Sur son rocher, une sirène ;
à ses pieds, marée descendante.
Marin, Marin ! Tu parles, ventes, et tu serpentes
arpentant la rive embrumée
où ton souffle reste muet
quand il ne porte pas réponse
mais tourmente, aigreur et semonce
aux lents secrets du chant discret
que j’ai posé sur l’océan, du bout des lèvres
implorant le bel aujourd’hui :
" Rêve ! Ô mon rêve ! Oh, vis ma vie !
le temps ne m’est rien
la pluie ne m’est rien
le vent ne m’est rien
l’orage n’est rien
qu’un coup de mou
du grain à moudre
un cou à tordre
avant la faim
du coup de foudre
qui vient me mordre
l’intestin "
un mot de lui et me voici
sirène, reine des embruns
mais s’il me prenait par la main
comme il serait doux le chemin
de retour en notre domaine
" ce mot ne met rien
le dit ne met rien
dans l’escarcelle
ils n’y font pas écot
n’y valent pas tripette
sans la parole
d’un bel aujourd’hui
qui m’affole
et m’interdit
le doute gris
sous la coupole… "
Marin, Marin ! Entends ma peine
emporte mon chant malheureux
en bruine mouillant ses cheveux
qu’elle aille fondre dans ses yeux
et troubler sa nature humaine "
Mais déjà, la marée descend
et remporte vers l’océan
la fantastique créature.
Et le marin qui n’en a cure
laisse dégoutter sur le quai
mollement des larmes salées.
tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK