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manifeste - Page 4

  • Adam et les fourmis

    fourmiTotalité mineure, un caillou sous nos pieds
    va sa révolution tranquille et orbitale
    Que je m'y penche un peu et je m'y fais du mal
    aussi des pieds de nez
    puisant au poudrier de mon sentimental
    de quoi me faire un masque en suivant mon sentier

    Parlant de nez, dessous passe un rang de fourmis
    Vous l'ai-je déjà dit ? Je suis un rien rêveur
    parmi les Petits Riens qui me laissent songeur
    et m'offrent l'aujourd'hui
    comme l'aveugle aimant souffre un bouquet de fleurs
    pour avoir l'intuition des couleurs de la vie

    ANTS2A.JPGNon, sans blague !
    L'infiniment petit (qui passe sous mon nez)
    ne sait pas l'aujourd'hui, n'a pas l'humilité
    nécessaire
    qui faisait conclusion chez Candide (Voltaire)
    et nous offrait d'aller cultiver nos jardins
    plutôt que s'occuper du sort... des fourmis, tiens !
    Mais voilà, c'est ma dague !
    et me l'enfonce au cœur comme une peine vague

    Eh, salut météore !
    Je t'aurais reconnu d'entre les mille morts
    que me souhaite
    (quand, c'est vrai, j'ai trop bu et n'ai plus "…tout' ma tête…")
    Le monde est fou, ici...
    Débouchons un Lewis à nos vices transis !
    Hurlons !... Quoi ? Je suis seul ?
    Eh bien, je prends le vide du ciel pour linceul

    ants_arrow.jpg

    Mais... (j'ai une question) qui fait des ricochets ?
    Qui jette des cailloux dans la nuit étoilée
    Qui prend pour une bille
    cette péréquation de matière, de vrille
    et de songe habitée ?
    De là qu'il nous fallait nommer le monde : chance !
    espoir ! destination ! carrière d'importance !
    ou nous asseoir dessus
    écoutant les fourmis nous grignoter le cul

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    Bien le bon jour, ma Dame...
    Si j'en crois votre port, vous logez haut votre âme
    (par contre le tétin...
     n'est plus de ceux qu'un monde abouche pour sa faim)
    Ô Nuptiale
    Vous ai-je déclamé tout mon être ? Partiale !
    Comme vous, déclinais
    sans frémir et terrestre, avec mon vin mauvais
    bouchonné à la diable
    à picorer mes miettes du doigt sur la table
    et vous le rendant bien
    au passage
    ce regard de dédain sous votre maquillage
    - mais seul, et pour moi-même
      ne sachant plus à qui donner du « je vous aime »
    quand soudain m'avisai que j'avais ce caillou
    là, juste sous mes pieds
    J'y tombai à genoux, l'emphase sidérée
    affranchi d'habituelles arguties (d'errer,
    quoi… d'aller voir
    et de me raconter en fantasques histoires)
    Ce sera tout ? Bonsoir !

    ants3x.jpg

    Un caillou après l'autre, je sais
    ça nous conduit toujours devant l'Ogre, Poucet

    Ris, cochon ! Vaste blague !
    Pas restée bien longtemps à son fourreau, la dague

    Que me serve
    d'aller chercher des pouls au cheveu de Minerve
    et me visse
    à ce foutu caillou le piquant de mes vices
    (femme, vin, cigarette, écriture...
     pas d'quoi fouetter un chien, mais quelques aventures)
    le cocasse
    qui me fait préférer La Vie est dégueulasse
    à Victor
    et me pousse à quérir quelques sous d'hellébore
    pour mon thé sous le ciel
    en me remémorant toute, ma ritournelle

    Adieu, Dames, fourmis, mystères intrinsèques
    J'envoie d'un coup de nez ce caillou chez les Grecs !
    Et pif !
    juge que je n'en ai pas moins contemplatif
    le Verbe
    (tant que Qui-Vous-Savez file son train dans l'herbe)

    Totalité mineure
    que n’ai-je ce caillou à la place du cœur !

     

    ants_blam.jpg

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
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  • miroiteries controversées

    comète

    Pour nourrir mon esprit, je songe à des ripailles1
    fêtes de ciels charnus gavés de corps célestes
    qu'animerait mon âme, où mes rêves en reste
    auront imaginé de replètes pagailles

    J'y vois la muse aveugle inspirer l'imbécile
    et la douleur se tordre de félicité
    Le chaos s'ordonnant des spontanéités
    exigerait que tout se libère avec style

    Au kiosque regarni de torsades et voiles
    se joueront en échos les orgues diatoniques
    au bourdon rédempteur des modes pathétiques
    prisés de trop courues substanticides moelles

    Y flotteront aux sons cuivrés de vent sans terre
    les oripeaux légers de ludiques écoles
    où le savoir aurait le goût du Pomerol
    et le prix mérité la métrique des vers

    Le féminin égal aux mâles prétentions
    n'aura plus à choisir entre matrice et sens
    mais à juger comment lier nature et puissance
    comète swordpar souci de justice autant que par passion

    Et la Guerre de Troie sera bien la dernière2
    de quoi faire l'éloge auprès des âmes neuves
    que des mythes anciens leur conscience s'abreuve
    au récit magnifiant les grandeurs éphémères

    Que l'ultime combat soit encore la paix
    de mourir à l'endroit où il a fait bon vivre
    partageant le miroir d'un seul et même livre :
    l'Autre, ni dieu ni maître, et qui nous ressemblait

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Lagarde et Michard1. Relevez, tels qu'annoncés par le premier quatrain, les effets de miroirs déclinés dans les strophes suivantes.
    2. A la lumière de ce vers, expliquez les ressorts classiques de la structure d'ensemble.
    3. A quel vers de quel fameux poème de Jules Laforgue (très prisé par l'auteur) la construction en miroirs de ce poème fait-elle référence ?
    4. Que révèle l'ajout d'un tel exercice à cette publication ?

