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°ruades° - Page 6

  • Sur la butte à Carco

    Passe au vent mollissant une rousse crinière

    Allure, qui te presse ?
    Urgente, l'aventure ?
    Quelque folle allégresse ?
    De plus obscurs desseins t'aspirant vers le vide ?
    Qui, pourquoi... ne retient un instant par la main
    ton unique pâleur couverte d'éphélides ?
    S'il en était besoin...

    La chaussure est là, seule et baille au caniveau

    Triste objet singulier
    Flasque peau de chagrin
    Gis-tu là, délaissée ?
    Affranchie d'une gémellité trop pesante
    as-tu pris ce parti de façon volontaire ?
    Pour changer de sujet ? de lacet ? de détente ?
    D'une, je n'ai que faire...

    Diffus un lampadaire éclaire le pavé

    Montres-tu le chemin ?
    Et lequel, après tout :
    à rebours ou destin ?
    À quoi joue le brouillard folâtrant à tes jupes ?
    À masquer l'embusquée sous son trouble manteau
    que je saigne mon sang à son contrat de dupes ?
    Que n'ai-je de stylo...

    Arrête, mon cerveau
    Taisez-vous mes pensées
    Laissez-moi promener sur la butte à Carco
    mon petit chien mauvais parmi les saligauds !

     

    carné volé

    tiniak - Ruades © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#101

    (hommage à Francis Carco)

     

  • Le bal est sur le pont

    A. Renoir

    J'étais encore à frissonner au mieux ma nuit canine
    quelque part entre chien et loup
    le rideau s'est levé d'un coup
    et la pénombre de profonde eut soudain grise mine

    L'aube opéra dans les aigus son timbre d'ouverture
    ça pépiait dur dans les sous-bois
    la terre avait le ventre froid
    le cours du fleuve en mollirait peu à peu les gerçures

    Un théâtre de figurants investit le spectacle
    (on n'en était qu'à l'Acte I
     au début de la scène 1)
    des têtes nues s'acheminaient négocier leur miracle

    Des bras, des roues, d'un vieux la toux, du vent crispant les formes
    vinrent orchestrer sur le pont
    l'ordre d'un bal de promotion
    où se lisaient désabusés les canons de la norme

    À peine, je faisais de l'ombre à cette mise en scène
    droit comme l'est à l'encrier
    le porte-plume en peuplier
    toisant quelques brouillons noircis de rages incertaines

    J'en étais à renoncer à toute action mécanique
    l'argumentaire dévolu
    au détachement résolu
    quand une voix d'enfant précipita ma rhétorique

    " Il a quoi, le monsieur, papa ? Il connaît plus sa route ?
      Il ne peut pas rentrer chez lui ?
      Il s'est perdu pendant la nuit ?
      Tu crois qu'il a besoin que je lui donne mon cass'-croûte ?"

    Je me suis fendu d'un clin d'œil et d'un simple sourire
    adressai un air entendu
    à ce dévouement ingénu
    que deux jambes frêles portaient ailleurs apprendre à lire

     

    Su'l' pont du nord un bal y est donné

    tiniak - Ruades © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    illustration d'en-tête : dessin d'Auguste Renoir.

     

    Lien permanent Catégories : °ruades° 1 commentaire
  • mécanique ? huis l'est !

    rouages.jpgEn mode automatique
    le Roi de la Bernique
    rentre les pieds au chaud
    sac à vin sur le dos
    à la main une canne
    affectant un air crâne
    le front ceint d'un chapeau
    vogue sur un vers d'O.
    dans la gorge, ce cri sauvage :
    « À cul, l'hypocrisie ! J'en rage »
    mais il chante :
    « À moi ! À moi, orgues atlantes !
      Je signe sur le fleuve
      les alarmes pour preuve
      que le monde réel
      se saoule de sempiternel
      quand la vérité sourd
      de bien improbables amours »
      se faisant, jette à l'eau
      une poignée de sable
      s'assied, puis s'interroge
      en termes plus aimables...

    Où est le temps de rire ?
    Quel est le sang des pleurs ?
    Et comment se le dire
    sans heurts ?
    L'océan vient buter sur les rochers hors d'âge
    (et personne jamais pour en faire un fromage)
    Les mouettes s'en amusent
    Les moules s'y agrègent
    et de sirènes muses les arpèges
    y ricochent
    mais des majorités d'arguer de l'Allons Donc
    de juger « c'est abscons,
    imbécile, fantoche, obscur à la raison »
    préférant leurs tiroirs
    où ranger, séparés, le paraître et l'avoir
    le duvet marital
    et certaine idée préconçue
    du bon, du vrai, du mal
    et du Bien Entendu

    « En matière de ritournelle,
      c'est la paille et la poutre !
    s'échauffe le J'en Foutre,
      à vous statufier des Cybèle
      pour leur coller des queues de loutre !
      Allez y démêler l'outrage...
      J'ai mieux à faire ; en outre,
      m'attend au coin quelque carnage
    - des plus précieux, et d'importance !
      de ceux que nous offrent la danse
      à sa façon, millimétrée,
      d'être à l'art de tout dépenser »

    Mais la plus sotte mécanique
    observant sa propre métrique
    parvient toujours à ce palier
    quand le verbe et le pas s'arrêtent
    sur le seuil où, finie la fête
    la tête lourde dodeline
    la gouaille range sa cuisine
    et la main va tourner la clé
    des habitudes retrouvées.

