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polemzaµ - Page 3

  • Le Bel Aujourd'hui -4-

    genesis

    miro : l'art et l'écriture

    I

    Au commencement il y eut le chant
    ce lien vibrant sur l’océan
    caresse allant s’insinuant
    teinter mon âme aux couleurs flamme du ponant

    Venu du continent perdu
    - les antiques terres de Mû,
    ce chant portait une lumière ténue ;
    brillance écrue métamorphosant l’atmosphère

    L’ombre étonnée de ses nuances
    les déroulait en nombre d’or
    entraînant dans cette mouvance
    une danse nouvelle encore

    Puis il y eut le Verbe Dit
    gorgé de sang rêveur
    laissant présager les saveurs
    et les fragrances de la vie, dans l’heur

    Et naquit le bel aujourd’hui.


    II

    Vinrent les nuits de ce jour de toujours
    lui seul désormais ; l’enfin
    avec lui le puissant amour
    et ses prouesses, et son festin

    Dans ses distances relatives
    où se lisent de ton visage
    la belle épure et davantage
    je promène au long de la rive

    Et j’ai grand faim.


    III

    Je me nourris du Verbe Dit.
    Je bois le sang sonore.

    Je mâche des mots, ces trésors
    venus de Mû à l’aujourd’hui.

    Ma vie n’est pas ailleurs, mon rêve.


    IV

    Je n’ai jamais été si près de te toucher
    qu’au moment de chanter à mon tour,
    Naïade.

    D’entre mille chimères, je baiserai la chair
    de tes seules paupières au velours
    de jade.

    Je foulerai de Mû le rivage inconnu
    des élans éperdus, par amour
    sirène.

    Quand, à portée de vue, tu ne chanteras plus
    nous nous connaîtrons nus, dans le jour
    ma reine.


    V

    Alors de la lumière surgira le mystère
    que nous avons rêvé

    Alors un chant nouveau dominera des flots
    la surface irisée

    Alors un vieux marin nous prendra par la main
    accompagnant nos pas

    Alors le Verbe Dit et le bel aujourd’hui
    auront force de loi

    sur le monde interdit
    à travers les embruns
    dans le reflet de l’eau
    pour ce qu’il reste à faire

    miro : the singing fish 

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Le Bel Aujourd'hui -3-

    Paroles, paroles, paroles... nin nin ninSur son rocher, une sirène ;
    à ses pieds, marée descendante.

    Marin, Marin ! Tu parles, ventes, et tu serpentes
    arpentant la rive embrumée
    où ton souffle reste muet
    quand il ne porte pas réponse
    mais tourmente, aigreur et semonce
    aux lents secrets du chant discret
    que j’ai posé sur l’océan, du bout des lèvres
    implorant le bel aujourd’hui :

    " Rêve ! Ô mon rêve ! Oh, vis ma vie ! 

    le temps ne m’est rien
    la pluie ne m’est rien
    le vent ne m’est rien
    l’orage n’est rien
    qu’un coup de mou
    du grain à moudre
    un cou à tordre
    avant la faim
    du coup de foudre
    qui vient me mordre
    l’intestin "

    un mot de lui et me voici
    sirène, reine des embruns
    mais s’il me prenait par la main
    comme il serait doux le chemin
    de retour en notre domaine

    " ce mot ne met rien
    le dit ne met rien
    dans l’escarcelle
    ils n’y font pas écot
    n’y valent pas tripette
    sans la parole
    d’un bel aujourd’hui
    qui m’affole
    et m’interdit
    le doute gris
    sous la coupole… "

    Marin, Marin ! Entends ma peine
    emporte mon chant malheureux
    en bruine mouillant ses cheveux
    qu’elle aille fondre dans ses yeux
    et troubler sa nature humaine "

    Mais déjà, la marée descend
    et remporte vers l’océan
    la fantastique créature.

    Et le marin qui n’en a cure
    laisse dégoutter sur le quai
    mollement des larmes salées.

    coucou, plouf!tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • trois maux, deux toits

    ce mot...

