon caquet tiendra le crachoir
    j'en viderai le contenu
    de sang frais et d'appétits noirs

    Je dirai comme on peut manger
    la chair humaine morte en couche
    et comme on peut ratatiner
    à son gré, sept géants, sept mouches !

    Et peut m'importera, au vrai
    qu'on me regarde d'un œil louche
    n'est pas né celui qui pourrait
    au savon me laver la bouche !

    7PAILLE.JPG

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#78.

  • L'addition

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    Combien vaut un bon jour ?
    Combien vaut un bon soir ?
    Alors, voyons… qu’ai-je là dans les poches ?

    Ne me fais pas, petite, cette mine de chat

    Ça vient, ça vient… et ça viendra son heure :
    tout, le prix du bonheur, le sourire qui va
    et la douce chaleur, pas à pas…

    Cloche, sonne l’invite à rejoindre le temps

    sa fuite excite une expérience neuve
    L’eau coulée sous les ponts ne change pas le fleuve
    les regards, seulement, qui s’en émeuvent

    Petite, allons, l’instant t’est favorable

    Défais de sa materne ton cartable
    et reprends le chemin dans l’or qui te regarde
    aimant et embrassant ta promenade

    Ce chemin-là ou l’autre, après un jour, un soir

    demeurée seule avec ton jugement
    tu te déroberas au reflet du miroir
    pour mieux te rappeler à ce moment

    Que te vaut un « bonjour » ?

    Que te vaut un « bonsoir » ?
    Et qui te l’auras dit tout récemment ?

    Ne t’en fais pas, petite, et caresse ton chat

    Ça vient, ça vient… et ça viendra son heure
    l’autre, tendre chaleur, dans les bras

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • raison garder ?

    dingue2.jpg

    C’est bien beau - oui, d’accord,
    de perdre la raison
    mais il faudra encore
    pouvoir la retrouver

    Où la chercher alors
    quand on est dérangé
    au point que l’idée de la mort
    vous arrache des pieds de nez ?

    Au point qu’abscisse et ordonnée
    se confondent en une ligne
    que chevauchent d’obscurs insignes
    en lettrines enchevêtrées

    À ce point même que l’oubli
    est seul en mesure de voir
    de notre histoire les débris
    pêle-mêle au fond de l’armoire

    et que de sourire en grimace
    l’émotion se singe elle-même
    s’offrant un semblant de poème
    dans une bohémienne passe

    Ah, c’est pas le tout de folir…
    L’aura beau dire, quel travail !
    rassembler tout cet attirail
    ça pourrait prendre des années

    - des années, que dis-je ! un long siècle
    avant de fermer pour de bon
    sur la cafetière un couvercle
    où garder sauve la raison

    Pour quel usage ?
    Ça, je vous laisse en dire davantage…

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

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