écriture
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Ô Mage
Mon précieux verbe, folle épuretoujours en herbe verte et sûremâchouillé tel un vieux chouin'gommel'or logé au cœur de ta pommeaprès le croquant de l'écorcedes bois du bon roi Bouche-Torsea le bouquet de mille gerbesaussi l'emphase crue des plaidoyers acerbesA de trop braillardes cohorteston murmure claque la porteet de trop frustes homéliesenflent les orgues dans ton cribattant rappelde la pensée au simple bruit accidentelGouleyant fruit tombé à pointà l'issue d'un songe indéciston ouverture me ravitce que j'y engageais de mienpour l'offrir en partage, alorsavec l'Inattendu qui l'accueille au-dehorset le triturele modèle a sa joie ou sa déconfitureIlot nourri de sédimentscoiffé des Quatre Hurlementsle col ceint de mouvantes ondesagrégeant les plaintes du monde(selon : chant, aria, comptines)en de compactes médecineset pour seule accréditationles frontispicesqu'il te plaît de cacher dans quelques intersticesEponymie contradictoireétirant l'orange des soirsjusqu'au liseret frémissantdes parures de firmamentje te promène et tu me nommesen bouche, le même chouin'gommechaque sens connu aux aguetspour le plaisir que c'est d'en dire davantageforçant le traiten feignant de tourner la page -
Litanie d'un personnage de fiction
Je ne lirai plus
puisque tout est dit
puisque j'ai tout lu
comme tu m'écris
comme tu décris
de moi, de la vie
tout ce qui se fit
que j'aurai vécu
je ne connais plus
de mots indécis
et n'ai nulle envie
que tu n'aies voulue
ainsi de l'ennui
ce moment perdu
il en sera dit
que je m'y suis plu
je n'ai pas de cri
devant l'imprévu
qui m'est inconnu
comme l'interdit
ainsi va la vie
qui me tire à vue
et sa mise à nu
qui m'est dévoluetiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
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Aracna (2)
interprétant librement les illustrations de la dessinatrice Nephyla, je me suis proposé, avec son autorisation, d'extrapoler quelque nouvelle fantastique, inspirée par son graphisme expressif.
EN RESUME :
Akitin, le Colporteur a découvert la petite et mystérieuse Aracna, flottant sur l'eau entre les bras d'un arbre mort. Ayant confié la jeune enfant aux soins de la famille du docteur Grescar, Akitin la retrouve chez eux quelques mois plus tard, à l'occasion d'une réception comme le couple aime en donner fréquemment en priant le Colporteur de les animer de contes et de chants. Les visites d'Akitin, sont toujours une fête pour l'enfant secrète.
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LI GÜRLN
" Sliur Akitin, vous nous voyez très honorés de votre présence. prenez donc la peine d’ôter votre cape. Anna, vous serez gentille de débarrasser Sliur Akitin, je vous prie, m’accueillit Madame Grescar, femme accorte et enjouée, mais maîtresse femme tout de même - de celles qui imposent respect et bon aloi dans leur domaine. "
Quand je pénétrai dans le salon, j’en appréciai l’ambiance feutrée, le raffinement discret du mobilier offrant un écrin des plus appropriés pour les œuvres de maître et les tentures qui habillaient les murs.
" Ah, je constate avec bonheur que vous avez apporté votre plus bel instrument, s’extasia avec une emphase exagérée le docteur. Passons vite à table, voulez-vous mes amis ? Nous n’en jouirons que plus tôt des savantes mélopées de Sliur Akitin. "
Les convives, dont je connaissais la plupart, me gratifièrent de grommellements circonspects.
J’étais en effet régulièrement sollicité par le couple Grescar aux fins d’agrémenter leurs soirées mondaines ou privées avec une série de liaars encadrant quelques vieux contes. Pendant qu’ici et là les gorges achevaient de se soigner en sirotant leurs douceurs liquoreuses, j’extirpai mon nissarne de sa gangue pour le présenter à la curiosité bonhomme du docteur. Il s’en saisit, actionna la manivelle et pinça quelques cordes.
" - Magnifique, tout simplement magnifique ! me dit-il avec, dans le regard, la brillance d’une joie enfantine.
- Madame est servie, annonça Freddele, le vieux majordome qui me semblait toujours avoir été conçu avec les plus anciens fondements de la bâtisse.
On se dirigeait vers la salle à manger.
Une femme s’effaça pour me laisser passer. Dans mon dos, je l’entendis murmurer à son époux "…c’est lui qui a… " (découvert la petite, oui oui).
Nous fîmes bonne chère, cela va sans dire.
Peu avant le dessert, on ne manqua pas de m'entreprendre pour narrer dans quelles circonstances j'étais venu en aide à la petite Anna. J'y répondis volontiers, d'autant que cela me permit de jauger mon auditoire et de juger de l'effet de ma voix sur cette bonne assemblée.Vint l'heure du conte.
◊◊◊
Je vous parle d'un temps où le rêve des hommes leur parlait d'eux-mêmes depuis le mont Darn.
En ce temps qui subsite malgré nous au plus fort de l'oubli, vivait Li Gürln.
