Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

manifeste - Page 2

  • Considérante cosmogonie

    Je me suis réveillé, la tempête était là
    sauvage et ravageant des fronts sempiternels
    Je fus éparpillé en tant de ribambelles
    qu'il est d'exponentiels trajets et rectorats
    par les landes cosmiques

    Dès lors, j'eus mille vies, plus une autre à lutter
    avec les rugissants, et seule, à l'épicentre
    à donner de la voix par la force du ventre
    en n'ayant pour appui qu'un peu d'ombre à ses pieds
    signifiante et tantrique

    La multiplicité ensemençait le jour
    et piquait sur la nuit des yeux mirobolants
    tandis que ventre et signe, irrévocablement
    investis par le chant, unifiaient leurs contours
    dans un geste identique

    Oh, danse, densité !
    Fuse, diversité !
    Je suis le monde seul sans être seul au monde

    La tempête passée
    un jour d'éternité
    m'éveille à la pensée qu'être, qu'aimer se fondent
    sur une mécanique
    songeuse et organique
    vivace arithmétique
    faite de chair et d'ondes

    Métaphysique m'en, Féconde !
    Sensuelle Joie furibonde !

    À la belle - et dans la seconde
    où le rouge et le blanc se mêlent
    de nous faire un sang d'immortels
    sous le ciel qui grossit déjà
    une tempête à bout de bras,
    je me lance en un tour de fronde
    contre de sinistres constats
    immondes
    auxquels je ne me résous pas
    mais destine mon potentiel
    Tantra !

    poésie,tantrisme

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#176

  • fruta prohibida

    J'ai croqué, en chemin, le fruit de la lumière
    Le temps de digérer, je suis né mille fois
    J'ai regardé partout, je n'étais plus chez moi
    Sous mes pas, j'entendais comme gronde la terre

    Je n'étais plus chez moi, j'habitais tout le monde
    Son chaos m'arbitrait, sans faire le ménage
    Je devais balayer, rattrapant mon courage
    astres et météores, des montagnes, des ondes...

    Sinon, comment poursuivre - et, d'ailleurs, aucun but !
    Comment te retrouver, molécule partiale ?
    Le temps se comprimait dans un œuf sidéral
    La distance n'était que le chant d'une flûte

    Le sol se jouait de moi, à gorge déployée
    Son rire m'enivrait comme un nom fraternel
    J'ai cru te retrouver dans une ritournelle
    mon égale agonie, mais je me suis trompé

    Je ne suis qu'empathie, rêverie, chromosome
    unitaire et complet, dans un verbe fragile
    Ce que j'ai su du sort se révèle inutile
    et futile ce nom que me donnaient les hommes

    Je chante avec la pierre et la luminescence
    J'embrasse les pieds nus d'une comète froide
    La peur est, sans objet, une girouette roide
    Le bonheur est un jus où baigne l'inconscience

    Ma main s'est oubliée dans une autre caresse
    Mon sang nourrit un ogre au sourire incertain
    Mon âme est l'invitée d'un affable festin
    Je ne suis plus entier - qu'importe ! Quelle ivresse !

    Un soupir amical me borde la pensée
    T'aurais-je retrouvée, mon ombre nécessaire ?
    Mais, des ombres, j'en ai plus que des millénaires
    Ici, tant de soleils s'ingénient à briller

    Je vais me réveiller, dites, parcelles folles ?
    Je ne vais pas rester dans cet universel !
    Je voudrais retrouver mes matinales selles
    Je veux pouvoir mourir près de toi, mon école !

    J'aurai bientôt fini d'évacuer ma substance
    En ai eu connaissance, et cela me suffit
    Il m'en restera bien quelque chose à l'esprit
    quand j'aurai recouvré, Vie ! mon inconsistance

    Mais ne t'en dirai rien, ma probable douleur
    Tant il est vrai qu'on n'est jamais sur cette terre
    mortelle et sans espoir, qu'un rêve solitaire
    se couvrant du sursis de ta brève chaleur

    Amour,
    dont le mystère entier est à l'œuvre, toujours.

