J'ai croqué, en chemin, le fruit de la lumière
Le temps de digérer, je suis né mille fois
J'ai regardé partout, je n'étais plus chez moi
Sous mes pas, j'entendais comme gronde la terre
Je n'étais plus chez moi, j'habitais tout le monde
Son chaos m'arbitrait, sans faire le ménage
Je devais balayer, rattrapant mon courage
astres et météores, des montagnes, des ondes...
Sinon, comment poursuivre - et, d'ailleurs, aucun but !
Comment te retrouver, molécule partiale ?
Le temps se comprimait dans un œuf sidéral
La distance n'était que le chant d'une flûte
Le sol se jouait de moi, à gorge déployée
Son rire m'enivrait comme un nom fraternel
J'ai cru te retrouver dans une ritournelle
mon égale agonie, mais je me suis trompé
Je ne suis qu'empathie, rêverie, chromosome
unitaire et complet, dans un verbe fragile
Ce que j'ai su du sort se révèle inutile
et futile ce nom que me donnaient les hommes
Je chante avec la pierre et la luminescence
J'embrasse les pieds nus d'une comète froide
La peur est, sans objet, une girouette roide
Le bonheur est un jus où baigne l'inconscience
Ma main s'est oubliée dans une autre caresse
Mon sang nourrit un ogre au sourire incertain
Mon âme est l'invitée d'un affable festin
Je ne suis plus entier - qu'importe ! Quelle ivresse !
Un soupir amical me borde la pensée
T'aurais-je retrouvée, mon ombre nécessaire ?
Mais, des ombres, j'en ai plus que des millénaires
Ici, tant de soleils s'ingénient à briller
Je vais me réveiller, dites, parcelles folles ?
Je ne vais pas rester dans cet universel !
Je voudrais retrouver mes matinales selles
Je veux pouvoir mourir près de toi, mon école !
J'aurai bientôt fini d'évacuer ma substance
En ai eu connaissance, et cela me suffit
Il m'en restera bien quelque chose à l'esprit
quand j'aurai recouvré, Vie ! mon inconsistance
Mais ne t'en dirai rien, ma probable douleur
Tant il est vrai qu'on n'est jamais sur cette terre
mortelle et sans espoir, qu'un rêve solitaire
se couvrant du sursis de ta brève chaleur
Amour,
dont le mystère entier est à l'œuvre, toujours.
tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
voir aussi chez Manuel Álvarez Bravo