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#99
     

  • saloir

     

    SALOIR

    Un œil à la cave
    où la viande fume
    quand l'autre suave
    au coin de l'enclume
    (pas de troisième à défaut ?)
    j'attends la leçon
    les mains dans le dos

    À regard chiffon
    vaporeux miroir
    Force à la raison
    l'essuyer, c'est voir
    au tréfonds d'un noir oubli
    les fragments de runes
    logés dans ses plis

    Ronge à la maison
    ton petit tamis

    La poussière vient
    gratter à la porte
    (promener le chien
     pressé qu'on le sorte ?)
    Je dénonce un pieux serment
    et, pour son tanin
    sucre du vin blanc

    Une goutte d'or
    a séché sans bruire
    la peau du décor
    à n'en plus finir
    écharpe le cuir du jour
    où viennent pourrir
    les vaines amours

    Range à la maison
    ton petit ami

    Fermé le placard
    sur les draps de l'Un
    de l'Une les fards
    et leur lot commun
    le regard se porte ailleurs
    et darde à l'aveugle
    un autre vecteur

    Courbe et asymptote
    - l'ai-je déjà dit ?
    n’offrent pas la botte
    à l’œil inverti
    La cave où mijote un songe
    n'attend que la joie
    pour jeter l'éponge

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

  • trio à cinq branches

    Tout doux, RayAllons, monsieur
    Madame
    Entendre, toucher, voir

    - Et rameuter l'histoire ? Ah non, pardon... merci
    - Toucher... oui, mais sentir ? on peut ? goûter aussi ?
    - Résolument... au passage...
    - En tirerons-nous pas tout de même avantage ?

    - C'est bon, je vous écoute
    - Oui, nous sommes toute ouïe, sans doute
    - Résolument ?
    - Pour sûr !
    - Si je peux juste emprunter cette couverture ?

    Allons, monsieur
    Madame
    Entendre les refrains qui calmeront vos peurs

    Sur le tour, modelées, vos terrestres terreurs
    ne sont pas si profondes
    qu'elles puissent jamais porter comme les ondes
    toute l'intensité que le chant des baleines
    propage sous nos pieds, répondant aux sirènes
    sur le même livret qu'aux temps immatériels
    quand le potier régnait en son nom d'immortel

    - Ça sonne plutôt bien
    - Redites un peu, voir
    - Oublions ça, poursuivez, voulez-vous ?
    - Il a dit quoi déjà de ma peur du noir ?
    - Rien
    - Et après, on va où ?

    Allons, monsieur
    Madame
    Éprouver du toucher la naissance des flammes

    Caresser en retour les cuisses qui nous livrent
    qu'il en soit par amour ou besoin de survivre
    c'est d'y prêter douceur et force d'exister
    et de grandir un peu en sachant redonner
    du sensible
    plutôt que s'embraser pour les choses miscibles
    et geindre quand l'écuelle et trop froide ou sans sel
    vraiment pas consommable à l'aune de l'échelle
    de valeur
    qui prend pour étalon notre petit bonheur

    - Donc, nous serions des chiens !
    - Il a dit "écuelle"
    - Raccommodez-moi bien
    - Eussiez-vous curatelle... même, c'en serait trop !!

    Allons, monsieur
    Madame...
    Et si le temps était, pour nous, venu de voir ?

    Voir le temps comme il est (une valse éblouie)
    humblement résignés à n'y pas compter guère
    et s'attacher pourtant par le moindre viscère
    au croûton plantureux... y borderons nos lits
    jusqu'au jour
    où le drapé des nuits n'aura plus de contour

    - Ben... et cette Autre qui passe
      sous le coude, logé "La Vie est dégueulasse"
      et qui siffle des vins, âpres, régurgités
      qu'on les dirait cuvés depuis l'Antiquité !
    - Avec ça qu'elle à l'air de savoir où aller
      comme si notre terre était à nouveau plate
      et qu'il nous faille encore honorer ses pénates !
    - Ho ! Ho ! Figure
      ne sais-tu pas qu'au monde, il n'est plus d'aventure ?

    Allons, monsieur
    Madame...
    Être n'est pas donné qu'aux êtres pourvus d'âmes

    - Quoi d'autre alors, les pierres ?
    - Un caillou de Poucet vaut son lot de magie...
    - Eh, pas de ces antédiluviennes bactéries ?!
    - Sinon, quel ordre mammifère ?
    - Tout en a, je vous dis
    - Il délire
    - Ou elle est folle
    - Ne suis en vérité que pensée ou parole
    - Sans blague !
      (allons plutôt pêcher quelque raie pastenague)

    doudou, raie

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#98