    Fruta prohibida

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    voir aussi chez Manuel Álvarez Bravo

  • La passion, la paresse et l'art

    Dormir,
    dans le chagrin du vent
    avec, du roi Léo, la palme de crin blanc
    flottant à l'hémistiche
    où la terre et le ciel de l'un l'autre s'entichent
    et baisent goulûment
    leurs lèvres détrempées
    Dormir sans s'inquiéter
    qu'approchent, pas à pas
    d'autres et cætera - ils passeront leur tour !
    Dormir après l'amour qui nous a dévasté
    l'esprit, le sang, la chair et leur tendre pourtour
    le ventre dans la main
    imprégnés du parfum qui monte, en fumerolles
    du sol

    Dormir,
    dans les hautes largesses
    d'un très ancien ami
    sous le mouvant tamis de sa robe sauvage
    accueillant nos paresses
    il se dit une messe à l'aube de la vie
    un frétillant hommage
    une douce homélie roulant sous ton corsage
    aux pans rouges, froissés
    aux pans déboutonnés
    encadrant mon visage et ta ronde chaleur
    délivrant ta pâleur, engourdie, rassasiée
    à la complicité d'un monde sans orgueil
    pour la félicité
    de l’œil

    Dormir,
    dans la roue du chariot
    transportant l'écheveau de la dernière Parque
    vers son prochain monarque
    - le pauvre, il a bon dos !
    sans rien perdre du fil, subtil, qui fut le nôtre
    tandis que tout se vautre et pourrit en silence
    dans ce qui fut le corps de notre jouissance
    et qui cède sa marque
    - à de tristes julots ? pour un sabot (ferré !) ?
    Dormir, désemparé
    - c'est-à-dire, sublime !
    Dormir, dans l'inconnue folie d'un évident regard
    dévidant sa bobine, allégorique, intime
    pour l'art

     

    poésie,polétique,dormeur du val,de grâce !,manifeste

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#166

    Illustration : georges Jeanclos
    voir sur "Peuple de papier"

  • souleiado

    Pour qu'un plus franc soleil darde sa chevelure
    sur un ciel engourdi par un trop lourd sommeil
    je pousserai mon cri jusqu'à ta devanture
    le vent le portera par les haies et les treilles
    Terre seule
    sous le regard meurtri de ta pâle filleule

    Et les champs bien rangés se couvriront d'or pur
    alignant des allées aux ventres plantureux
    qu'à la fin de l'été, une poussière dure
    étourdira, nuée brouillant tout sous nos yeux

    Les chemins rassurés, à la trace vibrante
    conduiront vers des feux consumés nos labeurs
    L'atmosphère avinée portera nos clameurs
    vers l'autel mutilé des fois déliquescentes
    Vides ciels !
    qui n'avez que nos yeux pour vous croire immortels

    Un fleuve écoule ici de bien meilleurs auspices
    D'où qu'il vienne, où il va, c'est encore à la source
    Les chevaux qu'il charrie escortent la Grande Ourse
    quand, à leur crin moussu, nos paumes se nourrissent

    Juge-nous cavaliers, paysans, citadins
    à nos regards usés, nos carnes singulières
    Soleil inamovible aux voraces festins
    tu n'es jamais, sans nous, que récurrent mystère
    dans les nues
    si nous disparaissons, nul ne te connaît plus !

    solaire
    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Le monde, tôt ou tard

    Tirant sur les arceaux actionnant des poulies
    d'une machinerie matinale et sans Eve
    s'écartent les rideaux sur un jour pâle et gris
    s'enclenche ma partie; quotidien, je me lève

    L'horloge a bien tourné, elle arbore un sourire
    quand je l'ai vue partir, la veille, se coucher
    l'âme toute fâchée, grognant son déplaisir
    quoi que j'aie pu lui dire ou vinsse l'embrasser

    Constatant le boulot qu'il faut encore abattre
    de "cartouches de plâtre" annote mon carnet
    Puis, je vais claironner sur des flaques saumâtres
    l'amorce d'un théâtre et sa fatalité

    J'arrive à Bonne Enseigne avec le nez qui coule
    J'enlève ma cagoule et, ce livre à la main
    (dont je sais le refrain, l'odeur, qui me chamboulent)
    j'en récite à la foule une once de chagrin

    Avant de s'y asseoir et de s'y restaurer
    j'hésite, que dresser : la table ou l'abreuvoir ?
    Déjà, dans le couloir, meuglent des affamés
    Ils vont tout saboter de ce bon réfectoire...

    Une cloche a sonné... Chaos : esprits, oreilles !
    Collégial appareil, où t'en vas-tu sombrer ?
    Un monde, tôt ou tard, exige des merveilles
    Solitaire, l'abeille à son tambour inné ?

    Je traverse le pont, dessous, flottent les ans
    Y laisse mon content d'âges sans redditions
    Quelques jeunesses font - mystérieusement !
    par applaudissements fête à ce lent plongeon

    En nageant sur le dos, j'ai regagné mon lit
    L'horloge me sourit et tintent les arceaux
    Je ferme les rideaux sur l'impudique nuit
    où ton rêve sévit - oui, je me couche tôt !

    autre chose que le monde

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#162