    I

    Rivage
    couvert de brume fine
    mêlant à cette bruine
    l'écume saline
    où s'égraine, sirène
    de Mû la mélopée
    que tu m'as destinée
    et que je viens entendre
    Rivage
    liseré d'amertume
    où je promène en douce
    les pieds nus sur ta mousse
    une mélancolie
    qui semble, à s'y méprendre
    embrasser l'infini
    Rivage
    qu'as-tu dis ?

    des mots, des mots
    l'ami

    corde ôm

    II

    Près du fleuve, mon âme, où vivent et s'abreuvent
    le héron, la girafe et cet hippopotame
    j'ai dressé mon bivouac

    Arrivé des grands lacs en suivant les torrents
    je viens poser mon sac

    Rêveur

    Dans un linge, à l'abri, je conserve une empreinte
    une preuve à l'appui pour que les mots se taisent
    et que, sans contredit, parle enfin à son aise
    la glaise

    Ichtia Sirenaesis est le nom que je donne
    à cette découverte
    que le monde s'étonne ou qu'il coure à sa perte:
    le conte avait raison, pardi!

    III

    Au menu, PoLésienne :
    rimes sucrées/salées
    sur coulis de sirène

    plouf!

     

     

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • le baiser perdu

    le baiser ; Constantin Brancusi, 1910aussi
    dans le suspens de ce baiser, déjà tes lèvres ourlées en embuscade sous les cheveux complices déjà tes mains, fraîcheur qui m'épouse les joues déjà tes diamants sombres dans les miens déjà fous

    et puis
    dans l'affleurement de ce baiser, déjà vibre ma lippe emprisonnée par deux tendres et juteuses délices déjà mes doigts qui t'apprivoisent le cou déjà mon souffle dans ton souffle tient, déjà nous

    alors
    dans l'affolement de ce baiser, déjà nos bouches d'appétence en douce se régissent déjà nos mains qui se cherchent des envols déjà nos vertiges caracolent déjà tout

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Le Bel Aujourd'hui -1-

    huile au couteau de Joëlle CHEN

    La nuit qu'a fait le bel aujourd'hui
    chasse les autres
    elle s’étend sur ma vie
    elle se vautre
    longeant son cours
    bordant savamment ses contours
    elle fait des vagues

    J’y croise une raie pastenague
    et lui rends son large sourire
    elle est mouette
    (il faut pas le dire)

    J’ai laissé mon vers sur sa table
    j’y reviendrai
    je m’en servirai
    quand tout sera plus aimable

    Un requin cause, au loin
    discute avec le Petit Chien
    c’est discutable et j’en conviens
    mais ils refont le monde, alors

    Ecoutons-les un peu, encore

    Le requin dit:
    les astres ne me sont guère favorables
    Le Petit Chien, lui :
    à les entendre, c’est indéniable
    allons, il faut passer à table

    Sur Terre, une cloche sonne
    là-bas aussi, il y a maldonne

    C’est assez de pleurs
    C’est assez de heurts
    pour l’heure

    Voici que le bel aujourd’hui
    éblouissant
    étourdissant
    reprend ses droits sur ma vie
    il a suffi d’un mot de lui
    laissé sur ma table de nuit

    pour que le jour s’efface l’heure
    fadasse et terne et noirceur
    qui fait tache sur le manteau
    du ciel où meurt un brasero

    pour que le jour se fasse jour
    du jour qui fait la nuit sur tous les autres jours
    et porte ma vie dans la tienne
    sirène

    ce vers servi
    je t’en verse un autre ?

    dans tes yeux qui sont dans mes yeux :
    ma vie dans ta vie qui l'entoure
    et c'est le jour qui brille au coeur de la nuit profonde

    je n'ose encore lui ôter
    l'aube orange qu'il a portée
    pour me faire ce plaisir désuet
    d'arborer tes couleurs, ma reine

    dans un soupir, la nuit s'étire
    comme une femme plaine
    et dans ses yeux, ta brillance
    danse, souveraine

    alors je meurs un peu moins vite 

    et tandis que demain son lendemain hésite
    je déroge et me loge au pli de ces collines
    ta réponse adorable et ronde et véritable
    aux douceurs qui s'affinent sous les ciels velourés
    que le bel aujourd'hui se prend à dessiner
    sur son grand chevalet

    et je mange et je bois les secrètes saveurs
    qu'apporte la marée sur ma table de nuit
    et je cède mon vers à ce bel aujourd'hui

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : huile au couteau de Joëlle CHEN.