    [merci de ne pas prendre cette facétie trop au sérieux ;P ]

  • allégations fluviales

    fleuve

    Fleuve, mon fleuve où tout se noie
    arbres, lunes, ciels - mais sans moi !
    t'ai-je dit que ta pente est douce
    et, comme s'y mirent les mousses
    qu'à mon heure, j'y plonge aussi
    mon trop-plein de langueurs aux pleurs inassouvis ?

    Fleuve, mon fleuve de patience
    où se charrient de nos romances
    le sang des pactes avortés
    les sourires désabusés
    le fer blanc des cœurs que convoitent
    les navrants socs de nos breloques d'ouvre-boîte

    Quand je confie à ta livrée
    le flot tari de mes pensées
    mon esprit prend les coloris
    mouvants de ton cours assagi
    par quelque force inéluctable
    au langage oublié de moi et mes semblables

    Être saule et te caresser
    cygne et nager dans tes reflets
    ragondin pour fouiller tes berges
    vent pour jouer à ployer tes verges...
    Ma conscience te suffit-elle
    à t'écouler vers ton baiser d'or et de sel ?

    Fleuve, mon fleuve au lent passage
    aux antédiluviens hommages
    glissant sous les arches des ponts
    comme frappés d'inanition
    dis-moi juste à quelle heure on dîne
    que je lave mes mains aux larmes de la bruine

    Quand tu chopes la chair de poule
    à la surface de ta houle
    c'est sous l'effet d'une risée
    où la saison vient s'annoncer
    que les seuls oiseaux savent lire
    et que dévoie le trouble émoi de mon délire

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • ornières

    pas,pieds,géant,tiniak,manifeste

    Souvent, je me prends pour cet être que je suis
    cet être à ciel ouvert arpentant les endroits
    d'un monde où la raison régie par d'autres lois
    fait lumière d'étrange et nourrit celui-ci

    Je marche dans les pas de géants méconnus
    Les yeux plus grands que le centre de l'univers
    les mains battant le ciel comme on chahute un frère
    je tombe à chaque trace aux rives décousues

    Mes rimes embrassées, je vais, la bouche sèche
    et recomptant mes pieds à chaque nouveau pas
    (j'en ai deux à l'arrêt; un seul touche du plat
     la terre où l'autre cherche à se faire une crèche)

    Je vois dans chaque trace un puits dans le désert
    mais je mange du sable, de la boue, du feu
    avant d'en mesurer le sage, le précieux
    à verser pour ma gourde et me lier ces matières

    J'étais hier encore au creux d'un pas immense
    à danser comme un fou dans mon rire affamé
    Je ne pus me sortir de ses parois laquées
    sans le mage concours des fées nues de l'enfance

    Un soir que je longeais la lèvre d'une faille
    les chansons et les bruits montant du défilé
    avaient cette harmonie que les pluies de l'été
    savent tirer des sols ivres de retrouvailles

    Peut-être l'avant-veille, au bord d'une aube bise
    j'avais trempé les mains dans des reflets joueurs
    Ils se couraient après - promesses de chaleur
    faisant progresser l'or parmi les ombres grises

    Je suis tombé de haut dans de fines empreintes
    tombé de tout mon long dans de vieux marigots
    tombé sur mes genoux tombés dans le panneau
    pour tomber de fatigue au chevet d'une plainte

    (aussi, je prends le goût des choses périssables
     pour tomber amoureux d'elles à tout instant
     qu'il nous est donné d'échanger un air aimable
     en croisant mes lacets dans leurs pas de géant)

    Et je vais par ici, par là, où long me semble
    être d'éternité le premier étalon
    J'irai dans leurs "allez !", j'irai dans leurs "valons !"
    mon regard de Poucet sur sa branche qui tremble

    Alors j'aurai couru de familiers enfers
    donné un coup d'épaule au rocher de Sisyphe
    applaudi l'opéra d'ombrageux incisifs
    formé le rigodon des sanglots de la terre

    Quand j'en aurai tout bu des litrons z'et des pots
    ronflerai dans des paumes pantagruéliques
    entendrai des lapins hoqueter "hic ! mes triques..."
    et des rhinocéros exiger le huis clos

    Pour une ultime fois, répondant à l'appel
    de trompettes enjouées, de guitares marines
    j'irai piquer du nez dans quelque autre ravine
    au moment opportun... selon ma ritournelle...


    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    "...orne hier " pour un Impromptu Littéraire - tiki#122

  • joyeux noème

    thierry hoyau

    Étire-moi la vue jusqu’à ce point précis
    qui réfute l'ennui et propage l'essence

    À ce point d’évidence où les bruits et les murs
    égalent de l'azur la sereine clarté

    Même les yeux fermés, accuser du regard
    le prochain avatar d'un songe aventureux

    Absurde et lumineux, dans cette contention
    qui porte la raison à vibrer comme un rire

    Au moment d'aboutir et de t'apercevoir
    je ne veux rien savoir que le bonheur d'y être

    À l’endroit de te reconnaître

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : Thierry Hoyau, Penseur - 2010