Princesse de la lignée des Sorgh, fille unique dont le père Nahian venait de sacrifier sa vie au cours de la fabuleuse bataille de Kaarn'an-Darn, Li Gürln serait bientôt appelée à régner sur les peuples de la vallée du Kaarn. Il ne lui manquait, pour succéder à son père, que de trouver le chant qui plairait à son peuple.
Les rives du fleuve Kaarn avaient bu tout le sang versé sur la plaine. Les crânes des vaincus ornaient les pics le long des berges à nouveau giboyeuses et l'étendard en berne de Nahian flottait depuis trois révolutions aux flancs du mont Darn en sommeil.
Bien des voix s'étaient succédées, venues de tous les horizons connus, clamer leurs mélopées sous le Daarnem. Chaque soir, chaque matin, Li Gürln y accueillait les prétendants, chaque fois entourée de nouveaux membres de son clan. Jeunes ou vieux, mâles ou femelles, tous la secondaient dans son choix. Mais Li Gürln savait une chose : le chant qui plairait à son peuple sera celui qui la fera vibrer elle-même.◊◊◊
tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK -#340-3
proposition inspirée par une illustration originale de Nephyla
(toubi continioude...) -
dits de chute
à Toncrate, pour une part ; à Tisseuse et Cacoune, pour beaucoup ; à Lily, aussi, Mon Petit Ailleurs ; à celles et à ceux qui, des failles, roulent les yeux, fument la paille...
chat, non
je ne suis pas chat
quand je tombe
je me casse la gueuleje ne suis pas un chat,
moije ne suis pas un chamois
en montagne
j'ai le vertige
je tiens à peine sur mes tigesje ne suis pas chamois,
quoichamois, non pas
boum
patatras◊◊◊
c'est quoi le fond, au fond ?
◊◊◊
chute!
c'est le choir, brut.◊◊◊
sauter en parachute
gavé, le rêve !mais la nuit est trop brève
un matin l'exécute
et sur le sol s'écoule un rêve inachevé
qui ne l'aura pas volée◊◊◊
- T'as rien de mieux à faire
que te rouler par terre ?- Si, mais j'ai pas d'elle
◊◊◊
au fond de l'entonnoir
un corps étanger
il fait bouchon
il est coincé.exhalaison
venue du fond
des parfums de vin d'épices
viennent lui picoter les cuisses.il porte son regard
vers le bord évasé.un renversement de la situation
me serait salutaire, pense-t-il.un oeil ? une narine ?
... font leur apparition
au sommet de l'ustensile.ah, c'est bouché, dit-on.
l'étranger reprend espoir
et fait déjà meilleure mine à voir.quand soudain, la question :
que vaut-il mieux au fond ?
que pour de bon
j'aille jusqu'au tréfond
me noyer enivré de délices ?ou tourbillon
vriller vers le plafond
si tant est que jamais j'en finisse ?la question le met au supplice
bien moins que la solution qui s'immisce
à la pointe du tire-bouchon.◊◊◊
falaise vue d'en bas
écho des échos
le monde sur moi
qui me tiens, les bras en croix
debout, face à la paroimais qu'alors je me retourne
et j'obtiens du destin une autre ristournefalaise vue d'en haut
ma vie sur le dos
et l'onde à mes pieds
l'invisible à embrasser
à genou devant la baiemais qu'alors je me retourne
et j'obtiens du monde une autre ristourne◊◊◊
attends-moi, la main
à bras! à bras!
attends-moi là, vie qui vala vie qui s'en vient
la vie qui s'en va
la vie qui ne s'arrête pastant pis, allez
j'aime mieux tomber
et tomber encore et encoreet tomber tomber
et tomber encore
tomber dans tes bras corridoramoureusement mise à mort
◊◊◊
pour dix de chute,
c'est excessif
garde ton calebute,
range ton canif- quand gourou fâché, lui toujours faire un slip! -
◊◊◊
- Pierre tombe, Al !
- et alors! 'fallait pas pousser non plus !(voyons ce que là-contre Pétri fit)
- comment ça, au ciel ? il est même pas mort !
- ah ça nan, mais qu'il a eu chaud !
- tu veux dire qu'il a chu haut.◊◊◊
... mêmpômôl...
(dit la veste)tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
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mignonne est autre chose
merde rose !
je chie des boutons d'or
et dégueule en osmose un reliquat de flore
que l'infâme hellébore et l'idiot pissenlit
répandent en lisier sur mon bel aujourd'hui
et ça sent pas la rose, j'te l'dis !pute serge !
je t'en foutrais des fleurs
dansant la capucine au banquet des chasseurs
attendant à l'affût que viennent porter plainte
de pauvres petits culs défoncés à l'absinthe,
le nez dans les crocus !con d'iris !
mets l'ancolie au frais
ce triste bégonia que chérissait l'aïeule
n'aura jamais l'attrait des plis de ces glaïeuls
qu'on goûtait sous la meule à l'été finissant
à l'heure où le lin seul feule dans le couchant
et qu'on allait glaner au champ...mer de roses ? vaste blague !
couronne-la si tu l'oses, ma dague !mer de roses ? foutoir !
parle-moi donc de ta tulipe noire !mignonne, allons voir autre chose...
et viens-t'en ça, coquine
pisser dans la glycine.tiniak Le niak(ouèèè) © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
supplément au thème floral des Impromptus Littéraires,
ceci dit pour faire taire les malins qui m'auraient dit fénéant, noooon mais !