Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

poésié - Page 101

  • !papossib!

    Lever le nez au ciel et se sentir chez soi
    où Castor et Pollux tiennent à bout de bras
    (passez-moi un gourdin, j'ai l'âme cro-magnonne !)
    et puis rire au tonnerre – euh, qui tonne ?
    qui pique sa colère et donne de la voix
    Écouter qui chantonne ailleurs – une autre voie ?
    dans le bois qui sommeille
    quand, sur la route vieille où s'enroulent les vents
    les talons des enfants rangés pour la bataille
    n'attendaient que ce signe et maintenant s'égaillent
    par les prés, les ruelles
    et toute autre échappée où se la tailler belle
    en hurlant
    aux étoiles :
    « Éhan batoa vouaaaleu »

    Donner à un caillou l'élan qui lui manquait
    la hanche sous le coude en cassant le poignet
    ou d'un savant brossé de la pointe extérieure
    du pied
    - qu'on n'avait pas voulu aussi endimanché
      ce matin, au moment de partir
      quand la viande eut fini de rôtir
      pile à l'heure
      pour gagner l'autoroute avant les emmerdeurs
    et rejoindre les cousins germains sous le pont
    enjambant le ruisseau qui borde leur maison
    pour le décompte à la loyale, en moyenne
    de nos joutes dominicales – en Mayenne...
    et ça flique et ça floque et ça ratatataque
    les recommandations que les vieux nous matraquent

    « Pas possible !
      Vous en êtes encore à ce stade ?! »
    s'indignait haut et fort un ancien camarade
    qui me croisait hier au sortir d'un endroit
    où la paille et la poutre emportent les émois
    d'une foule aux couleurs dûment incompatibles
    (qui se prennent de fait également pour cibles)
    « Euh, ben oui » ai-je donc répondu
    comptant que ça suffise et qu'on n'en parle plus
    « Eh ben, c'est du joli, à votre âge »
    Je le remerciai du chaleureux message
    et lui donnai congé prétextant quelque urgence
    - m'attendais-tu, peut-être pour une danse ?
      Tu penses ! Pour sûr !
      Tu venais de t'offrir de nouvelles chaussures

    tiniak - totalités mineures
    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    shoes.jpg
    Lien permanent Catégories : °ruades° 0 commentaire
  • petites pestes

    Si la peste en son temps eut un nom magistral
    à lézarder les murs des cités les plus fières
    je ne sais pas nommer l'affliction singulière
    qui m'arrache des pleurs de vous voir aussi mal
    jeunesses
    qui devriez courir après votre allégresse

    Le lézard sur le mur aurait votre sagesse
    ça prendrait pas longtemps pour qu'il meure de froid
    à se tasser dans l'ombre en craignant où qu'il soit
    de faire un pas de trop et que lui apparaisse
    La Vieille
    qui déjà vous ramasse et voue à la poubelle 

    Oh, dialogue de sourds ! je suis là au milieu !
    Assez pour mes oreilles !
    et suffise à mes yeux que La Vieille
    avec ses doigts cagneux
    pioche dans mes groseilles
    chaque petit matin, un peu plus chaque soir
    en jetant, en passant, un œil à l'écritoire
    où j'expire
    le bonheur d'être là et que ça va sans dire

     

    wait.jpg

    tiniak - totalités mineures
    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

     

     

  • majorette

    grande_ourse.jpg

     

     

    La Grande avec sa queue cassée
    la Grande vient toujours plonger
    exactement dans mon jardin
    exactement toujours l'été
    quand son partis tous nos voisins
    (laissant derrière eux oubliés le fleuve
    et l'oiseau saisonnier qui s'en abreuve)

    La Grande avec son doigt d'aînesse
    pointe le toit de ma jeunesse enfouie
    parmi la craie, la gouttière et la pluie

    La Grande que je n'ai pas eue
    pour sœur à traîner par les rues
    exactement à ces endroits
    très exactement dévolus
    à la genèse des émois
    (résultante à une inconnue : demain
    et la menace de son lent train-train)

    La Grande avec son insistance
    à faire acte d'inallégeance au règne
    de ceux qui pignent pour celui qui saigne

    La Grande Casserole que poursuivent
    les astres du Zodiaque à la dérive
    m'affole encore exactement
    où l'espérait mon tendre sang, naguère
    quand l'infini n'était pas éphémère

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • rachacha

    Népenthès et rachacha
    Laudanum et kouchtwala
    planquez sous le calamus
    mon bel hypothalamus

    Oh, féria régalienne
    des peurs antédiluviennes !
    quand c'est fini, je reviens
    ravager du Circadien

    Hallali des vers à soi
    chichon rouge et tête en bois
    arrimez vos fumerolles
    aux pluvieuses farandoles

    Vous ne valez pas le sel
    que je lèche de sa main
    quand je suis le petit chien
    que vient caresser son aile

    Raillez, agitez vos bras
    Népenthès et tralalères
    je vais jusqu'à la rivière
    et vous ne m'y suivrez pas

    bimb-opium.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : d'après Olivier REBUFA.

     

  • closures

    m1.jpg

    Façades bourgeoises, vos yeux clos
    qu'ombragent l'ardoise ou le linteau
    vous gardent passablement fermé
    au regard le secret familier
    jeté sur les teintes framboise et vieux cuir
    du canapé d'angle, des meubles Empire
    et le petit cosy près du lit-de-là-haut
    que le conglomérat d'ainés sur le manteau
    surveille d'un œil falot
    qui palote - tremblote ? se prend au mot
    dans le pieux reliquat de l'encens-bergamote;
    et ça flotte, et ça flotte d'un air
    de souhaiter ne jamais perturber l'atmosphère

    Le velours des rideaux a juré ses grands dieux
    de ne laisser du jour pénétrer que le peu
    de lumière ambrée à l'eau-de-rose (trémière ?)
    qui sied à votre humeur tant morose qu'austère
    et va frôler du doigt les touches du Pleyel
    en ne dérangeant pas les notes demoiselles encore
    (à côté du missel, une partition dort)
    car la main pressentie pour la dernière fleur
    n'avait que peu de goût pour Ravel ou Malher
    et zut !
    à l'étui le violon, à la housse la flûte !
    Pourtant qu'elle portât haut le doux nom de France
    il fallut sacrifier à la condescendance

    Mais c'est à vos jardins qu'on sait vos atavismes
    attestats intestins de votre romantisme;
    il y pleure des arbres las
    votre regret de n'être pas
    d'une terre giboyeuse et fière
    en très dynastiques légataires
    les nobles souverains d'un monde incontesté...
    Ah ! des pauvres jardins l'étendue limitée
    par les murs
    mitoyens des voisines grillade et friture;
    il s'y peut mesurer de civilisation
    le degré au grillage, au nombre de tessons...
    Quelle guigne !
    d'autant vos devantures se veulent dignes

    Bourgeoise façade aux yeux clos
    à quoi bon te tourner le dos ?
    Suffise que je passe avec le pas tranquille
    de celui qui rêvasse en délaissant la ville

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK